Le site des Moulins de France
ArabicBasqueBelarusianBulgarianCatalanChinese (Simplified)CzechDanishDutchEnglishFinnishFrenchGermanGreekHebrewHungarianItalianJapaneseLithuanianNorwegianPersianPolishPortugueseRomanianRussianSpanishSwedishTurkishUkrainian

Ressusciter un des premiers moulins ayant produit de l’électricité
Courteron est un petit village de la vallée de la Seine où l’on produit du Champagne.
Depuis le Moyen-Âge, c’est aussi un village où tourne un moulin qui a connu plusieurs usages : moulin à grain, moulin à huile, moulin foulon, puis à la production d’électricité.
Ainsi, Courteron fut en 1868 la première commune de l’Aube, et l’une des premières de France, à produire sa propre électricité grâce à son moulin*. Tombé en désuétude depuis un demi-siècle, le moulin s’apprête à revivre, grâce l’énergie de passionnés. Cent cinquante ans plus tard, en 2011, Bruno Havet se promène dans la région et tombe nez à nez avec ce moulin en friche.
C’est le coup de foudre. Il décide rapidement de l’acheter. Féru d’histoire, de patrimoine et plus précisément des moulins et de la tradition des meuniers, il s’associe à son ami Sébastien Lecomte pour concevoir un projet d’énergie renouvelable : installer une micro-centrale hydraulique d’ici la fin de l’été 2016, et faire revivre véritablement le moulin !

042016court1

Les familles Havet et Lecomte n’en sont pas à leur coup d’essai, puisqu’elles gèrent déjà une microcentrale à Balzac, sur la Charente (16), et redéveloppent quatre autres moulins sur le Doubs, la Seine et l’Aube, en plus du Moulin de Courteron.

Valoriser un potentiel énergétique significatif
L’étude de faisabilité a permis de mettre en évidence un potentiel significatif : avec un équipement d’une puissance de 135 kW, le moulin produira chaque année 610 000 kWh, soit la consommation de plus de 200 foyers (en électricité spécifique, selon des chiffres ADEME).

Mettre en oeuvre une technologie innovante
En guise de turbines, l’équipe installera des vis d’Archimède, qui seront mises en rotation sous l’effet de la chute de l’eau.
Cette technologie est encore peu connue en France pour les microcentrales hydroélectriques, mais relativement courante dans le Nord de l’Europe.
Une telle solution s’est avérée adaptée aux caractéristiques du site et permet la dévalaison des poissons à travers les vis.
Trois vis seront installées en parallèle, avec une combinaison de deux vis à vitesse fixe, et une vis à vitesse variable permettant d’obtenir un bon rendement, quel que soit le débit dans la rivière.

042016court2

Associer les habitants avec l’épargne citoyenne et un site web
Les porteurs de projets ont dès le départ souhaité impliquer fortement les habitants, compte tenu de la dimension patrimoniale d’un moulin, ainsi que du besoin de sensibiliser à la problématique énergie-climat. Cette implication se traduit par une ouverture à l’épargne citoyenne, par un recours aux entreprises locales et par la tenue d’un site web très riche.
Le budget total est de 966 000 €, financé par les fonds propres apportés par les porteurs de projet, par le prêt de long terme accordé par le Crédit Coopératif, et fait aussi de la place à l’épargne citoyenne : près de 36 % sont réservés au financement participatif. Depuis le 15 février, les citoyens peuvent découvrir le projet « Les Eaux Vives de Courteron » sur www.lumo-france.com et placer une partie de leur épargne dans ce projet vert ! Cette campagne de souscription durera au maximum trois mois.

Les travaux de gros-oeuvre et de génie civil sont menés par deux entreprises de Courteron, ce qui est un succès étant donné que le village ne compte que 110 habitants !
L’avancement du chantier de rénovation est détaillé au jour le jour sur un site web dédié, http://www.moulindecourteron.fr, où l’on retrouve même des vidéos des grands moments du chantier.

042016court3

Un projet local innovant qui rencontre de nombreux soutiens
Avant sa concrétisation, l’étude de faisabilité du projet de rénovation du moulin a bénéficié du soutien conjoint de l’ADEME et de la Région Champagne-Ardennes au titre du Fonds Régional Environnement Climat (FREC). La faisabilité économique a été étudiée par le Crédit Coopératif de Besançon, banque qui soutient le projet.
Ce projet rencontre aussi un accueil enthousiaste de la part des habitants de Courteron.

Prochaines étapes
Prenant acte de la sécheresse persistante, les travaux de gros-oeuvre et de génie civil ont été démarrés en novembre, et le terrassement a pu être finalisé avant l’augmentation des débits de fin décembre.
Les trois vis d’Archimède seront livrées et installées en avril, pour une fin de chantier durant l’été.

Comment fonctionne cette épargne participative ?
Les citoyens-internautes pourront épargner dans cette microcentrale hydraulique en achetant des obligations d’une valeur nominale de 25 euros, émises par la société d’exploitation « Les Eaux Vives de Courteron ». C’est un produit d’épargne de long terme (plus de 10 ans), rémunéré à taux fixe, et connu d’avance accessible aux inscrits sur le site Lumo. Chaque année, l’épargnant recevra une annuité fixe, correspondant aux intérêts annuels dus et à une partie du capital remboursé progressivement. Ils bénéficieront ainsi d’une épargne rémunérée ayant un impact positif sur l’environnement. Plus d’infos : https://www.lumo-france.com/ et sur https://www.lumo-france.com/projets/courteronn

Reportage télévisé récemment diffusé : http://www.canal32.fr/thematiques/le-jt/jt/le-jt-du-01-mars-2016.html
*Source : « Regards sur le passé de Courteron », Mary Chollot.

Bruno Havetbh@brunohavet.com

Article Paru dans le Monde des Moulins n°56 – Avril 2016

Catégories : Technique

0 commentaire

Laisser un commentaire

Avatar placeholder

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *