Le site des Moulins de France
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Tout naturellement et parce que l’équipe qui entourait maintenant le concepteur, souhaitait aller encore plus loin, il fut décidé de créer un site d’animation autour du moulin, avant même que celui-ci soit terminé de construire.
Celui-ci resterait certes l’attraction principale, mais des pôles d’intérêts variés, tout autour, permettraient aux visiteurs de venir plus nombreux, d’y rester plus longtemps et de revenir… Le projet initial allait donc s’élargir avec l’implantation d’une grange, d’un four à pain, d’une maison de meunier et d’un jardin de simples (plantes à usage médicinal), en complément de la mise en service du moulin. Une autre phase commençait. Et la farine s’écoula…

Pour que le moulin perdure, il fallait qu’il fournisse de la farine.
Le gros problème était la perte du savoir-faire que l’intuition et la bonne volonté ont du mal à compenser. S’il fut facile de recruter un meunier, un des bénévoles de l’association était volontaire, encore fallait-il lui assurer une formation minimum.
C’était impossible sur moulin à pivot car il n’en existe plus en fonctionnement, alors notre meunier-en-devenir partit pour la Hollande apprendre les rudiments de son métier dans un moulin quelque peu différent de celui qui l’attendait. Quatre personnes ont suivi cette formation et deux meuniers hollandais sont venus nous aider à régler les meules et reviendront en février. Meunier tu dors… dit la chanson et pourtant ce n’est pas un métier de tout repos que celui de meunier !
Le meunier ne travaille pas quand il le souhaite ou quand il a besoin mais quand Dame Nature lui envoie un bon vent !
L’idéal est un petit vent régulier mais l’idéal, c’est bien connu, n’existe pas et le meunier doit composer avec le vent irrégulier, trop fort, trop faible, celui qui change de direction brusquement. Gérer le vent c’est presque déjà un travail à temps complet or il y a le grain à verser, la rotation de la meule à surveiller, l’écrasement à régler, le blutage de la farine à mettre au point. Non… meunier tu ne peux pas dormir !
Avant même de faire tourner le moulin, il faut embrayer la meule puis les réglages se font… à l’oreille et quand on est novice c’est un peu compliqué.

Pour ne pas décourager son meunier, l’association a acquis, au cours du 1er semestre 2010, un moteur électrique qui se substitue au vent pour actionner les meules et permet de tourner au ralenti et régulièrement, écartant ainsi les risques d’un rodage problématique. Et la farine, tout doucement, commença à sortir du moulin, pendant l’été 2010, tandis que la bonne odeur du grain écrasé embaumait l’air. Cette farine est prévue pour être vendue aux visiteurs et aussi pour faire du pain sur place et le cuire dans le four construit près de la grange.

Le four

Le four à pain et son fournil occupent une surface de 100 m². L’ensemble n’est pas tout à fait terminé (en juillet 2010) mais le four fonctionne et trois boulangers locaux viennent, occasionnellement, y cuire du pain.
Le four a été construit en tuiles de récupération et briques d’Amance avec l’aide de quatre étudiants-stagiaires de l’IUMP de Troyes. Le chantier a été mené sur 2 années scolaires. L’intérieur du four fait 2,50 m par 1,60 m.
Le fournil, qui a une dimension de 10 m x 11 m couvre le four et présente une surface de travail pour le boulanger.
Sa construction a fait l’objet d’un chantier d’insertion avec des jeunes en diffi culté.
Le but, à terme, est d’y faire le pain une fois par semaine pour le vendre sur place.

La grange

Une grange ancienne, installée au fond de la carrière, s’intègrerait parfaitement au site et offrirait un abri idéal pour les visiteurs en cas de mauvais temps, pour accueillir les visites scolaires, pour les réunions de travail des membres de l’association, pour organiser des expositions, des animations ponctuelles, des concerts.
Une grange s’avérait donc indispensable et une opportunité se présentait !
En effet, la municipalité de Dosches – providentielle municipalité ! – avait acquis une ancienne grange à dîme, construite à pans de bois en 1490, située entre Lusigny-sur-Barse et Géraudot, d’une surface au sol d’un peu plus de 300 m².
Cette grange s’avérant inadaptée pour les besoins présents de la commune, fut cédée à l’Association pour un euro symbolique.
Quel beau travail de charpenterie en perspective et quel magnifi que chantier de réinsertion à mettre en place !
Mais aussi quels coûts supplémentaires avec le sol à préparer, la couverture à remplacer, le remplissage des pans de bois à faire, l’aménagement intérieur à prévoir.
Le bâtiment carré, de 18m de côté, avait été construit pour entreposer la dîme, c’est-à-dire le dixième des récoltes dû par les paysans au clergé (exceptionnellement cette dîme était inféodée, c’est à dire perçue par un seigneur).
Cet impôt ayant été aboli en 1789, le bâtiment fut transformé en grange agricole en fermant la façade et ouvrant un portail sur le côté gauche. Après l’avoir démontée entièrement pour la transporter, changé les pièces pourries par l’humidité (dans les parties basses l’humidité remonte du sol par capillarité), la grange a été remontée au creux de la carrière dans la confi guration qu’elle devait à peu près avoir à l’origine.
Son aménagement n’est pas terminé mais une nouvelle vie s’offre à ce splendide bâtiment dont les poutres en chêne bravent les intempéries sans traitement particulier depuis plus de 500 ans.
Cette grange avait été construite à partir de matériaux locaux : chênes des forêts alentour pour la structure, argile mélangée à la paille d’avoine hachée et poils d’animaux (vache, cheval) additionnée d’eau pour le torchis, tuiles pour la couverture.
Elle a été reconstruite de la même manière. 27 tonnes de torchis ont été utilisées pour remplir, à la main, l’espace entre les poteaux et les paleçons (lattes de bois entre les poteaux).
Pour protéger le torchis on a mis, à l’intérieur, un enduit à la chaux teinté et à l’extérieur un bardage.
La couverture est constituée de tuiles anciennes récupérées posées sur lattes mais doublées de laine de bois pour assurer l’isolation.
La façade de la grange, qui a été reconstituée, a bénéfi cié d’un remplissage de mortier de chanvre (tiges de chanvre broyées, chaux et eau) recouvert d’un enduit à la chaux.
Petite concession à la modernité et à sa nouvelle vocation : des fenêtres ont été ajoutées !
Il reste encore le bardage à terminer, le vitrage à installer, une chape à couler sur le sol, à prévoir un chauffage, à installer une mezzanine pour libérer l’espace au sol et stocker la farine produite par le moulin.

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Vue du jardin depuis le moulin. Photo associaiton Dosche.

Le jardin

Pour accompagner les différents bâtiments il fallait un entourage digne d’eux : un jardin ! D’autant plus que jadis une maison sans jardin était inconcevable : la vie se déroulant en autarcie, il fallait bien cultiver sur place légumes et fruits nécessaires à la vie courante. Les condiments exotiques étaient réservés aux riches ; à la campagne on cueillait dans les champs les plantes aromatiques qui accompagnaient les très frugaux repas. La nature fournissait aussi les plantes médicinales qui soulageaient –plus ou moins– les maux dont on souffrait. Il y avait aussi celles qu’on utilisait pour teindre la laine ou le chanvre tissé à la maison… Pendant qu’Erwin Schriever faisait des plans pour les bâtiments, son épouse, Evelyne, faisait des plans de jardins. En hiver 2010 les projets furent mis à exécution : des bacs furent construits pour mettre les plantes en valeur et leur donner une bonne terre car n’oublions pas que le jardin est implanté dans le fond de la carrière ! Des plantes communes, dédaignées parce qu’on a oublié leurs vertus, s’épanouissent maintenant au pied du moulin et s’offrent au regard des visiteurs qu’une étiquette renseigne. Un astucieux jeu de devinettes attend les curieux attirés par les senteurs.

Vous y verrez l’aigremoine aux fl eurs jaunes en épis dont la décoction de feuilles est vermifuge, l’armoise apéritive et stimulante, le bouillon blanc dont la tisane de fl eurs et feuilles est effi – cace contre la toux et le rhume, la berce dont la décoction des racines est employée contre la gale, la camomille qui guérit, en infusion, les maux d’estomac, la fougère mâle dont la racine est un excellent vermifuge pour les hommes comme pour les animaux, le millepertuis qui cicatrise les coupures et les ulcères.
Ce jardin, entièrement clôturé, couvre une surface approximative de 500 m². Malgré sa grande jeunesse, les plantes, admirablement soignées, y atteignent déjà une belle maturité. Les fl ancs intérieurs de la carrière, ainsi qu’une partie de l’espace près de la grange, sont laissés libres afi n de devenir un conservatoire de la fl ore locale qui, peu à peu, y reprend sa place librement.
Les espèces sauvages y trouvent un refuge et, dès que possible, un système de ponts permettra de l’enjamber pour les examiner de plus près sans les abîmer. Les projets ne manquent pas pour continuer l’aménagement de l’aire du moulin, déjà bien élaborée. Une maison de meunier complèterait agréablement l’ensemble, la fermeture du site serait utile pour éviter des dégradations éventuelles en l’absence des bénévoles de l’association, et un parking pour les visiteurs est encore à réaliser… Les idées ne manquent pas pour compléter et améliorer ce site déjà extraordinaire et si l’engagement exceptionnel des bénévoles de l’association ne faiblit pas au cours des années, les besoins fi nanciers sont néanmoins encore importants pour acheter les matériaux manquants, pour acheter le grain qui va alimenter le moulin ainsi que les petites fournitures diverses. Pour cela l’Association a besoin de l’aide de tous : collectivités, sponsors, particuliers…

De nombreuses cartes postales ont été éditées par l’Association depuis la mise en place du moulin : elles sont disponibles uniquement sur place.
Une brochure en couleur de 24 pages a été publiée, par l’Association, en juin 2007, sur la construction du moulin.

Un DVD a été gravé en 2009 et est proposé au public intéressé par les réalisations effectuées sur le site. Dès le début de l’aventure de nombreuses photographies et fi lms ont été faits afi n de garder le souvenir des différentes phases d’avancement des travaux. Les meilleures images ont été sélectionnées pour fi gurer sur ce DVD réalisé par le Centre de création audiovisuelle de l’Aube, fi lm de Roger  Jacquot et Daniel Doiselet qui ont offert leur  travail à notre Association.

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Boulangerie Noël. Photo associaiton Dosche.

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Animation. Photo associaiton Dosche.

 

Quelques dates marquantes

2001 : le rêve commence à prendre forme avec la création de l’Association Le Moulin de Dosches, grâce à la rencontre avec Madame Evelyne Perrot, maire de Dosches, qui favorise la signature d’un bail entre l’Association
et la commune. Cette dernière concède à l’Association un terrain avec bail à construction pour une période de 40 ans.
2002-2003 : plusieurs mois se passent en démarches administratives et recherches de fi nancement pour lancer le projet.
2004-2006 : le moulin est construit dans le cadre d’un chantier d’insertion professionnelle en partenariat avec Formation Plus et la CAPEB. Ce projet reçoit l’appui fi nancier de la C.A.T., du Département, de la Région, de
l’Etat, de l’Europe, de la Caisse d’Epargne et de nombreuses entreprises et particuliers. Le moulin est inauguré le 23 juin 2007.
2007-2008 : l’Association fait l’acquisition d’une grange à dîme du XVème siècle. Elle en assure le démontage et la reconstruction sur le site du moulin dans le cadre d’un nouveau chantier d’insertion. Parallèlement, la construction d’un four à pain est lancée avec l’aide de l’Institut Universitaire des Métiers du Patrimoine de Troyes. Les bénévoles de l’Association se chargent du fournil. Pour la commune de Dosches, les bénévoles ont aussi réalisé des bancs qui sont installés sur le chemin d’accès au moulin ainsi que la barrière et la cabane aux chèvres.
Hiver 2009-2010 : le jardin ancien du moulin est créé. Le moulin moud ses premières farines. Projets : fi nir d’aménager la grange, terminer le fournil, construire une maison de meunier avec son toit de chaume, monter des animations sur place avec des partenaires extérieurs afi n de faire revivre quelques vieux métiers disparus (cordier, forgeron…), etc…

Dons, fi nancement, aides et distinctions de la part de : Etat, Conseil Général, Conseil Régional, C.A.T., Municipalité de Dosches, Fondation Patrimoine, Prix Gauby Lagauche, Ville de Reims, Caissse des Dépots et consignations, Crédit Coopératif, Caisse d’Epargne, Fédération des Moulins de France, P.N.R.F.O., entreprises et donateurs privés, que nous remercions tous très sincèrement pour leur aide qui nous est indispensable.

Association des moulins à vent champenois – Article paru dans le Monde des Moulins – N°39 – janvier 2012

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