Rencontres 2022 à Roche-la-Molière

Association Moleriae – Rencontres 2022 à Roche-la-Molière

Moleriae, une association loi 1901, de dimension européenne, a pour objectif de faire connaître une industrie méconnue : l’exploitation des carrières d’extraction de meules, outils incontournables pour la transformation du grain en denrée alimentaire de base dans un premier temps et cœur du moulin dans un deuxième temps. Pour ce faire, elle s’appuie sur les travaux des chercheurs, des archéologues, des géologues, des historiens, des associations locales, des municipalités. Moleriae est particulièrement soutenue par une adhérente de poids, la Fédération Des Moulins de France qui, depuis 2006, n’a jamais manqué une occasion pour aider cette association, la soutenir financièrement et assurer ainsi sa possibilité de rayonnement en Europe (Norvège, Grèce, Espagne).

Après Fosses en Val de l’Oise, Saint-Crépin-de-Richemont en Dordogne, Saint-Cyr-sur-Morin en Seine et Marne, Saint-Crépin à nouveau, cette année c’était au tour de la ville de Roche-la-Molière, près de Saint-Étienne dans la Loire, d’accueillir les rencontres annuelles de Moleriae, avec le soutien précieux de la municipalité et de son maire, Éric Berlivet, mais aussi le dévouement de l’association AmiProche, dont l’objectif est la conservation et la valorisation du patrimoine local sous la houlette de sa présidente, Mme Michèle Fontbonne.

Le déroulement des journées 2022, incluant l’Assemblée Générale annuelle, a été préparé en étroite collaboration avec Christian Ranchon, découvreur d’un nouveau complexe meulier, ignoré jusque-là à Roche-la-Molière. Christian Ranchon, adhérent de Moleriae, est membre du Groupe de Recherches Archéologiques de la Loire (GRAL) et responsable des opérations de prospection inventaire sur les carrières de meules de Roche-la-Molière soutenues par le Service Régional d’Archéologie de Rhône-Alpes- Auvergne (SRA).

Ces journées se sont déroulées dans le cadre du magnifique château de Roche-la-Molière, propriété de la ville, site qui accueille aujourd’hui l’Association AmiProche, char-gée d’animer l’espace mémoire. Elles se sont déroulées en alternant visites de terrain, tables rondes, restitutions des chercheurs et moment de convivialité autour de plats et verres de l’amitié aimablement servis par nos amis de l’AmiProche et la municipalité.

Malgré les grèves, la pénurie de carburant, une grande partie des invités étaient présents lors de l’ouverture de ces journées par l’Assemblée Générale qui a pu se tenir et délibérer normalement grâce au nombre de ses membres adhérents présents ou représentés.

Force est de reconnaître que l’association se porte bien et qu’elle commence à bien faire connaître le patrimoine qu’elle tente de mettre en lumière, patrimoine qui est au cœur des moulins, qui est le principal élément qui permet de moudre, broyer, pulvériser, aiguiser… Même s’il faut le reconnaître, les moulins et les meuniers constituent un terrain de recherches désormais bien banalisé qui donne lieu à une riche littérature, il n’en va pas de même pour les meules et leurs sites d’extraction, domaine qui reste la préoccupation d’une poignée d’archéologues dont les travaux restent dans le monde académique.

Les projets 2022/2023 ne manquent pas au sein de Moleriae, parmi lesquels nous espérons mener à bien :

• le chantier de traduction du livre de Margarita Vrettou-Souli, H Milopetra tis Milou. Apo tin exorixi stin emporiki a diakinisi (La meule de Milos, de l’extraction jusqu’au commerce). Athènes, 2002 (Béatrice Valentin) ;

• la présence de Moleriae, le 7 novembre 2022, à la soutenance de la thèse de doctorat en archéologie de Pierre Caussade, membre de Moleriae : Les Meules rotatives dans le Sud-Ouest de la Gaule de la fin du Second âge de fer à la fin de l’Antiquité, au sud de l’Aquitaine augustéenne et narbonnaise occidentale, sous la direction d’Alain Bouet,  professeur d’histoire et d’archéologie romaine à l’Université Bordeaux Montaigne ;

• un déplacement pour contact prévu sur les sites meuliers de l’Hermenault-Sérigné  dans le département de la Vendée en région Pays de la Loire (Daniel Mazouin) ;

• un voyage qui nous conduira vers Majorque et Minorque (en préparation par Timothy Anderson, archéologue, auteur d’une thèse : « Les carrières de meules du sud de la péninsule ibérique, de la protohistoire à l’époque moderne », et Joaquin Sanchez Navarro, géologue) ;

• et bien d’autres actions qui seront menées selon l’opportunité de nos rencontres.

L’ordre du jour de l’Assemblée Générale étant épuisé, adhérents et participants aux journées se sont retrouvés sur le site des Rieux sur le territoire de Roche-La-Molière guidés par Christian Ranchon et son équipe de prospecteurs.

Le lendemain débuta par une première communication de Pierre Habig (Géologue – Valorisation du patrimoine Saint-Étienne, Auvergne-Rhône-Alpes, France) : Présentation de la formation Meulière dans son contexte géologique (nature et épaisseur des bancs de grès « houiller », orientations géométriques, proximité locale des couches de charbons…).

Elle fut suivie d’une visite approfondie du site des Appends (alvéoles, tranchées de détourage, procédés d’extraction, dimensions et densités des alvéoles), questions sur la chronologie et l’interprétation fonctionnelle des diamètres des meules, localisation des ateliers de dégrossissage et de finition des meules extraites.  

L’après midi nous conduisit des travaux de Jacques Verrier, vice-président archéologie du G.R.A.L (relevé détaillé des alvéoles de la crête des Appends dans le contexte structural de l’affleurement des grès meuliers) à la présentation de divers ouvrages, en passant par l’intervention de Maurice Bedouin de l’Association GREMMOS, Groupe de Recherches et d’Études sur les Mémoires du Monde Ouvrier Stéphanois : « Qu’est ce que cela veut dire d’être mineur à Roche-la-Molière ? » 

La visite du château fut aussi un grand moment et nous remercions les membres de l’équipe d’AmiProche pour leur disponibilité et la qualité de leurs commentaires.

Pour terminer notre séjour, qui fut riche en échanges, rencontres et découvertes, nous sommes allés des méthodes d’étude du complexe meulier antique de la Marèze (Tarn), originalité d’un atelier de taille périphérique à proximité d’un embarquement des meules sur l’Aveyron (Christian Garcia), à l’introduction au Lidar aérien, une capacité nouvelle d’étude des complexes meuliers abordant les succès et difficultés du traitement géomatique des acquisitions lidar (Raphaël Rivaud), puis à la présentation de l’association accueillante « AmiProche » et de ses activités, pour terminer par la valorisation du patrimoine archéologique, en particulier meulier activité du G.R.A.L (Mireille Busseuil du G.R.A.L) et de l’Association des Meulières de Saint-Crépin-de-Richemont (Christian Scipion).

Moleriae remercie tous les partenaires de ces journées, Benoit Huot, secrétaire, pour ses relations suivies, pour l’organisation et le service avec Roche-la-Molière, et François Boyer, chef d’orchestre de ces superbes journées.

Crédit photos Moleriae

 

Dominique Charpentier, présidente de Moleriae