Le site des Moulins de France
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Le Moulin de la Croix s’est arrêté de tourner en 1936. Situé dans la vallée des Baux-de- Provence, le moulin est au coeur d’une région où la culture des oliviers et la fabrication d’huiles d’excellence marquent la géographie et l’économie du territoire.
À contre-courant de toute démarche économique ou d’une ambition purement patrimoniale, un collectif informel s’est constitué progressivement autour de l’idée de refaire fonctionner ce moulin. Les 1er et 2 novembre 2014, la meule a tourné et les presses ont fait jaillir l’huile, en présence d’environ 350 personnes, dont beaucoup ont participé à actionner la machinerie. Un événement rassembleur, pour le plaisir de vivre une expérience et de se rencontrer.

Moulin à sang. Photo Guillaume Poux

 

L’histoire du moulin

Inactif depuis 1936, le moulin a été vendu en 1974 à la famille Calot, qui en est toujours propriétaire. Détourné de sa fonction initiale, l’imposant bâtiment était devenu un hangar agricole, puis un lieu où la famille entreposait des vieilleries. De nombreux vestiges témoignaient de son ancienne fonction : une grande meule de pierre, de solides presses en bois et acier, un cabestan… Différentes traces, plus discrètes, rappelaient également l’ancienne vie du lieu : le mot huile presque effacé sur le fronton extérieur du bâtiment, le dessin d’une tête de bonhomme ou des inscriptions sur les murs. De fait, le lieu était intact. Rien n’avait été détruit. Avec un petit peu d’huile de coude, il pouvait refonctionner.

Le projet

En 2013, à l’initiative de Philippe Calot et de Claire Gautier, une expérience unique est imaginée : faire tourner à nouveau le moulin.
L’idée est que le projet soit avant tout une aventure humaine, bénévole, dans laquelle chacun peut s’investir comme il le souhaite. Les protagonistes fédèrent progressivement des amis, des passionnés, des curieux, des proches, chacun apportant son temps, son énergie, ses compétences, ses olives ou juste son sourire au projet. Ils sollicitent aussi des dons pour un financement participatif du projet qui serait mené sans aucun intérêt pécuniaire pour qui que ce soit, tout serait gratuit et partagé. Philippe, Emmanuel et Bruno ont vidé les lieux, nettoyé le moulin, dégrippé les presses. Jean-Charles est venu avec ses chevaux. Élinji, Olivier et les cousins Duret ont glané les olives chez les apporteurs.
Théophile a créé une identité visuelle. Claire et Clarie ont géré la logistique et les listes (apporteurs, contributeurs, aides diverses…). Le collectif a préparé le matériel, sous l’oeil bienveillant de deux mouliniers professionnels, puis organisé le week-end de la « moulinade ». Tout cela devant l’objectif de la caméra de Guillaume.

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Scourtin. Photo Guillaume Poux

 

L’huile

Ce moulin est de type moulin à sang : il fonctionne grâce à la force animale, mais aussi grâce à la force des hommes. Une fois les olives placées sur la meule dormante, le cheval , en tournant, active la meule tournante qui écrase ainsi les olives. Après le broyage, la pâte d’olive est prête. La pâte ainsi obtenue est placée dans des poches en fibres végétales appelées scourtins (escourtins en provençal), placées les unes sur les autres dans une  presse. Pour actionner la presse, les hommes entrent en action pour manoeuvrer le grand bras levier de bois qui fait tourner la vis sans fin. Cette pression permet d’extraire le jus. Et l’on voit l’huile d’abord suinter puis couler de toutes parts des scourtins. Il s’agit en fait de « la fleur d’huile ».

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Presse de la pâte. Photo Guillaume Poux

 

S’ensuivra un travail de décantage qui permettra de séparer l’huile, l’eau et les impuretés. Pour ce premier pressage, malgré une année généralement pauvre en olives, le moulin a reçu environ 500 kg d’une trentaine de particuliers des environs et de deux moulins modernes. Le plaisir a été le même pour tous, celui de voir naître une huile d’olive de qualité, rustique, à l’ancienne.

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Photo Guillaume Poux

Un moment de partage

La salade a désormais un goût particulier quand elle est assaisonnée avec l’huile du Moulin de la Croix. Mais ce n’était peut-être pas le plus important. Pour Philippe Calot, « aujourd’hui, le moulin est redevenu actif, c’est formidable de partager cette aventure
unique en faisant revivre une activité éteinte depuis près de 80 ans. Depuis le début de ce projet un peu fou, nous avons toujours été soutenus, il n’y a qu’à voir le nombre de curieux. Notre but avant tout, était d’impliquer le maximum de personnes afin de partager le projet, afin de le VIVRE ENSEMBLE ! Nous avons vécu des moments uniques. »

Guillaume Poux – Article paru dans Le Monde des Moulins N°52 – Avril 2015

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