Le site des Moulins de France
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L’enquête bien connue des amis des moulins, réalisée en 1809, sous le Premier Empire, en vue d’établir un état de tous les moulins à blé en activité, dénombre en Charente-Maritime (alors Inférieure) 1754 moulins à vent ; le département est ainsi, en France, celui qui en possède le plus grand nombre. Ils ont actuellement cessé leur activité ; pour la plupart, le glas a sonné, il y a quelque cent ans, lors de l’apparition des minoteries industrielles ; un petit nombre de survivants s’est éteint après la deuxième guerre mondiale. Si l’on ajoute les démantèlements des ailes ou des meules pour des questions fiscales, il n’est donc pas étonnant de ne plus apercevoir, au mieux, sur les collines et plaines exposées au vent , que des tours ou des tronçons de tour.

Néanmoins, sous l’égide de collectivités, quelques moulins ont été restaurés en totalité et sont en mesure de moudre de la farine ; il en est ainsi à Marans (Moulin de Beauregard), à Jonzac (Moulin du Cluzelet), à Torxe (Moulin de Saint Marmé). Mais, heureusement, parallèlement à ces restaurations financées dans le cadre d’associations, ici et là, des particuliers ne ménagent pas leurs efforts pour restaurer les tours, leur remettre un toit, parfois des  iles. Bien évidemment, l’Association Départementale des Amis des Moulins (ADAM 17) est un instrument privilégié de rencontre entre les intéressés. Parmi ces passionnés, Guy Renouard ne se contente pas de paroles. En premier lieu, dès 1990, à Saint Germain de Vibrac, près de sa maison familiale, sur la hauteur du “Terrier de Chaillot”, également dénommée “Colline des Sept Moulins”, il a fabriqué
de ses propres mains toiture et ailes et redonné leur aspect extérieur traditionnel aux deux moulins dont les tours subsistaient encore.

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Guy RENOUARD observant la mise en place de la toiture

L’accès à ce plateau recouvert de genévriers aussi bien par les vignes que par une escalade de la pente ouest révèle un vaste panorama historié par une table d’orientation. Allant d’un moulin à l’autre, en rêvant à la vie des meuniers d’autrefois, chacun peut identifier les nombreux graffitis qui parsèment les embrasures et linteaux ou même découvrir, sur l’une des tours, des trous de balles ou d’obus datant de la dernière guerre mondiale. Dans la commune voisine de Saint Ciers Champagne, en bordure de la route de Jonzac à Barbezieux, c’est le moulin de Jeannette, entouré de vignes, que, début mai 2004, Guy Renouard a tiré de sa torpeur en lui redonnant une toiture en bardeaux et des ailes. Sur le linteau de sa fenêtre on peut lire : “ I. BARDIN – 1768 – CHARPANTIER (sic) DE MOULIN”. Cette inscription, unique dans la région, fait allusion à ces entrepreneurs qui construisaient et livraient “clé en main” des moulins à vent en quelques mois après avoir signé un contrat devant notaire, en bonne et due forme. De ce fait, tous les moulins à vent étaient, ou peu s’en faut, calqués sur le même modèle dans une région déterminée. Au cas particulier, Bardin était le maître d’ouvrage et les autres corps de métiers lui étaient subordonnés.

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Saint Germain de Lusignan

Au lieu-dit Les Roux, à Saint Germain de Lusignan, dans un site de lande sauvage et désertique, voisinent trois moulins en pierres de taille. Deux d’entre eux, partiellement démolis mais conservant des graffitis intéressants, sont envahis par les broussailles. La tonnelle du troisième, en bon état, dégage à nouveau une prestance certaine. En effet, en novembre 2005, après des averses de pluie et de légères chutes de neige, par une température glaciale, encore grâce à Guy Renouard, elle a retrouvé une toiture en bardeaux.

Bien sûr les aménagements ne sont pas encore achevés ; toutefois est certainement fini le temps des hippies ou soixantehuitards qui ont squatté temporairement ce moulin et laissé à l’extérieur, tracé au goudron, le sigle pacifique des générations “love and peace”.

Comme cela est souvent le cas, les moulins à vent situés dans les communes précitées étaient complétés par des moulins à eau établis dans les vallées environnantes. Ces moulins à eau, où résidaient les meuniers,
appartenaient au même propriétaire que les moulins à vent. Ainsi étaient accrues les possibilités de répondre rapidement aux demandes de faire de la farine même lorsque les périodes de sécheresse tarissaient les biefs ou lorsque le vent ne pouvait momentanément faire tourner les ailes.

En définitive, ceci est l’histoire d’un breton qui, venu dans la région pour les vendanges, y fonde une famille et, après avoir roulé sa bosse sous divers cieux, donne libre cours à sa passion des moulins. Guy Renouard contribue ainsi à sauvegarder, autrement que par des discours, les aspects extérieurs d’un patrimoine rural caractéristique de la Charente-Maritime sans renoncer pour autant aux produits locaux et notamment à un pineau bien pétillant.

Henri Tauzin – Article paru dans le Monde des Moulins – N°19 – janvier 2007

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