C’est par une belle journée d’octobre que nous nous sommes retrouvés une trentaine de membres de l’ADAM 17 dans un superbe fond de vallée où se niche le Moulin de la Sourde.(Photo 1)
Photo 1. Photo Daniel Mazouin
Ce samedi 8 octobre, nos amis et membres de la première heure, Annie et Didier Bernard, nous avaient conviés au cerclage à chaud de leur roue horizontale en bois, ou roudet, roue que Didier venait de fabriquer. C’était une étape importante dans la résurrection de leur moulin. Partant d’une ruine pleine de charme, Annie et Didier s’étaient attelés à la tâche depuis de nombreuses années, remontant les murs, les toitures, ou consolidant le bief et les empellements.
Pour la fabrication de sa roue, Didier s’est beaucoup documenté et a parcouru de nombreux kilomètres, afin de rencontrer des propriétaires de roues identiques au modèle d’origine. Il a consulté des revues traitant des roudets en bois (Le Roudet – Moulin de Castel n°1 – 1995), car ce modèle de roue est peu répandu dans notre département.
Le Moulin de la Sourde se trouve à la limite de la Charente-Maritime et de la Gironde, au sud de notre département, où l’on trouve quelques roues horizontales, alors que dans le reste du département il n’y a que des roues verticales. Cette délimitation correspond aux langues d’oc et d’oïl. Y a-t-il un rapport ? Certains le prétendent, mais il faudrait qu’ils nous apportent les éléments ! Pour revenir à l’événement de notre journée, Didier, pour l’élaboration de sa roue, a d’abord effectué un croquis plan sur contreplaqué (Photo 2) où il a dessiné les 12 cuillères, les 12 chevilles et les 6 boulons. Puis il s’est lancé dans la fabrication d’un gabarit pour les cuillères et d’un gabarit pour les soutiens placés sous les cuillères afin de retenir l’eau. Il a dû créer des outils : emporte-pièce pour chevilles carrées de 40 cm (ancrage des chevilles), gabarit pour les cercles, et une matrice pour les rivets.
Photo 2. Photo Daniel Mazouin
Les cuillères sont en bois de vergne (aussi appelé aulne), provenant d’arbres coupés par Didier, et utilisé presque vert, et la partie centrale de la roue est en chêne. Les cercles ont été cintrés avec du fer de 6 mm d’épaisseur, les 6 boulons de 12 ont été placés entre les cuillères pour faciliter le démontage. La roue finie sera laissée dans l’eau jusqu’à son cerclage.
Après ces semaines d’efforts, la roue est prête à être cerclée.(Photo 3). Deux feux bien fournis en bois sont allumés à 10 h, un par cercle, les cercles disposés à l’intérieur sur des cales.
Photo 3. Photo Daniel Mazouin
À 12 h 30 les fers sont à bonne température, l’équipe est en place pour poser le premier cercle et la tension monte ! À l’aide de quatre pinces spéciales fabriquées par Jean-Michel, notre technicien, le premier fer est retiré du feu (Photo 4), positionné sur la roue et les marteleurs entrent en action (Photo 5) ; le cercle s’ajuste avec une précision horlogère, les arroseurs s’en donnent à cœur joie, et ce n’est qu’un nuage de vapeur (Photo 6). Après avoir retourné la roue (Photo 7), l’on procède à la pose du deuxième cercle.
Photo 4. Photo Daniel Mazouin
Photo 5. Photo Daniel Mazouin
Photo 6. Photo Daniel Mazouin
Photo 7. Photo Daniel Mazouin
Ce moment historique terminé, toute la joyeuse assemblée se retrouve pour un apéritif.
Notre président Eric Jullion félicite Annie et Didier pour tout le travail réalisé depuis tant d’années et pour leur engagement sans faille au service des moulins. Nous passons à table pour déguster un repas des plus copieux préparé par nos hôtes (Photo 8).
Photo 8. Photo Daniel Mazouin
Merci Annie et Didier, que de bons souvenirs nous évoque cette journée passée au Moulin de la Sourde ! Nous reviendrons pour la mise en route des meules. Une nouvelle étape a été franchie dans les travaux réalisés au sein des membres de l’ADAM 17.
Daniel Mazouin – Vice-président ADAM 17
Paru dans Le Monde des Moulins N°64 – avril 2018
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