Le site des Moulins de France
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La Flandre est un plat pays qui ne se prête pas à l’édification de moulins à eau. Par contre, les moulins à vent étaient nombreux : il y en avait plusieurs par village. Il en subsiste encore une douzaine dans l’arrondissement de Dunkerque, avec leurs grandes ailes de dix à douze mètres de long accrochant les vents. Cependant, bien que longée par la mer du Nord, la Flandre connaît parfois des périodes sans vent. Ces épisodes étaient problématiques pour les meuniers, qui alors ne pouvaient fournir la farine aux villageois. Ils ont trouvé la solution en installant au pied de leur moulin des petits bâtiments renfermant des meules activées grâce à un cheval. Ces moulins-manèges étaient appelés « rosse meulen » en Flamand. Rosse était un ancien mot germanique pour désigner un cheval (d’où l’expression française une vieille rosse pour un cheval récalcitrant).

Photo 1 : le Moulin à Cheval de Volckerinckhove en fonctionnement avec le cheval et son guide. Cliché Association Yser Houck

Des brasseurs pouvaient également posséder de tels moulins pour moudre l’orge nécessaire aux brassins et, par la même occasion, dépanner des villageois : « pour mouldre en icelluy toutes sortes de grains à l’usage de sa brasserie et non pour aultruy et du bled en temps calme et nécessite de vent pour les seuls habitants de la dite paroisse » (Zegers Cappel 1614, Archives départementales du Nord).

Photo 2 : Schéma du principe de fonctionnement d’un moulin à cheval. Association Yser Houck

« Deux moulins audit Lederzeele, l’un à vent, l’autre pour être tourné par un cheval dans le temps que le vent manqueré » (1710, Archives départementales du Nord).

Photo 3 : Mécanisme intérieur du moulin : grand hérisson (3), lanterne haute (4 – avec 17 dents,), pivot central (2), trémie (8) – Cliché M. Lajoie-Mazenc

Au sein de l’Association Yser Houck, dont le but est de rechercher et préserver le patrimoine local, nous avons souhaité connaître l’histoire des moulins de nos villages. Nous avons alors découvert l’existence de ces moulins oubliés et disparus. Le peu d’importance accordé à ces édifices a fait qu’ils sont rarement évoqués dans les actes de partage et de succession. On en trouve, ainsi, relativement peu de traces dans les archives. Nous avons pensé qu’il était dommage de perdre la mémoire de ce type de moulin et avons songé à en réédifier un exemplaire. L’occasion se présenta lorsque la commune de Volckerinckhove, où se trouve le siège de notre association, accepta de mettre à notre disposition  un terrain communal : c’était en 2009.

 

Nous n’avions pas réellement d’informations nous permettant de reconstituer un tel moulin. Comme souvent chez nous, nous nous sommes tournés vers nos voisins Flamands Belges. Ils avaient de la documentation et deux ou trois moulins de ce type reconstitués chez eux. Ce fut alors relativement facile de construire un tel moulin.

 

Il s’agit de petits bâtiments carrés ou octogonaux (carrés avec des pans coupés), voire circulaires, d’environ quatre mètres de côté. Bâtis en planches à clins ou en torchis sur un soubassement de briques et couverts de pannes flamandes (tuiles creuses). C’est le personnel de l’association qui construisit le bâtiment, les murs ;  puis le charpentier Eric Vanleene, venu de Belgique, vint poser, à l’aide d’une grue, le mécanisme à l’intérieur du petit édifice. La pièce maîtresse, le pivot en chêne, a une longueur de 4 m pour 45 cm de côté. Le grand hérisson de 4 m de diamètre possède 96 dents. Les meules de 80 cm de diamètre pèsent    300 kg  pour la dormante et 450 kg pour la tournante. Elles sont en aggloméré de quartz et de silex.

Photo 4 : Grand hérisson (3- en orme, avec 96 dents en hêtre, situé au-dessus de la poutre gravée) Cliché M. Lajoie-Mazenc

Photo 5 : Grande poutre qui traverse le bâtiment, avec la gravure des noms d’éric Vanleene (charpentier de moulin) et Michel Thoorens (maçon spécialiste des techniques anciennes à Yser Houck. Cliché M. Lajoie-Mazenc

Le matériel tournant installé, nous avons pu couvrir le moulin et le surmonter d’une tourelle de 80 cm de hauteur qui protège le haut du pivot fixé à la perche (ou la queue) en chêne d’une longueur de 8,60 m à laquelle le cheval est attelé. À l’origine, la queue était laissée libre à quelques décimètres du sol, mais il fallut y fixer une roue car, en s’inclinant sous son poids, elle menaçait de heurter les angles de la toiture.

C’est à de solides chevaux de traits de races locales, le Trait du Nord et le Trait Boulonnais, qu’était dévolue la tâche de faire fonctionner le moulin. Afin de les guider, une haie circulaire est plantée à l’extérieur du cheminement des chevaux qui ont, naturellement, l’instinct d’avancer en ligne droite.

Photo 6 : Sous la perche, la roue qui la maintient au-dessus du sol et facilite le déplacement de la perche. Cliché M. Lajoie-Mazenc

Les chevaux marchaient alors sans guide, mais, dit-on, il fallait percer une petite fenêtre pour les surveiller car, avançant correctement face à la porte où se trouvait le meunier, ensuite ils ralentissaient derrière le moulin !

Photo 7 : La serrure et la poignée d’entrée dans le bâtiment. Cliché M. Lajoie-Mazenc

Ici, nous n’attelons le cheval au moulin qu’à l’occasion de festivités, mais ainsi, en absence de cheval, les enfants accueillis régulièrement ont plaisir à pousser la queue, alors, dans ces conditions on desserre les meules pour que la manipulation soit plus facile !

Félix Boutu, Président de l’Association Yser Houck

Catégories : Zoom

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