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Que se cache-t-il au pied de l’Hôpital la Grave ?

En se baladant au-dessus de la Garonne, sur la passerelle métallique qui longe la Grave, on aperçoit deux énormes trous dans lesquels l’eau s’engouffre. Ces mystérieuses bouches qui avalent le fleuve depuis des siècles appartiennent à un mystérieux individu…

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De la passerelle qui longe la Garonne, la vue sur le Bazacle est imprenable et le vacarme du fleuve assourdissant. Les flâneurs ne remarquent pas toujours ces deux grandes prises qui aspirent l’eau, à trois mètres de profondeur, sous la salle Saint- Claude-de-la-Grave. Une lame qui contourne ensuite, à une vitesse impressionnante, la large tour Taillefer séparant le Jardin Raymond VI et l’ancien hôpital. Au travers de grosses grilles, on peut, par-ci, par-là, suivre son trajet tumultueux. Ce petit bras de Garonne s’engouffre dans un aqueduc souterrain qui, du XVIIIe siècle à nos jours, a rendu bien des services. « Il a d’abord été construit pour alimenter le moulin à farine de l’hôpital. De nombreux moulins profitaient ainsi de la force du fleuve sur la chaussée du Bazacle », explique Jacques Frexinos, spécialiste de l’histoire de la médecine à Toulouse. Le moulin est détruit en 1774 par une inondation et il faut attendre la Révolution pour qu’un particulier, un certain Joseph Bosc*, rachète la chute d’eau afin d’actionner ses martinets – des marteaux pour forger le métal – qui donneront leur nom à une rue adjacente. En échange, l’homme s’engage à s’occuper de jeunes apprentis pensionnaires des hospices. « Ce qu’il ne fit pas et qui lui valut de nombreux procès », ajoute Jacques Frexinos.
C’est Joseph Bosc, en revanche, qui construit le canal d’amenée, maçonné en briques, où l’eau court encore aujourd’hui. Pendant près d’un siècle, l’aqueduc se transmettra de particuliers à particuliers, permettant ensuite de « meuler » à nouveau de la farine, puis à partir de 1925 de transformer la puissance de l’eau en électricité. La turbine est toujours en activité : « Il y a un énorme transformateur au pied de la tour Taillefer, qui ne passe pas inaperçu », confirme le professeur émérite. Vaillante, la petite centrale hydroélectrique produit l’équivalent de la consommation d’un millier d’habitants. Et, bien sûr, elle appartient toujours à un particulier, qui revend cette électricité à EDF.

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Philippe Salvador
Le Journal de Toulouse du 05 avril 2018

Paru dans le Monde des Moulins 68 de avril 2019

Catégories : Histoire

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