Près la bastide de Bénévent, commune de Saint Laurent-des-Hommes, le moulin de Bénévent est situé sur la rive gauche de la rivière, entre le moulin du Duellas en aval et le moulin de Chandos en amont. Le moulin de Bénévent est attesté depuis le Xlle siècle dont l’existence est, dit-on, antérieure à la navigation. Un acte d’échange passé entre 1160 et 1692 entre Pierre de Didonne, abbé de la Sauve- Majeure et Maximine, abbesse de Ligueux, le mentionne ainsi : «locum molendinorum quam habebamus in fluvio Ella in altera rippa», environ un siècle avant la création de la bastide.
En 1696, un bâtiment « le pressoir » sur la rivière est séparé de la rive gauche par un pas du roi et s’appuie sur un îlot que son barrage protège.
Les moulins de Bénévent au nombre de quatre appartenant en 1749 au sieur de Cosson de Lisle sont situés sur la rivière. François Lavau est un des meuniers. En 1767, il possède toujours quatre paires de meules et un pressoir à huile et appartient à la famille de Cosson de Lisle. Le pressoir à huile est construit au-delà du pas du roi ou pertuis situé entre les deux bâtiments. Un procès verbal de l’état des moulins distingue en effet un moulin à huile et trois autres ayant « chacun deux meules tournantes et l’autre dessous lesquels moulins sont à l’ancienne mode au carré ayant néanmoins des gardes fons dans l’intérieur du carré ».
Le 15 juillet 1672, Marguerite Beneit, épouse de Pierre Durieu, décède au moulin.
Le meunier Bernard Durriu, époux de Jeanne Chazaud, décède le 25 décembre 1674, quelques mois après la naissance de son fils Bernard, il est enseveli dans l’église de Saint Laurent-des-Hommes. Ensuite c’est le couple Pierre Lavau et Léonne Déviers vers 1689 ; en 1592, Jean Richon est farinier des moulins.
François Lavau, marié avec Catherine Deviers, est meunier entre 1723 à 1730 au moins. En 1733, Pierre Moze, âgé de 40 ans, décède au moulin. De nombreux meuniers s’y succèdent ensuite.
En 1751, naissance de Jacques Nadau, fils de Pierre et d’Anne Bartoumieux.
Le 13 octobre 1769, décès de Toinette Champeau, âgée de 80 ans; elle serait née vers 1689.
Le 9 mars 1775, décès de Jacques Barthelemi, âgé de 40 ans.
Le 8 novembre 1818, naissance de Marie Lavau d’Antoine et de Marie Barraux.
En 1833, Pierre Jaubert, meunier et nouveau propriétaire du moulin sollicite la permission de rétablir le pressoir à huile qui existait anciennement dans son moulin contre le bajoyer gauche du barrage de Bénévent. Il se composait de cinq meutes tournantes avec chacune leur cours d’eau : quatre pour la farine et une pour l’huile. L’intention de Pierre Jaubert est de construire un pressoir sur la rive gauche séparé de l’échampoir pour éviter l’incendie qui avait détruit le précédent pressoir. Un arrêté préfectoral, daté du 11 juin 1840, l’autorise à reconstruire un bâtiment en pierre sur son ancien emplacement. Les fondations sont conservées sauf du côté aval où deux baies en plein cintre remplacent les poutres. Les canaux d’amenée sont diminués de moitié. La bâtisse est rehaussée de trois niveaux. Le moulin mesure alors 15,66 mètres de long sur 8,70 de large. Finalement l’établissement d’une meule à huile est approuvé par une ordonnance royale du 2 novembre 1840 sous condition que monsieur Jaubert payerait une redevance annuelle à l’Etal pour l’eau qu’il prend.
Entre 1847 et 1850, le barrage qui était en terre est reconstruit en pierre.
En 1860, une carderie est ajoutée aux quatre meules et au pressoir. En 1861, le moulin est racheté par Jacques Chambon à Jean Jaubert aîné. En 1864, Jacques Chambon, propriétaire du moulin, demande à acquérir la portion du vieux canal de Bénévent qui touche sa propriété.
En 1876, modernisation oblige, une turbine Fontaine-Baron, de 2 m de diamètre et d’une puissance 25 à 30 CV, remplace le rouet. Elle actionne six paires de meules montées « à l’anglaise ». Le quatrième rouet, situé près du pas du roi, a laissé place à un moteur actionnant la bluterie.
Le rouet du pressoir commande une scierie et le pétrin de la boulangerie.
Dans la nuit du 15 au 16 juin 1892, le moulin est totalement détruit par un incendie et il ne reste que les fondations et le feu a endommagé la partie supérieure de la charpente du pertuis. Le pas du roi qui sert à régler les eaux de la rivière est fermé par un vannage à charpente établi en 1860. Dès le 13 juillet, Chambon demande l’autorisation de le reconstruire. En 1904, le soubassement est percé de six prises d’eau. Depuis la rive gauche, la première prise s’ouvre sur une chambre d’eau abritant un rouet à seize aubes qui reçoit l’eau latéralement par douze orifices d’un distributeur fixe cylindrique. En 1917, ce moulin tenu par le minotier Chambon possède un bon outillage et travaille essentiellement avec le Cantal.
En 1936, la force motrice principale reste l’eau avec une turbine Fontaine à axe vertical et deux rouets qui développent ensemble 60 CV.
Le moulin a fonctionné jusqu’en 1988. Il appartient toujours à la famille Chambon.
Plan du moulin de Bénévent
Ghislaine Lajonie – Article paru dans le Monde des Moulins – N°27 – janvier 2009
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