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Diversité et complexité

Le mesurage des grains a toujours été une affaire complexe, peut-être parce qu’il concerne, entre autres, le commerce des céréales panifi ables et que le pain a été la nourriture de base pendant des siècles. Cette complexité est largement illustrée au XVIIIème siècle. La mise en oeuvre du Système métrique décimal au début du XIXème siècle n’a pas transformé les habitudes d’un coup de baguette magique.

Une difficile application

Les recherches engagées aux Archives départementales de la Loire nous ont permis de découvrir de nombreux courriers échangés entre les maires et le préfet sur le mesurage et le pesage du grain.
Dès 1814, le ministre de l’Intérieur a demandé aux préfets de fournir chaque année un tableau comparatif du poids des grains (froment et seigle toujours mais parfois aussi orge et avoine) par hectolitre afi n d’établir la taxe sur le pain. Chaque maire a répondu à sa façon, les uns faisant référence aux mesures métriques (kilogrammes, hectolitres), d’autres aux mesures « usuelles » de 1812 (livres de 500 g, doubles boisseaux…), certains en sont encore à la livre « gros poids de Paris » (489,5 g) ou à la livre « petit poids de Lyon » (409,6 g), mélangent les différents systèmes ou font n’importe quoi.

Quelques exemples

Le 12 décembre 1820, le maire de Saint-André-le-Puy écrit : « Nous avons reconnu que le poids du froment était de 36 livres le double décalitre, le seigle de 34 livres, ce qui ferait 45 livres le double boisseau froment et en seigle 40 livres et demie le double boisseau. »
Le 13 décembre 1820, le maire de Coutouvre note : « Vous me demandez le poids du blé froment, il pèse 34 livres poids de Lyon, ancienne mesure de Roanne, ou 170 livres l’hectolitre même poids de Lyon. Je n’ai pas
encore un nouveau poids. »

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La trémie de l’Intendance (schéma)

Le 18 décembre 1820, le maire de Saint-Rambert écrit : « Le résultat de ces trois pesages… donne au gros poids 154 livres pour un hectolitre et au petit poids de Lyon 184 livres pour un hectolitre. »
Le 4 janvier 1821, le sous-préfet de Roanne signale au préfet: « Je dois présumer que l’opération n’a pas été faite avec soin et… quelques maires n’auront point défalqué la tare de leurs sacs de grains tandis que d’autres l’auront fait. »
Le 1er juin 1821, le maire de Pouilly-les-Feurs répond : « N’étant pas pourvu de ces mesures et d’une romaine nécessaires pour fi xer le poids métrique des grains, je suis dans l’impossibilité de répondre à votre circulaire à ce sujet. »

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Les grains remplissent la mesure. Photo DR.

Une réglementation sévère

La loi du 4 juillet 1837 rendra le Système métrique décimal « obligatoire et exclusif » à compter du 1er janvier 1840. Quant aux mesures à grains, elles ont été défi nies avec précision dans l’Atlas des mesures de 1839.
La mise en oeuvre de certaines mesures se fait selon un véritable rituel.

Un véritable rituel

C’est le cas de la Trémie de l’Intendance, utilisée à l’origine par l’autorité militaire pour déterminer les meilleures conditions d’achat du grain pour les hommes (froment et seigle) et pour les chevaux (avoine) ; le système sera progressivement généralisé à l’ensemble des marchés et de la profession meunière à partir de 1920.
Le texte suivant, qui décrit ce rituel, est extrait du Cours de poids et mesures de M.F. Viaud, publié en 1933.

« On pourrait dire par exemple que « le poids à l’hectolitre d’un grain » est le poids de ce grain contenu dans un hectolitre étalon préalablement défi ni et rempli suivant un mode opératoire convenu à l’aide d’une trémie de dimensions données. Pour des raisons de commodité pratique, on se sert d’un demihectolitre et on dira que le poids à l’hectolitre d’un grain est deux fois le poids de grain contenu dans un demi-hectolitre étalon rempli
à l’aide de sa trémie, suivant un mode opératoire convenu.
Il est indispensable de fi xer le mode opératoire. Les grains se placent, en effet, très différemment dans une mesure suivant qu’ils sont versés lentement ou avec une certaine vitesse ; la forme de la mesure a une certaine infl uence ; l’arrangement des grains peut être encore notablement modifi é si on détermine un tassement en ébranlant la mesure. Il importe également de tenir compte de l’état physique du grain qui le rend plus ou moins glissant : des grains humides et ridés laisseront entre eux un vide plus grand que les grains lisses et lustrés.

Le procédé classique employé par l’Intendance militaire pour la détermination du poids spécifi que est celui de la trémie conique (fi g. 43 en page gauche), reconnue d’ailleurs par les marchés de Paris, Lille, etc, dont les
dimensions ne sont toujours pas absolument conformes à celles de la trémie-type (1872). La chute du grain se fait dans l’axe de la mesure placée en dessous, à partir d’une hauteur déterminée et fi xe.

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L’arasage de la mesure. Photo DR.

La trappe de la trémie étant fermée, et le rouleau araseur poussé à fond de course sur la gauche, on emplit la trémie avec le grain dont on veut connaître le poids à l’hectolitre, on abat le trop-plein avec une règle et on ouvre la trappe entièrement et d’un coup sec. Le grain doit tomber en un jet exactement dans l’axe de la mesure, matérialisé par la tringle verticale de la potence. Il remplit le demihectolitre en formant un comble.
Aussitôt après la fi n du jet et sans fermer la trappe, on arase la mesure. Dans cette dernière opération, on évite un temps d’arrêt et , à cet effet, on procède comme suit : avec la main gauche, on amène le rouleau araseur doucement contre le bord de la mesure, on le pousse jusqu’au milieu où se trouve l’un des montants de l’armature puis on saisit de la main droite pour lui faire terminer son évolution. Alors on retire la trémie
et on pèse le grain avec la mesure dont la tare (en principe, 10 kilogrammes exactement) est déduite. On double le résultat ou on fait une deuxième expérience avec une nouvelle portion de blé pour avoir le poids à l’hectolitre.

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La pesée de la mesure pleine. Photo DR.

Les chocs doivent être soigneusement évités ; seul l’opérateur devra être à côté de la trémie ; toutes les opérations doivent être faites par lui. L’ouverture de la trappe ne doit se faire que lorsqu’il sera en bonne position pour effectuer l’arasement. Si un heurt quelconque se produit entre l’ouverture de la trappe et l’arasage, l’essai doit être annulé. En aucun cas, le blé venant de servir pour une mesure ne doit être utilisé pour une autre mesure.

Les résultats peuvent être faussés soit en ouvrant à moitié la trappe, soit en plaçant le rouleau au centre du demi-hectolitre. »

Bernard MASSON – Article paru dans le Monde des Moulins – N°32 – avril 2010

Catégories : Histoire

1 commentaire

Giroud Sylvie · 3 octobre 2021 à 11 h 33 min

Connaissez-vous quelqu’un qui serait intéressé par cette trémie de l’indépendance j’en ai une dans mon garage merci de me contacter.
Tél : 0687832206

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