Réalisation du moulin de la Fleuristerie – photo DR.
Dans le département de la Haute-Marne, un peu à l’ouest de Chaumont, se trouve un petit moulin très attachant mentionné dès 1321 et unique en son genre, puisqu’il fabrique des pièces détachées pour fleurs artificielles, étamines, pistils, ainsi que des fruits artificiels. De plus, et cela est exceptionnel pour un site en activité commerciale, les bâtiments et les machines sont inchangées depuis 100 ans, y compris l’éclairage avec du 110 volts et le chauffage au poêle.
Le site a d’abord accueilli des activités plus traditionnelles (meunerie, huilerie, foulon), puis une forge s’y est rajoutée de 1806 à 1872. Un moulin à farine est ensuite reconstruit, qui ne durera pas bien longtemps, puisqu’en 1903, le moulin qui était au chômage depuis 5 ans est racheté par les établissements Briançon qui étaient installés jusqu’alors à Levallois-Perret près de Paris.
L’énergie est assurée d’une part par une roue à aubes de 5,20 m de diamètre qui actionne les différentes machines de production, et par une turbine installée en 1930 qui produit le courant 110 volts. Ces deux
moteurs sont alimentés par deux sources résurgentes qui assurent un débit constant toute l’année.
La visite permet de découvrir les différentes étapes de la fabrication des pistils et étamines, avec des machines au moins centenaires : préparation des bobines de coton, enroulage du coton autour de fil de fer, fabrication des tresses utilisées dans les transmissions des machines, et enfin la fabrication des pistils, étamines et fruits, largement manuelle. La plupart des machines nous rappellent les atmosphères des anciennes filatures industrielles, et même l’artisanat avec une machine très proche du vieux rouet en bois.
Moulin de la Fleuristerie – photo Stéphane Mary
La continuation de l’activité a été possible par la volonté d’un couple travaillant autrefois dans un groupe international en Suède, dont le mari est originaire d’Orges. Ils ont repris l’entreprise en 1994, développant les
marchés avec l’aide d’internet, rénovant les bâtiments et la roue à aube pour le centenaire de l’entreprise, élargissant même la production par le rachat du matériel du dernier fabricant de pétales et feuilles en tissu quand celui-ci a pris sa retraite. Ils l’ont aussi ouvert au public, ce qui permet de découvrir cette activité très spécifique, dont les débouchés (plus de 2500 références) se trouvent notamment dans la haute-couture.
De plus l’ancienne halle à charbon rénovée pourra accueillir dès 2005 des réceptions et des expositions, en étant chauffée par le moulin et une pompe à chaleur.
Pour ceux qui voudraient voir d’autres moulins dans le département, signalons le moulin à farine de Baissey dans le sud du département, et le haut-fourneau de Dommartin-le-Franc construit en 1834, qui ne possède plus sa soufflerie mais dont le massif est bien conservé, avec une exposition intéressante sur la métallurgie de Haute-Marne
Stéphane Mary – Article paru dans le Monde des Moulins – N°12 – avril 2005
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