Le site des Moulins de France
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C’est un ancien moulin à farine qui a été construit autour de 1820 et a été agrandi au cours du temps, notamment en 1877, où la partie gauche du bâtiment a été exhaussée de quelques étages.
C’est mon arrière-grand-père, Jean-Pierre, qui a acheté le moulin au début du XXe siècle et qui y a exercé le métier de meunier. (Photo 1)

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Photo 1 : Moulin Apach, façade arrière – Photo Laurent Gretsch

En 1942, les deux roues à aubes ont été remplacées par une turbine en fonte de type Francis, de fabrication allemande, afin d’augmenter le rendement. C’est finalement en 1970 que Jean-Pierre a pris sa retraite et que les meules du moulin ont cessé de tourner, et la turbine aussi !
(Photo 2)

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Photo 2 : Le bief du Moulin Apach – Photo Laurent Gretsch

En 1997, je me suis installé dans le moulin dans le but de lui donner une deuxième vie. J’ai mis toute mon énergie pour trouver une solution afin de mettre ce moulin en route, certes dans un autre but que celui de faire de la farine ; ce que je souhaitais plus que tout, c’était que le cœur du moulin recommence à battre.
Mon idée était d’utiliser la force hydraulique pour produire de l’électricité afin de chauffer l’habitation.
Produire de l’électricité en courant alternatif en 50 Hz était bien possible, mais le coût était vraiment trop important à cette époque. (Photo 3)

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Photo 3 : Avant le Bouchotherme – Photo Laurent Gretsch

 

À force de recherches, j’ai pris contact avec M. Claude Bouchot, spécialiste des centrales hydrauliques. Il a lui-même une centrale hydraulique sur la Meuse et s’intéresse beaucoup aux petites installations. Lors d’une première visite, il a pu constater l’état impeccable de la turbine que j’avais en partie réussi à démonter.
Il a alors proposé de concevoir spécialement un système qui transformerait l’énergie hydraulique en énergie calorifique.
Le système repose sur le « principe de Joule » (Principe de l’équivalence du travail et de la chaleur mis en évidence par Joule en 1845) selon lequel la température d’un liquide augmente lorsqu’il est agité dans un récipient.
Pour schématiser, on peut dire que l’eau des radiateurs passe dans une cuve dans laquelle cette eau est brassée à 500 tours/minute.
Elle s’échauffe et la chaleur emmagasinée est ensuite dissipée dans les radiateurs.

…C’est ainsi que débuta l’aventure du « Bouchotherme ». (Photo 4)

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Photo 4 : Le Bouchotherme au Moulin Apach – Photo Laurent Gretsch

La turbine était en bon état, il a suffi de la démonter, de changer quelques-unes par des pièces en inox et de confectionner un nouvel aspirateur. (Photo 5)

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Photo 5 : La turbine du Moulin Apach avant restauration – Photo Laurent Gretsch

Afin de respecter le débit minimum réservé imposé, demandé dans le droit d’eau, une centrale de contrôle a été installée pour gérer le débit de la turbine en fonction du débit du ruisseau, mesuré en continu. Cette centrale gère également la puissance de la turbine en fonction de la température de l’eau. À partir de 65 °C, la turbine reçoit des ordres de fermeture et s’arrête complètement une fois que les 70°C sont atteints.
L’entretien du Bouchotherme est basique puisqu’il s’agit uniquement de graisser régulièrement les roulements. Depuis que le Bouchoterme est en service, les roulements ont été changés deux fois.
La turbine utilisée est donc la turbine d’origine de type Francis de 1942. Sa puisssance maximale est de 11 kW,
avec un débit de 385 litres/seconde et une chute de
4.20 m. La turbine tourne à pleine puissance à une vitesse de 300 tours/minute et que l’on multiplie jusqu’à
500 tours/minute pour entraîner le Bouchotherme. Pas besoin de frein sur la turbine car, en cas de coupure, le Bouchotherme freine doucement la turbine. (Photo 6)

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Photo 6 : La turbine du Moulin Apach restaurée – Photo Laurent Gretsch

Le moulin abritera très prochainement quatre chambres d’hôtes, labélisées 4 Épis Gîtes de France, conçues toujours dans un concept alliant authenticité et développement durable. Nous avons conservé des éléments d’origine tels que les boiseries (poutres et portes) et les murs en pierre de taille apparente, et nous avons utilisé les énergies renouvelables pour le chauffage, en installant des panneaux photovoltaïques.
Dans le cadre du développement durable, nous avons voulu trouver une solution pour chauffer les futures chambres d’hôtes. Comme la puissance de la turbine est complètement utilisée pour chauffer notre habitation, nous avons dû nous tourner vers une autre solution. Nous avons installé 6.4 kW de panneaux photovoltaïques avec une batterie au lithium de capacité 4.4 kWh.
L’énergie produite servira à faire fonctionner une pompe à chaleur utilisée exclusivement pour les chambres d’hôtes. Deux ballons d’eau chaude seront également alimentés par cette énergie.

L’énergie électrique est gérée de manière à déclencher le fonctionneùent des diverses utilisations : le ou les ballons, la pompe à chaleur, le filtre de la piscine, etc.
Dans ce domaine, nous sommes les premiers en France à avoir installé ce type de batterie au lithium avec une gestion des flux (du moins pour ce producteur de batteries). Actuellement, nous sommes en phase de test, site pilote de ladite société . Vous trouverez plus d’informations sur notre site : moulinapach.com, qui sera complété lorsque tous les petits tracas auront été éliminés.
C’est dans cet esprit que nous souhaitons donner une nouvelle dynamique à notre moulin et l’ouvrir partiellement à nos hôtes pour leur faire vivre une partie de notre aventure.

Sandrine et Laurent Gretsch
Propriétaires du Moulin Apach

Paru dans Le Monde des Moulins n°62 – Octobre 2017

Catégories : Technique

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