Le site des Moulins de France
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Naours est un village d’un peu plus de 1000 habitants, situé à 18 km au nord d’Amiens. À l’époque gallo-romaine, des carrières y ont été ouvertes pour extraire sa pierre blanche et l’utiliser dans les constructions (église, château, etc.). Plus tard, ces carrières ont été aménagées pour être occupées lors des multiples invasions de l’an 1000 à 1710, ainsi les habitants échappaient à l’ennemi.

Vue des moulins sur la colline du Guet après leur remontage, 1963 environ – Carte postale ancienne – Cliché Matthieu Beuvin

Vue emblématique du bâtiment d’entrée de la Cité souterraine. En arrière plan, les ailes du Moulin du Belcan (le deuxième moulin) – Raphodon / Wilkipédia

Célèbre par ses souterrains, refuges ou « muches » (de « se mucher », qui signifie se cacher en picard), il est nommé la ‘’Cité souterraine’’. Cette cité se trouve dans le sous-sol de la colline du Guet.
À cette époque, des moulins s’élevaient sur la colline. Ils furent détruits lors de la Guerre de Trente ans (1618 à 1648).
Et c’est aussi à cette époque, en 1622, qu’un moulin à vent sur pivot était bâti à Stavèle en Belgique.

Le Moulin de Stavèle, encore en bon état – Cliché Pierre Jacques/Ministère de la Culture

Trois siècles plus tard, Raymond Martin est devenu propriétaire du site de la Cité souterraine, après que l’abbé Danicourt l’eut redécouverte en 1887. Il donne au domaine les bases de son aspect actuel et décide d’installer à nouveau des moulins sur la colline du Guet, en 1961 puis en 1963. Ils sont démontés dans leur contrée d’origine, transportés et remontés à Naours. Tous deux sont inscrits à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques.
Peu à peu, comme la Cité souterraine, les moulins sont associés au nom du village, bien au-delà de ses limites. Un moulin figure dans le logo de la commune.

Cependant, après avoir été librement accessibles aux visiteurs de la Cité souterraine pendant plusieurs années, l’évolution des normes de sécurité conduit à leur fermeture au public.
Un peu oubliés, leur entretien est négligé. Ainsi, l’état du Moulin de Stavèle est-il devenu si précaire que la DRAC n’a eu d’autre choix que d’autoriser son démontage en 2017. Cette opération fut prise en charge par Mme Barbier, propriétaire du moulin.

Une vue du démontage – Cliché Erwin Schriever

M. Thierry Garet, du cabinet d’architecture Duplat (architecte en chef des Monuments Historiques à St-Cyr-l’École), et M. Erwin Schriever, charpentier molinologue, ont travaillé en étroite collaboration pendant cette première phase. Depuis, deux abris protègent les pièces sauvegardées.

Les abris qui protègent les éléments du moulin jusqu’au début de sa restauration – Cliché Erwin Schriever

Les caractéristiques du projet et l’importance du coût du remontage nécessitaient une implication forte pour que le moulin puisse se relever dans un délai raisonnable.
L’Association Norpatrimoine, soucieuse du patrimoine architectural du village depuis 2003, a alors entrepris les démarches pour devenir maître d’ouvrage et trouver des partenaires.
La DRAC, la Fondation du Patrimoine, le Département, l’Intercommunalité, la commune, la Fédération des Moulins de France, la Cité souterraine, le Crédit agricole Brie Picardie et l’Association des Moulins Champenois sont maintenant associés au projet.
En 2019, celui-ci a été retenu dans la Somme par le Loto du Patrimoine.
Au vu de l’avancement des volets financier et administratif, le remontage et la remise en activité du Moulin de Stavèle pourraient avoir lieu en 2020.
Nous avons hâte de voir, à nouveau, la passion et le savoir-faire de Thierry Garet et d’Erwin Schriever s’exprimer, cette fois, pour remettre debout le moulin et voir tourner ses ailes.
D’ici là, la réflexion va se poursuivre sur les activités qui seront mises en place autour du moulin, à nouveau en activité.
Elles auront pour but de valoriser un élément du patrimoine rural devenu rare. Elles s’attacheront à transmettre des savoir-faire ancestraux qui ont été transformés par la modernité, mais dont la finalité nous est toujours indispensable.
Des visites guidées, des ateliers participatifs adaptés aux différents âges seront organisés ainsi que des rassemblements culturels, festifs.
La production de farine permettra d’envisager la fabrication de pain, crêpes, gaufres à déguster au bar de la Cité souterraine.
Le parcours hors du commun de ce moulin nous renvoie à notre fragilité humaine ; l’aventure en cours nous en console.

Monique Lefer, membre de l’Association Norpatrimo

Paru dans le Monde des Moulins n°72 d’avril 2020

Catégories : Vie des associations

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