Une équipe a entamé la « vectorisation de Cassini », ce cartographe auquel Louis XV confia le soin de représenter le royaume. Un travail de dentellière qui permet de comprendre l’évolution des territoires.
Ils cliquent, cliquent, cliquent. Pendant des heures, ils longent les tracés des cours d’eau, les parsèment de petits points réguliers qui forment ensuite des lignes bleues. Sur certaines portions de l’écran, les courbes se ramifient comme le tracé des veines sous la peau.
Depuis 2013, une équipe de chercheurs s’attache à « vectoriser Cassini » : ils transforment une carte aquarellée de la France, vieille de plusieurs siècles, en une sorte d’OpenStreetMap, en redessinant tous les tracés à l’ordinateur, à l’aide de vecteurs (des segments de droite sur lesquels on clique). Ils n’en sont qu’au début.
Ils utilisent un logiciel open source, QGIS. Chaque centimètre du territoire devient une position géographique, chaque espace est défini.
A les écouter, ce travail de dentellière est addictif.
Le réseau routier
L’équipe a débuté par le réseau routier, vectorisé en moins d’un an. Ils ont aussi tracé les taches urbaines : de petites flaques rouges représentant les quelque 3 000 grandes villes que comptait la France du XVIIIe. Ils s’affairent maintenant aux moulins le long des fleuves et des rivières et commencent à vectoriser les chemins de couleur verte quadrillant les forêts…
Par Emilie Brouze, L’OBS
Paru dans le Monde des Moulins n°55 de janvier 2016
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