Le site des Moulins de France
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Àl’heure où les communes et communautés de communes se portent de plus en plus acquéreurs de moulins, via le droit de préemption urbain par exemple (DPU), où l’on voit bien que moulin rime avec patrimoine communal, il peut être utile de rappeler les rouages d’une alchimie délicate qui risque, si l’on n’y prend garde, de courir à l’échec.

Une logique de partenaires

Dans sa remise en état et plus encore dans son fonctionnement futur, le moulin public est au carrefour de trois partenaires. Le propriétaire d’abord, maire ou président de commune qui voit dans cette acquisition oeuvre de sauvegarde du patrimoine local: il sait traiter les dossiers, souhaite une lisibilité dès le départ quant au devenir de ce projet et a bien souvent un “coup de coeur” pour son moulin, mais il n’est pas dans sa mission de manier la pelle, le burin ou la scie, pas plus d’ailleurs que d’assurer l’animation du moulin. C’est pourquoi nous avons à la FDMF toujours défendu l’idée de coopération avec une structure associative locale, second partenaire, cette coopération pouvant revêtir diverses formes, ayant pour vocation de proposer des choix techniques qu’elle fera vivre ensuite dans le futur du moulin. Le troisième partenaire se trouve être la population qui doit s’approprier ce bien vivant comme un élément du rayonnement et de la vie communale.

commune

Moulin de Nieul sur l’Autize- Vendée: Une réussite. L’association a signé un bail emphytéotique avec le propriétaire – photo Y.Ruel.

La triade fonctionnelle

Il apparaît que trois soit un chiffre significatif pour le moulin car le moulin est à la fois un bâti (emblématique comme le moulin à vent), un ensemble de mécanismes ingénieux au service de tous (pensons par exemple à l’importance du pain), un lieu d’exercice pour le meunier sans qui tout cela ne vit pas. Ramenée au moulin communal cette triade s’applique : la collectivité locale, propriétaire, est en effet compétente pour réhabiliter le “clos et le
couvert”. Pour les mécanismes, mairie et association sont partenaires quant aux choix décisifs de remise en route, aidées dans cette démarche par les associations départementales voir fédérales qui ont mission de conseils tant en termes de solutions que de bonnes adresses, puis – on ne fait pas un moulin au seul motif de sauver une belle bâtisse, l’investissement est lourd – le moulin doit vivre et là, association gérant le moulin et population, ont nécessité à entretenir un partenariat durable.

Une logique de convergence

Ceci posé, ce n’est pas pour autant que tout est réglé, en effet, sans faire preuve d’un pragmatisme exagéré, il faut que chacun y trouve son compte pour que cette alchimie soit gagnante. Le propriétaire financeur et porteur d’un projet comportant quelques “risques” se doit d’être reconnu lors des jalonnements essentiels : montage du dossier, inaugurations, manifestations d’ampleur autour du moulin. L’association doit être écoutée et suivie dans ses propositions majeures, être l’animateur responsable du moulin, quant à la population elle doit se sentir “chez elle” par sa présence aux animations, sa participation aux fêtes mais aussi pouvoir acheter sa farine, etc. Elle fournira, de facto, le renouvellement nécessaire des membres de l’association. Ces quelques évidences me valent une écoute entendue. Lorsque je les présente, ce n’est en effet, pas ce que mes hôtes veulent généralement entendre, le maire voulant plutôt avoir des informations sur les subventions alors que c’est un domaine dans lequel il excelle déjà, l’association voulant en général des solutions en terme de restauration ou d’animation alors que, bien entourée de conseils de toutes part, c’est un concept original qu’elle doit créer tant il est vrai que “l’expérience ne se calque pas” et qu’un moulin est unique.

Facteur temps et pérennisation

Ce propos doit en définitive attirer toute l’attention sur la complexité, la richesse et la nécessité de partenariats et donc sur leur stabilité dans le temps. Le facteur temps est essentiel à prendre en compte car différent pour chacun : pour le maire c’est une entreprise à court terme, le moulin ne saurait être, en effet, le centre du monde pour les élus, pour l’association c’est du moyen et long terme, quand à la population locale qui pérennise tout cela, elle se situe à l’évidence dans le long terme. Il faut donc que soit acté entre propriétaire et gérant un contrat qui garantisse le respect des missions de chacun. C’est à l’origine du projet qu’il faut établir entre maire et association un bail emphytéotique ou un bail de longue durée. Plus facile à dire qu’à faire me direz vous, certes c’est une période pendant laquelle on a tant de choses à faire qu’il est commun de remettre à plus tard ce qui est de toute façon, dans le feu de l’action et l’enthousiasme du moment, entendu entre tous. Eh bien non, c’est au départ, alors que toutes les bonnes volontés sont en place pour tenter l’aventure, qu’il faut prendre le temps et les moyens de pérenniser. Un moulin ne peut vivre au rythme des échéances électorales tout comme la dynamique associative née avec le projet. Les exemples en France, hélas, ne manquent pas pour confirmer ces propos.

Yves Ruel – Article paru dans le Monde des Moulins – N°20 – avril 2007

Catégories : Législation

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