Marc Léchelle n’est jamais à court d’idées lorsqu’il s’agit de valoriser les moulins. Après avoir lu dans une monographie communale l’histoire de la fonderie de canons de Combiers, il a voulu rendre hommage à cette fonderie en y transportant le canon qu’il a en sa possession, afin que l’industrie métallurgique ne sombre pas dans l’oubli.
Cette commune, située à la limite du Périgord et de l’Angoumois ne compte aujourd’hui qu’une centaine d’habitants (elle en avait 700 en 1817) pour ses 2398 hectares et ses 28 villages, non compris le bourg.
Ce qui fait le charme de Combiers, ce sont ses forêts, sa rivière la Nizonne surnommée “la rivière de cristal” et cette paix rurale que l’on y trouve loin des villes surpeuplées.
Son sous-sol, à peu de profondeur, contenait du minerai de qualité, et c’est pour ces trois raisons : bois, eau et minerai, que Combiers dès le XVème siècle a vu se créer plusieurs forges fonderies que l’on nommait alors moulins à fer.
Celui de la Mouline et celui du Cluzeau construits sur de très petits cours d’eau ont cessé leur activité au début du XVIIIème siècle, mais l’existence de celui du bourg de Combiers mieux situé sur une rivière importante, la Nizonne, s’est maintenu pendant 4 siècles.
Créée en 1487 par Jean de la Roche, seigneur de La Rochebeaucourt (commune limitrophe) la forge, pendant tout le XVIème siècle a fonctionné avec différents fermiers. De 1629 à 1737 la famille de Galard de Béarn en a fait une fabrique de canons et autres ustensiles de guerre, car, à cette époque, la demande était très forte. Cette demande cessant, en 1768 la forge est en ruine, mais grâce à l’esprit d’entreprise des Galard de Béarn qui avaient besoin de continuer à tirer un revenu de leurs forêts et du minerai local, la fonderie fonctionne de nouveau en 1788 mais en fabriquant des chaudières pour les sucreries.
Après un moment d’arrêt, nouveau départ en 1815.
A partir de cette date et jusqu’à la fermeture de l’usine en 1890, on fabriquera à Combiers exclusivement des pots, des marmites et des chaudières en fonte : après le tumulte des champs de bataille, la paix de la vie quotidienne !
Vers 1850 la fonderie est une importante usine avec quatre roues hydrauliques ; le martinet est actionné par une roue à la Poncelet de 8 mètres de diamètre.
Son déclin vers 1880 est dû à la concurrence que lui font d’autres usines dont l’accès est plus aisé, car il n’y a pas de route digne de ce nom pour desservir Combiers et le transport des marchandises est devenu très onéreux et aléatoire.
Se souvenir et ne pas oublier
Le canon que possède Marc Léchelle n’a pas été fondu à Combiers, mais à Ruelle en Charente, petite ville sur la Touvre mondialement connue, mais ce qui compte c’est le symbole.
Il aurait été plaisant d’avoir également un spécimen de la production de marmites et de chaudières, qui portaient en relief l’origine de leur fabrication. Aussi surprenant que cela puisse être, on n’en trouve pas localement. C’est par hasard qu’un débris de chaudière a été déterré et l’on a dû se contenter de ce vestige.
Et ce 24 novembre 2006, malgré un froid très vif, le canon-symbole a été déposé devant la mairie de Combiers, puis dans la cour de l’ancienne forge qui comprend encore de vastes bâtiments et enfin près de l’écluse du Moulin Neuf, moulin à blé qui ne moud plus depuis quelques dizaines d’années.
Outre les photos prises sous tous les angles, un objet orne maintenant la mairie de Combiers : il s’agit d’un très beau panneau sculpté en chêne, oeuvre d’André Moreau, talentueux ébéniste.
L’objet en forme de demi-lune, peut être décrit sommairement à la manière d’un blason : portant en chef Combiers 1487-1890 et chargé
d’un canon.
Michelle Aillot
Paru dans le Monde des Moulins n°20 d’avril 2007
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