Le site des Moulins de France
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Le Moulin de la Plaine, sur le Vilpion, affluent de la Serre, a été agrandi, rive gauche, en 1797 comme l’atteste une pierre gravée par Armand Vinchon, meunier à Cilly. Ce moulin à blé appartient dès le second quart du XIXème siècle à Louis Damay. Il a alors deux tournants (roues à aubes), un sur chaque rive. En 1835, Louis Damay souhaite remplacer les deux roues par une roue unique, rive gauche, plus puissante. Il en sollicite l’autorisation à l’Administration. Pour cela il convertit lesdeux vannes côté gauche de la vantellerie (qui en comporte six) en une vanne motrice unique de 2,40m de large, conserve les trois vannes de décharge en position centrale, de largeur unitaire 1,16m et convertit la vanne motrice rive droite, largeur 0,95m, en vanne de décharge. Les vannes auront une hauteur de 2,45m. Le déversoir, cent-cinquante mètres en amont, aura une largeur de dix-sept mètres. L’autorisation (Droit d’Eau) sera finalement délivrée en 1851. Les travaux sont terminés depuis bien longtemps. Le 23 novembre 1882, Abdou Sergeant rachète le moulin à Louis Damay . Il décide de le moderniser et installe une turbine parallèle à clapets mécaniques “système Royer et Joly” (Constructeurs à Epinal) et des appareils à cylindres à la place des meules. Pour cela, il reconstruit en brique et pierre, sur cinq niveaux, un moulin moderne rive droite. 

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Clé du XIIème siècle – photo C.Perret

Il décède en 1886. Son fils Léon reprend l’exploitation, le moulin prospère et s’agrandit. Les investissements sont considérables : installation en 1902 de silos métalliques d’une capacité de stockage de 10.000 quintaux rive gauche (détruits en 2004), construction d’une salle de nettoyage sur trois niveaux au dessus de la chute, agrandissement du moulin rive droite, installation d’une machine à vapeur avec puits d’alimentation et cheminée, raccordement à la voie ferrée de Marle à Moncornet et aménagement d’un pont pour supporter cette voie devant les vannes qui sont refaites complètement, reconstruction et élargissement du déversoir, construction de logements pour les ouvriers, d’une maison de maître et véranda (arasés en 1991), parcs d’agrément, tennis, pièce d’eau et serre, l’ensemble est clos de murs. Dans les bâtiments anciens de 1797, rive gauche, sont réaménagés, au rez-de-chaussée, la maison du directeur et les bureaux, au dessus, sur trois niveaux, le stockage des produits finis. L’ensemble de la propriété est d’une superficie de près de trois hectares. Léon Sergeant, qui réside désormais à Paris, décède en 1917. Les difficultés commencent et sa veuve Jeanne Tranin, qui a repris l’exploitation et habite maintenant Marle, est déclarée en état de liquidation  judiciaire le 2 juillet 1925. 

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Moulin de la Plaine – photo C.Perret

André Rouy, célibataire, âgé de 32 ans, est adjudicataire de l’ensemble de la propriété en 1926 pour la somme de 320.000 Francs. Il remplace le matériel obsolète et transforme l’exploitation en 1927 en société anonyme “GRANDS MOULINS de MARLE”, au capital de 2.500.000 Francs. Le moulin prospère de nouveau. Le bâtiment au dessus de la chute est reconstruit sur quatre niveaux. Les vannages sont refaits. D’autres bâtiments de stockage et silos métalliques aujourd’hui disparus sont construits. Il est et restera le plus important moulin hydraulique de Picardie (450 quintaux par jour). Dès 1946, il est envisagé de remplacer la turbine. En 1950, Gaétan Viry, mécanicien à Remiremont, aidé par son épouse, installe dans le bâtiment au dessus de la chute d’eau une turbine Kaplan, double réglage, marque SHM (Société Hydro Mécanique de Toulouse) pour remplacer l’ancienne turbine qui cesse de fonctionner. Ces travaux ont été alors vraisemblablement financés par le plan Marshall.

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Clapet – photo C.Perret

La minoterie s’arrête en 1965, le contingent CPIM (109.871 quintaux) est vendu et la S.A. dissoute. M. Rouy reste seul propriétaire. Il souhaite utiliser l’énergie hydraulique. Le moulin sera transformé en micro-centrale électrique. Les travaux seront réalisés par les Etablissements Guérin, de Tessy sur Vire. Une génératrice asynchrone est accouplée à la turbine Kaplan et les équipements électriques annexes mis en place. L’installation est couplée au réseau EDF en octobre 1966. A la même époque, il rachète à EDF les centrales électriques établies dans les anciens moulins d’Agnicourt et de Tavaux par la Société Electrique de Voyenne,
absorbée par EDF en 1945. Les entrepôts, garages, silos, bascules et bureaux sont alors loués pour le commerce de grains et engrais. M. Rouy décède en 1983. Sans héritiers directs, la propriété est morcelée, le matériel de meunerie livré aux ferrailleurs.
En 1989, j’achète le moulin de 1797, rive gauche, le parc, le bâtiment de la turbine au dessus de la chute et le déversoir. Le moulin de 1797 sera revendu avec le parc en 1993 comme propriété d’agrément. En 2004, le canal de décharge, en aval du déversoir, est rectifié et recalibré, les silos métalliques construits en 1902 et 1946 sont arasés ainsi qu’une partie des hangars situés rive droite. En 2005, un clapet, longueur 20m, hauteur 0,65m, est installé en crête du déversoir.
Début 2006, à la suite d’une crue et d’un problème de fonctionnement du clapet, tout un ensemble de pieux, radier et maçonneries en pierres blanches sont mis à jour dans le canal de décharge recalibré.
Sont retrouvés à cet emplacement une clef ancienne et un fragment de poterie, le tout daté du XIIème siècle, ce qui confirme la présence dès cette époque d’un moulin plus ancien jusque là inconnu. Le service archéologique du département de l’Aisne et la DRAC Picardie viennent d’en faire un relevé. Un rapport sera établi. Le pont, sur le canal de décharge, qui permettait l’accès aux bâtiments rive droite et au déversoir doit être détruit suite à la rectification du canal de décharge. Le pont qui supportait la voie ferrée, dans la cour du moulin et devant les vannes, permettant désormais seul l’accès aux bâtiments rive droite et au déversoir doit être reconstruit prochainement. Que deviendra le moulin du XIXème, rive droite ? La Commune de Marle serait d’accord pour en faire un dépôt de matériel ancien.
Actuellement le moulin est essentiellement utilisé comme micro-centrale hydroélectrique d’une puissance de 450 Kw.
Que sera son avenir ?

Claude Perret – Article paru dans le Monde des Moulins – N°18 – octobre 2006

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