Historique
C’est un moulin à vent construit en 1622, comme l’indique l’écusson situé au-dessus de sa porte Est. Il a eu deux vies si l’on considère l’encadrement des portes en pierre de taille lors de sa construction et les encadrements de ses fenêtres en briquette, matériau qui n’existait pas en 1622.
Dégradé pendant la Révolution, il fut reconstruit en 1898. Il a d’ailleurs été rehaussé, probablement lorsqu’il a été équipé du système Berton.
Selon les recherches historiques de Jean-François Caraës dans son livre « C’était la clé de tout le pays de Retz. Regards historiques sur Port-Saint-Père » édité en 2001, ce moulin fut la propriété de la seigneurie du Bouvet dont il a pris le patronyme ; il s’est ensuite transformé en « Beauvet » au fil du temps, fut annexé à la seigneurie de La Tour en 1681 et, enfin, à la seigneurie de Granville en 1786, au travers d’achats ou de successions.
Le dernier meunier, Louis Verger, l’a exploité jusqu’à la dernière guerre.
Dans les années 70, il a été racheté par un pépiniériste qui l’a transformé en habitation avec trois étages, mais en lui conservant le mécanisme sous toiture et les verges. En 1996, il ne lui restait déjà plus que trois verges ;
puis la tempête de 1998 en a fait tomber une deuxième (sans dommages). Après expertise, il a fallu se résoudre à supprimer les deux dernières verges et la partie extérieure du mécanisme, trop endommagées et potentiellement dangereuses, en coupant l’arbre au ras de la lucarne. Ainsi, de l’intérieur, on pourrait croire que les ailes sont toujours là.
Du mécanisme restant, après démontage des meules et de leurs dispositifs de rotation, ont été conservés :
- la crémaillère permettant de faire tourner la toiture avec son système de chaîne sans fin démultiplié et les crochets métalliques permettant de la stabiliser avec des chaînes, une fois dans la position voulue.
- l’arbre moteur, avec son rouet en bois qui est remarquable (comme me l’ont indiqué les représentants de l’Association des Moulins de Loire-Atlantique venus le visiter), avec ses quatre bras enserrant l’arbre au lieu de deux habituellement, et le mécanisme Berton de commande des ailes.
D’autres pièces, dont le marbre, la lanterne, le grand fer, la grande fourche… sont entreposées dans des dépendances.
En 2005, la société des Historiens du Pays de Retz, à laquelle est rattachée la commune de Port-Saint-Père, l’a répertorié parmi les treize moulins à vent qui ont existé dans cette localité. Actuellement, il n’en reste plus que quatre, dont seulement deux sont entretenus, et le Moulin de Beauvet est le dernier à avoir conservé une partie de son mécanisme.
Transformation en habitation
La transformation en habitation a été réalisée vers la fin des années 1960.
Le site du moulin a été paysagé dans les années 1970 par le pépiniériste alors propriétaire. Le moulin est désormais enchâssé dans son environnement où la biodiversité trouve toute sa place.
L’entretien ainsi que la mise en valeur du moulin et de son environnement paysager sont une préoccupation de tous les instants.
Bien qu’ayant perdu ses ailes depuis 1998, le moulin garde tout son caractère de patrimoine local représentatif du passé de la commune.
La maison attenante a été agrandie dans le respect de l’environnement du moulin. Les étages d’habitation s’appuient sur les poutres d’origine dont certaines sont visibles. L’aménagement a été amélioré par des doubles planchers pour y insérer, à chaque étage, des trappes coulissantes afin de permettre d’isoler chaque niveau.
Des volets intérieurs ont été créés pour ne pas déparer l’extérieur.
La toiture a été refaite entièrement en 2019 avec l’ajout d’une girouette en cuivre qui se dresse fièrement au-dessus de son poinçon en cuivre.
L’avenir
C’est un avenir plutôt sombre si le projet de mise à 2 x 2 voies de la route départementale, qui longe la propriété et menace le moulin, est validé. Ce que ni les tempêtes ni la Révolution française n’ont réussi, une route pourrait le faire !
Ce projet, qui revient régulièrement à l’actualité, a été réactivé en 2020 avec une « Concertation Préalable ». Deux des trois tracés exposés par le département de Loire-Atlantique menacent le moulin de destruction, ce qui ne se laissait pas prévoir, seul l’autre côté de la route étant frappé d’alignement.
Afin de sensibiliser la municipalité, nous avons fait visiter le moulin au maire et aux adjoints à l’environnement et l’aménagement du territoire…
Outre la demande d’une étude pour un nouveau tracé de la route, ce que le département accepte dans le principe, une demande de classement a été déposée à la DRAC de Loire-Atlantique.
Enfin, les Associations des Moulins et l’Association Patrimoine Environnement ont été sollicitées pour aider à la défense de ce patrimoine.
Sans autre prétention, je suis et reste un « passeur d’histoire » et, en théorie, le moulin devrait me survivre… sauf si ?
Françoise Moniot,
propriétaire du Moulin de Beauvet
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