Le site des Moulins de France
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L’année 2004 aura été fatale aux dernières structures de la Société Générale Meulière. Cette destruction d’un passé industriel prestigieux s’est réalisée dans l’indifférence générale et assurément avec l’accord tacite de la municipalité Fertoise. Silence total de la presse régionale et du bulletin municipal. Les promesses avancées lors du Colloque de l’année 2001 sont déjà oubliées. L’entreprise Gondard , successeur de la S.G.M. ayant cessé son activité, la vente a été proposée en plusieurs lots. Nous étions alors en droit d’avoir quelque espoir en une sauvegarde partielle ou totale du site. Malheureusement, maintenus dans l’ignorance au moment où nous nous y attendions le moins, se démasquaient deux acheteurs qui firent main basse sur l’ensemble de l’usine. La destruction fut rapidement menée, avec de gros moyens.

La S.G.M. était née dans la douleur, due à l’effondrement rapide d’une industrie qui semblait impérissable et qui frappa de stupeur et de panique les milieux meuliers fertois, patrons et ouvriers confondus. En effet, la percée des appareils à cylindres mis au point en Hongrie, se propageait rapidement. De nombreux fabricants européens s’employaient à conquérir un nouveau marché en proposant ce procédé révolutionnaire d’écrasement des céréales à l’aide de cylindres métalliques tournant à grande vitesse. La crise qui s’annonçait, due à la concentration des moyens de production en meunerie eut des répercussions considérables à La Ferté-sous-Jouarre. Messieurs Gilquin et Roger, éminents fabricants de meules comprirent très vite la gravité de la situation. Ils appelèrent les autres producteurs à s’associer afin de résister et de poursuivre la production des meules en une grande unité à créer avec en garantie (francs or) l’apport de chacun en capitaux et en carrières, la fusion des stocks de meules et carreaux, de l’outillage, des références clients en France et de par le monde.
Il est évident que ces bouleversements allaient entraîner bien des drames et bon nombre de personnes y perdirent leur emploi. Ne survécurent que deux entreprises : la Grande Société Meulière Dupety-Orsel, établie en 1753 et la Société Générale Meulière, nouvellement créée en 1881. Cette nouvelle usine, adossée à la colline du Bois de Barre, haut lieu d’exploitation des meulières (pierres à meules, pierres à bâtir) en était séparée par la ligne de chemin de fer de la Compagnie de l’Est; le rail permettant l’acheminement d’une grande partie des productions.

Les cylindres continuèrent leur progression, chassant les meules des moulins, dans une corporation en pleine crise d’identité, un bon nombre d’unités de production de farine fut contraint de s’effacer. Devant cette situation, les responsables de la S.G.M. décidèrent d’adjoindre à leur fabrication de meules un secteur mécanique ayant pour ambition de produire du matériel d’équipement pour les moulins de la nouvelle génération. C’est ainsi qu’en 1895, si la S.G.M. continue de proposer des meules aux meuniers, elle présente parallèlement une première génération d’appareils à cylindres. Un grand secteur mécanique a ainsi été mis en place au premier étage au dessus des ateliers des meuliers. En prenant le train en marche, elle doit affronter une situation difficile où la concurrence est vive et où les fabricants de cylindres sont nombreux. Elle réussit pourtant à se hisser parmi les Grands et à développer son emprise sur les marchés intérieur et international. Le secteur meules tient bon et adroitement contrôle les bassins de production de Beauce et de Dordogne. De nouveaux marchés sont profitables et les meules fertoises envahissent l’Europe Centrale et le pourtour du Bassin Méditerranéen. C’est ainsi que cette imposante maison devient un des fleurons de l’industrie meunière nationale, connue de tous les meuniers, appréciée pour la diversité des produits proposés.

Bientôt un parking pour autocars et des tennis couverts feront oublier une parcelle de mémoire prestigieuse, en un lieu où des générations d’ouvriers se sont succédés.
Longtemps encore, le sigle S.G.M., étroitement lié à l’histoire de la meunerie, rappellera que fut un temps, La Ferté aura été la capitale de la production des meules à moulins.

J. Beauvois

Paru dans le Mondes des Moulins n°11 de janvier 2005

Catégories : Vie des associations

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