Le site des Moulins de France
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Bref historique

C’est en 1743, à Audruicq, que le charpentier Ingelbertus Martinus de Smyttère érigea le “tordoir” à huile qui est aujourd’hui à Villeneuve d’Ascq. Il sera vite transformé en moulin à farine pour être abandonné à la fin du XIXème siècle. En 1901 – 1902, Alphonse Gourdin rachète le moulin et le fait transporter par panneaux jusqu’à Offekerque. Lui succède Gérard, son fils, qui continue l’exploitation jusqu’en 1950. Laissé à l’abandon, le moulin est en piteux état lorsqu’en mars 1974 la famille Gourdin et les responsables de l’Association Régionale des Amis des Moulins signent l’acte de sauvegarde de l’édifice.

La renaissance

Le mécanisme enlevé, la cage est transportée à Villeneuve d’Ascq en novembre 1976. De 1977 à 1983, les travaux vont bon train. Après les fondations, réalisées sous forme de chantier de jeunes bénévoles comme une bonne partie du reste, la cage est restaurée puis posée sur son pivot. En 1982, les pilons sont installés avant la pose des ailes, le 10 décembre de la même année. L’inauguration du moulin a lieu le 26 juin 1983, date d’anniversaire des 10 ans de l’Association, mais ce n’est qu’en 1986 qu’il produit sa première huile, ce qui donne lieu à une nouvelle fête d’inauguration.

Le pivot, point faible du moulin

Lors de son acquisition, le moulin d’Offekerque était en très mauvais état. Sa restauration s’est étalée sur près de 10 ans avec des moyens financiers restreints. Le maximum de pièces anciennes a été conservé afin de garder son âme au moulin et de réduire les coûts. Aussi n’a-t-on pas jugé utile de remplacer le pivot ? Mais cette pièce maîtresse supporte le poids du moulin qui est très élevé, et bien qu’à l’abri des intempéries, son renouvellement s’avère néanmoins indispensable si l’on veut assurer la survie de ce moulin unique. En effet, le pivot du moulin des Olieux a une section assez faible (75 cm de carré à la base et 50 cm de diamètre au sommet), et comporte des mauvais noeuds au centre, là où se trouve le point faible. La conception du moulin n’est par ailleurs pas très heureuse du fait de la trop grande hauteur du deuxième étage par rapport au premier, ce qui provoque un plus grand balancement de la cage lors des grands vents, accentué par le poids considérable des ailes (les plus grandes de France). Or, c’est le pivot qui subit tous les efforts. Enfin, depuis quelques années, on constate que la base du pivot se creuse peu à peu. Des monticules de poussière se forment régulièrement. C’est un signe inquiétant de vieillesse, peutêtre de maladie. Son remplacement s’avère donc indispensable, car l’avenir ne s’annonce pas rose. Avec le réchauffement de la terre et l’effet de serre, les tempêtes seront plus violentes. Comme on dit : mieux vaut prévenir que guérir. Chacun a encore en  émoire la chute du moulin de Valmy le 26 décembre 1999 et tout dernièrement c’est au tour du moulin de Talcy dans le Loir-et-Cher de tomber en mille morceaux le 16 juillet 2003, le pivot cassé net à la chaise. 

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Photo J. Bruggeman

Le financement 

Après plusieurs années de démarches, le financement est enfin réuni en 2002. L’Union Européenne (FEDER) accorde une subvention de 33 616,16€ au titre du programme objectif 2, Axe 1, mesure 7, soutenir le développement touristique. Elle représente 40 % du montant total des travaux qui s’élève à 84 040,40€. Le Conseil Général du Nord alloue 21 000€ (25 %) . La Commune de Villeneuve d’Ascq, (15 %) 12 578,16€ plus une subvention exceptionnelle de 12 500€. L’ARAM participe donc pour 5 %.

Les travaux

Les travaux débutent le 8 juillet avec le démontage d’une partie du lattis des ailes, qui sont, elles, enlevées le 11 juillet. Elles sont nettoyées et repeintes. Quelques barreaux et tous les coterets extérieurs sont remplacés par du moabi, un bois tropical résistant. La seconde grande opération est effectuée le 4 septembre avec l’aide de deux grues, par l’entreprise Peter Thomaes de Roulers, successeur de H. et G. Peel:
enlèvement de la queue, de l’escalier et de la cage, qui auparavant avait été renforcée. Grâce à cette opération spectaculaire, on a pu connaître le poids exact de la cage sans les ailes, ni queue et escalier qui s’élève à 31 tonnes. Ce qui donne 37 tonnes sur le pivot, ce qui n’était pas loin de notre estimation qui était de 35 tonnes. Ensuite, ce fut au tour du pivot de s’élever dans les airs, après un travail de préparation pour empêcher les liens de tomber et afin d’éviter le démontage de la toiture de la cavette. Les liens sont enlevés deux par deux, puis la croisée et le tout chargé sur un camion et transporté dans l’atelier.
Pendant que le pivot est taillé dans un superbe azobé de 6,80 m et 80 cm de carré à la base, et une nouvelle chaise, aussi en azobé, le Président remplace les vieilles marches en chêne par de nouvelles en moabi.
Les limons en iroko n’avaient pas bougé d’un mm en 24 ans, alors que le chêne avait bien vieilli.
C’est maintenant d’un escalier super-solide qu’hérite le moulin, ce qui est bien nécessaire lors des tempêtes. La troisième spectaculaire opération se tient le 15 septembre avec l’installation du nouveau piédestal. Là aussi nous avons pu mesurer le poids du pivot avec sa chaise : 3,5 tonnes.

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Photo J. Bruggeman

Le lendemain c’est au tour de la cage de retrouver sa place avec l’aide de deux grues, puis de la queue et l’escalier en même temps, suivi des ailes. Le reste de la semaine a été consacré à remettre le lattis aux ailes, renouveler une partie des cales dans la tête, refaire une nouvelle lune en cuivre à la sortie de l’arbre-moteur, refermer les ouvertures de la croisée à la cavette, remettre les planches à la cage, restaurer le maître-sommier, resserrer les cales du rouet…
Le 21 septembre, c’est l’inauguration, toujours sous un soleil magnifique et un temps calme et serein. Le temps idéal pour exécuter une telle opération. Entre le démontage du moulin et son remontage, il ne s’est pas écoulé deux semaines. Le tout fut exécuté avec une parfaite maîtrise, sans hésitation, principalement par les deux charpentiers formés par les Peel. Ronny Demol et Peter Casier qui ont maintenant leurs initiales gravées sur le pivot, ainsi que celles de leur patron.

Jean Bruggeman – Article paru dans le Monde des Moulins – N°11 – janvier 2005

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