Dans le village d’Eynesse, en Gironde, entre Pessac-sur-Dordogne et Sainte Foy-la Grande, sur le ruisseau de la Gravouse qui se jette dans la Dordogne, se trouve le moulin à eau des Régniers. Seul rescapé des sept moulins qui jalonnaient la rivière, il appartient depuis quatre générations à la famille Faure et fonctionna sans interruption jusqu’en 1963.
Le moulin de Maître Pierre – photo Eric Charpentier
Les documents d’archives nous renseignent peu sur son histoire : il semble avoir été édifié dans les années 1840, une dizaine d’années après la disparition des moulins-bateaux ou moulins à nef sur la Dordogne, interdits par l’Administration car gênant le passage des gabarres. Pour la propriétaire actuelle, Simone Faure, cet édifice en a probablement remplacé un autre beaucoup plus ancien. L’assise du moulin, ses murs épais élevés supportant des arcatures en plein cintre sont probablement fort anciens, vieux de cinq à six siècles.
Coupe sur la travée centrale
Coupe longitudinale
Placé sur une dérivation du ruisseau coupant un méandre à quelques dizaines de mètres du débouché sur la Dordogne, le moulin est une bâtisse rectangulaire ( 9,20 mètres x 7, 00 m è t r e s ) construite en moellons avec chaînage de pierres aux quatre angles et aux encadrements des baies. Il comporte trois niveaux bien distincts :
– le niveau supérieur accessible par une porte à l’est et éclairé par deux larges fenêtres, renferme sur un plancher en bois tous les mécanismes de mouture. Installées sur une estrade et posées sur des arcs plein cintre, trois paires de meules attendent d’être actionnées.
– le niveau intermédiaire est réservé à la surveillance du fonctionnement des différents mécanismes. Accessible par une petite porte sur le pignon ouest, cet étage correspond avec le niveau de l’eau du bief. Comme une passerelle technique, il domine
l’étage du dessous et tout le mécanisme des roues hydrauliques. Une porte sur la façade sud ainsi que les ressauts des murs à l’intérieur semblent témoigner de la présence d’un plancher couvrant l’ensemble de cet étage qui renfermait sans doute les mécanismes de mouture. C’est peut-être à la suite de fortes inondations que le moulin a été surélevé comme le suggèrent les cinq dernières assises des angles à l’extérieur du bâtiment.
– l’étage inférieur n’est accessible que par le grand arc de sortie des eaux. Il se divise en trois travées correspondant aux trois mécanismes de la minoterie. La travée la plus à l’ouest renferme la grande roue hydraulique verticale. Son axe venait actionner le rouet de fosse et la lanterne dans la travée centrale ; le mouvement était ainsi retransmis à la meule courante au niveau supérieur. Dans cette première travée, on peut apercevoir l’arrivée d’eau venant du bief . Elle est canalisée dans une large goulotte en bois et arrive par dessus les augets de la roue. En plus des engrenages dépendant de la grande roue hydraulique, la deuxième travée présente un mécanisme fonctionnant encore aujourd’hui. La roue hydraulique est horizontale (le rouet), les pales légèrement incurvées reçoivent l’eau de biais. L’eau canalisée par une trompe métallique entraîne la roue qui transmet directement le mouvement à la meule courante. Pour l’installation de ce dispositif, il a fallu détruire une partie de la pile centrale du moulin afin d’y faire passer l’axe et de positionner le rouet, ce qui prouverait que ce mécanisme est le plus récent. Enfin la dernière travée est occupée par un gros massif de pierres taillées bien appareillées, percé d’un puits également en
pierres de taille au fond duquel se trouvait un rouet. La transmission du mouvement se faisait directement jusqu’à la meule courante.
Chacun des trois mécanismes possède sa propre arrivée d’eau. Sur la façade nord, côté bief, les entrées sont percées dans le mur construit en très bel appareil. Une quatrième ouverture placée très bas permet la vidange générale du bief afin de procéder à son curetage.
Le moulin des Régniers a été régulièrement entretenu par son dernier meunier jusqu’en 1994.
L’Association des Amis du Moulin de Maître Pierre qui a pris avec bonheur le relais, a pour but de le maintenir en état, de le restaurer et de l’animer. Une de ses missions est de le faire connaître à un large public en le faisant visiter. Le Conseil Général de la Gironde vient d’attribuer à l’Association le premier prix du concours 2004 « Fleurons d’or du Patrimoine », un trophée en bronze et une somme de 3000 euros. D’après les recherches de Jean Vircoulon et les documents du Comité Départemental du Tourisme de la Gironde transmis par Dominique Charpentier, présidente de l’Association Le moulin est visitable chaque mercredi après-midi du 1er juin au 30 septembre. En dehors de ces dates, seuls les groupes sont acceptés sur rendez-vous
Dominique Charpentier – Article paru dans le Monde des Moulins – N°10 – octobre 2004
2 commentaires
landtsucht · 19 mai 2023 à 16 h 28 min
Ce moulin est-il encore ouvert au public ?
DC · 24 mai 2023 à 7 h 57 min
hélas NON ! mais se renseigner à la mairie d’Eynesse