Le site des Moulins de France
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Berzé-la-Ville, petit village situé entre Mâcon et Cluny (Saône-et-Loire), possède des carrières de gypse qui ont été exploitées jusqu’à la fi n du XIXème siècle. On accédait aux gisements, estimés à 20 m d’épaisseur, par des puits individuels et par des galeries forées dans le fl anc de la montagne. Il reste de cette industrie des témoins tout à fait remarquables, comme les maisons des propriétaires et des contremaîtres, les logements d’ouvriers, les anciennes écuries. Tous ces bâtiments ont été transformés en maisons particulières au fi l des années. On trouve aussi des vestiges de moulins et neuf fours à plâtre très bien conservés et mis en valeur grâce aux efforts des bénévoles de l’Association Les Amis du Vieux Berzé et de la municipalité. Les fours ont été protégés en 1994 au titre du patrimoine industriel.
Après cuisson dans les fours, le gypse, transformé en plâtre, était généralement pulvérisé. Il était ensuite passé sur un tamis et la poudre recueillie dans des sacs.
La technique la plus ancienne était le concassage à l’aide d’une masse de bois à long manche, ou avec un rouleau de pierre. Le travail se faisait à bras d’homme. À la fi n du XVIIIème siècle et au XIXème siècle, plusieurs types de machines à broyer le plâtre ont été utilisés.
On trouvait, à Berzé-la-Ville, des moulins constitués de deux meules : une meule dormante horizontale, fi xée au sol, sur laquelle tournait une meule verticale actionnée par un cheval. Ces moulins étaient disposés sur un ou deux niveaux. Dans les moulins à un niveau, on récupérait le plâtre moulu avec une pelle, directement sur la meule dormante ou sur ses bords.

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Bâtiment où se trouvait un moulin à plâtre, il a été transformé en habitation. Photo DR.

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Vestige du moulin à plâtre qui a disparu. Photo DR.

En 1832, le propriétaire d’un puits de plâtre, Guillaume Dubief, dépose un brevet d’invention d’un moulin à plâtre sur deux niveaux.
La description du brevet donne les précisions suivantes :
 » Dans la partie supérieure ou logement de la mécanique et de ses accessoires, le mouvement de la meule a lieu sur un mur circulaire élevé d’aplomb. Le cheval marche à peu près sur le milieu de la voûte qui présente une épaisseur de 70 cm.
Dans la partie inférieure, le plâtre pulvérisé est jeté à la pelle, sortant de dessous la meule, sur la grille ou tamis, et tombe sur la surface du petit cercle.

Le cheval est attelé très court au bout du timon rapproché de la meule. Une petite perche attachée au haut de la dame ou pièce de bois dirige le cheval et le maintient sur son champ qu’il parcourt en aveugle. Dans les moulins à deux niveaux, la meule dormante était largement percée en son centre pour permettre l’évacuation du plâtre à l’étage inférieur. Au centre, était parfois disposé un crible pour tamiser le plâtre qui tombait tout préparé dans les magasins de réception « .

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Deux moulins dans cette maison conservent encore une meule. Photo DR.

Ce système améliore de manière appréciable le rendement de la production.
D’autres moulins ont ensuite été construits sur ce modèle. Comme pour le précédent, la partie supérieure a été transformée en habitation.
En 1838, un autre industriel, Estève Deville,  modernise le broyage. Il utilise les installations d’un moulin à huile du village de La Roche Vineuse à 3 km, proche d’un cours d’eau, le Fil, pour aménager une machine à pulvériser qui fonctionnera avec la force hydraulique.
Une cession de bail à ferme est signée pour trois ans et va se renouveler à plusieurs reprises. En 1855, son successeur, Etienne Bonnin, installera une machine à vapeur qui pourra moudre en une heure et demie ce qu’un cheval, tournant une meule verticale, moud dans sa journée. Complémentaire du moulin hydraulique, l’usine pourra fonctionner même en période d’étiage.

Dans un rapport établi en 1877, on apprend que :  » Il y a là une installation hydraulique d’une grande puissance, avec écluse et siphon de 180 m de long amenant l’eau sur le récepteur. Cette force motrice est doublée d’une machine à vapeur de 20 chevaux. L’établissement se compose d’un grand bâtiment et de plusieurs dépendances contenant les appareils de pulvérisation, la machine à vapeur et son générateur, l’outillage nécessaire de l’atelier de forge, un magasin pouvant contenir 20 000 sacs, avec habitation du contremaître, écurie, remise, fenil et hangar. Là, la pierre à plâtre est pulvérisée, blutée et empochée dans des sacs pour être livrée au commerce « . À la mort de l’ingénieur propriétaire de la plâtrière, le moulin à vapeur sera remonté à Berzé-la-Ville et installé par le nouvel exploi tant, Jean-Marie Preaud, dans un bâtiment appelé  » la plâtrerie  » près des fours à plâtre. La plâtrerie vient d’être vendue en 2012 à un particulier, malgré le souhait de l’Association d’en faire un lieu d’interprétation de la plâtrière, un lieu de rencontre et un lieu de travail. Les galeries d’extraction du gypse ont été utilisées en 1856 pour la culture des champignons et en 1873 pour faire germer de l’orge dans de grands trempoirs.

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Vestige du moulin qui a disparu. Photo DR.

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L’exploitation de la carrière de gypse a cessé en 1899. Les bâtiments, le matériel et des terrains ont été vendus à des particuliers. En 1990, la municipalité a racheté l’espace où se trouvaient les fours à plâtre et un grand bâtiment qui avait servi de logements aux ouvriers et dont le rez-de-chaussée et le dernier étage ont été utilisés pour le traitement du malt. On a retrouvé une douzaine de meules disséminées dans le périmètre d’extraction. Si la plupart des meules faisaient partie des moulins à plâtre, quelques-unes ont pu servir au broyage de l’orge.

Marie Anne GAGNOL – Association Les Amis du Vieux Berzé – Paru dans Le monde des moulins N°45 – Juillet 2013

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Catégories : Zoom

3 commentaires

BERNARD CRETIN · 12 juillet 2020 à 18 h 31 min

Bonsoir madame

en tapant gypserie j’ai vu votre site.
A Vorges les pins 25320 sur terrain privé nous voulons garder en patrimoine des ruines de gypserie pourriez vous me donner quelques documents concernant la forme du bâtiment et des fours.
je vous envoie une photo de celle en cours de restauration. nous gardons uniquement le tout à l’identique.
Recevez mes meilleures salutations

    Dominique Charpentier · 13 juillet 2020 à 6 h 32 min

    Nous vous suggérons de consulter les archives départementales du Doubs où vous pourriez trouver un fonds de cartes postales et de plans. Vous pouvez aussi consulter l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (voir le site Gallica en ligne)

Semina Mâcon - La carrière de gypse de Berzé la Ville (entre Mâcon et Cluny). · 7 mars 2024 à 10 h 27 min

[…] LIRE L’ARTICLE COMPLET : Marie Anne GAGNOL – Association Les Amis du Vieux Berzé – Paru dans Le monde des moulins N°45 – Juillet 2013.Sources et pour aller plus loin : De l’orge au maltDu malt à la bièreDu malt au wkiskyLe site de Berzé la villeFédération des moulins de FranceAcadémie de Dijon […]

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