« Curieuse Visite Curieuse »

Association Au Four et au Moulin

 

Dans le cadre de la Fête de la Science 2022, a eu lieu le dimanche 9 octobre, au Moulin à vent de Montbrun-Lauragais, une visite particulière : « Curieuse Visite Curieuse »

Il s’est agi d’une visite animée et commentée, organisée par Les Chemins Buissonniers, association spécialisée dans la production de spectacles, associant une présentation artistique et des interventions scientifiques dans des lieux permettant d’illustrer les thèmes choisis. Une invitation a été lancée sur le thème du VENT sous le titre  « Il n’y a pas que les cyclistes qui moulinent face au vent » et avec l’annonce suivante :                                           

Pourquoi les ailes des moulins tournent-elles ? Grâce au vent. Pourquoi y a-t-il du vent ? Venez remonter avec nous le fil des questions et des réponses devant un moulin à vent traditionnel. Venez écouter ses craquements, sentir l’odeur de la farine, voir tourner ses ailes et comprendre son fonctionnement grâce aux guides de l’Association Au Four et au Moulin. L’occasion de se poser la question : d’où vient le vent ? Et pour y répondre : deux météorologistes nous accompagnent. Car pour faire tourner un modeste moulin du Lauragais, il faut les Pyrénées, la Méditerranée, l’Océan atlantique et de l’air, beaucoup d’air. Et d’air, cette Curieuse Visite Curieuse n’en manque pas grâce au concours d’un comédien qui n’a pas peur de revisiter avec humour les histoires de vent, de moulins et de meuniers.

Cette  » Curieuse Visite Curieuse » a mis en scène un comédien, Fabrice Guérin, deux météorologues, Sébastien Laflorencie et Vincent Hartmann, avec trois guides de l’Association « Au four et au Moulin » : Dominique et Christian Rouget ainsi que  Jean-Luc Moles. L’Association « Les Chemins Buissonniers » était représentée par Gwenaëlle Sarrat, organisatrice.

Par une très belle journée ensoleillée, le groupe s’est donné rendez-vous sur l’esplanade mairie-église du village, puis a déambulé tranquillement vers l’espace du moulin et le moulin lui-même. Chaque arrêt donnait lieu à des interventions du comédien, des météorologues et des guides du moulin, abordant les sujets résumés ci-dessous.

Où sommes-nous ?

Le comédien nous propose une série de digressions, circonvolutions et jeux de mots humoristiques autour de l’orage gai et de l’orage triste jusqu’à aboutir à son étymologie de Montbrun-Lauragais : la colline sombre de l’orage gai !

Montbrun-Lauragais est situé au plus haut des coteaux du Sud-Est toulousain, à 290 m d’altitude, et offre une perspective remarquable sur les Pyrénées et la plaine de l’Hers, jusqu’à la Montagne Noire. 

Nous nous situons géographiquement aux confins du bassin versant des Pyrénées (au sud) et du bassin versant de la Montagne Noire (au nord-nord-est). 

Les orages du Lauragais trouvent régulièrement leur origine sur les Pyrénées pour remonter progressivement sur la région. 

Le Lauragais connaît un vent local assez turbulent, le vent d’Autan, qui prend naissance au « seuil de Naurouze », zone de partage des eaux pour le Canal du Midi,  entre le versant atlantique et le versant méditerranéen.

 

Les moulins                       

Nous débutons par le conte du meunier qui passe un pacte avec le Diable pour déplacer son moulin au sommet de la colline en lui promettant l’âme de son bébé à naître. Heureusement, la meunière se joue du Diable, obtient le déplacement du moulin et sauve l’âme de son fils nouveau-né.

Le Lauragais est une terre de céréales et de vents. 

Du blé, des vents qui soufflent plus de 300 jours par an, peu de ruisseaux à débit régulier, des coteaux orientés est/ouest, voilà rapidement brossé le portrait d’un pays qui ne pouvait qu’accueillir des moulins. 

La construction des moulins, dès le XIII^e siècle, s’est rapidement diffusée avec l’assèchement des marécages qui comptaient quelques moulins hydrauliques. La plupart des villages possédaient un ou plusieurs moulins. En totalisant les moulins à eau et les moulins à vents, on comptait environ un moulin pour 250 à 300 habitants.

Le Moulin de Montbrun-Lauragais a été construit en 1680 suivant l’architecture courante des moulins à vent du Lauragais : fût tronconique de 6 m de diamètre, murs de 1,10 m d’épaisseur, hauteur 10 m jusqu’à la pointe de la girouette, axe des ailes à 8,50 m du sol, 4 ailes vrillées de 2 m de large et 8 m de long, munies de 16 barreaux.

Le vent

Notre conteur raconte qu’Éole confia à Ulysse une outre fermée contenant les vents qui devaient l’aider à rejoindre Ithaque contre la promesse de ne libérer les vents qu’une fois arrivé à destination. Les compagnons d’Ulysse, persuadés que l’outre contenait un fabuleux trésor, l’ouvrirent et libérèrent les vents qui déroutèrent le bateau.

Le principal moteur qui fait souffler le vent est la variation de pression atmosphérique. Le vent (air en déplacement) se produit toujours des zones de hautes pressions atmosphériques (anticyclone, temps très calme) vers les dépressions (vents tempétueux). Ces grands écoulements de vents dominants sont observés à échelle continentale. Les différences de pression peuvent s’expliquer par des différences de températures. Ainsi, de l’air chaud sera léger (basse pression) et de l’air froid sera lourd (haute pression). 

Les directions des vents

Uentos est la divinité gauloise du vent, lien entre la Terre et le Ciel, gardien de l’atmosphère mais aussi des chemins et des directions. Notre comédien imagine en jouant sur les mots et consonnances « à la Raymond Devos » les conséquences de nos pertes des directions si Uentos venait à s’endormir.

La France métropolitaine se trouvant à mi-chemin entre l’équateur et le pôle, la circulation générale atmosphérique y provoque des vents dominants d’ouest, plus précisément de secteur sud-ouest à nord-ouest (dominante d’ouest / nord-ouest sur le Lauragais). Malgré cette circulation générale, les effets locaux sont nombreux et peuvent donner naissance à des vents capricieux, la plupart du temps liés au relief. Outre le vent d’ouest appelé « Cers », le vent local auquel est soumis le Moulin de Montbrun est un vent de sud-est qui, nommé « Marin » sur la côte méditerranéenne, devient « vent d’Autan » dans le Lauragais. Ce vent local est directement lié à une circulation générale de secteur sud-ouest sur l’Espagne et les Pyrénées.

Le Moulin de Montbrun-Lauragais bénéficie donc des deux vents dominants de la région : le Cers et l’Autan. Mais il ne suffit pas qu’il y ait du vent pour faire tourner un moulin. Il faut aussi :

• que les ailes aient été vrillées dès la construction du moulin
• mettre les ailes face au vent, d’où l’intérêt de la girouette placée sur le toit qui indique d’où vient le vent et du cabestan pour faire tourner l’ensemble du toit appelé « capelade ».
• entoiler les ailes : pour cela, le meunier immobilise successivement les quatre ailes pour fixer les toiles en haut de chacune d’elles. En fonction de la force du vent, il peut installer toutes les toiles ou la moitié, ou moins encore en gardant bien la symétrie sur l’ensemble des ailes.    

Nous remarquerons que la maison du meunier est positionnée de manière à ne pas gêner les vents dominants.

La force du vent 

Le vent était tellement fort ce jour-là que Nasreddine, surpris en train de voler des poireaux, se justifie en disant que pour lutter contre le vent, il s’est accroché aux poireaux qui se sont arrachés tellement le vent poussait fort !

Qu’est-ce qu’une tempête ? On définit une « tempête » sur le territoire à partir de 89 km/h de vent moyen. 

Qu’est-ce qu’un vent moyen ? Une vitesse de vent calculée sur la moyenne de la mesure de sa vitesse à 10 m de hauteur pendant 10 minutes.

Qu’est-ce qu’une rafale ? On parle de « rafale » lorsque la vitesse du vent instantané dépasse celle du vent moyen de plus de 18 km/h. 

La force et la direction du vent sont mesurées à l’aide d’un anémomètre ou estimées grâce à une manche à air. 

Lorsque le vent souffle à plus de 50 km/h, il est déconseillé de faire fonctionner le moulin afin d’éviter un emballement destructeur.

Visite du moulin         

Une compagnie ferroviaire du grand nord canadien faisait face à des déraillements de train en passant dans une zone de forts vents. Un trappeur qui vivait là prit l’habitude d’alerter la compagnie ferroviaire lorsqu’il pressentait de forts vents, évitant ainsi de nombreux accidents. À sa mort, la compagnie installa un anémomètre au niveau de sa cabane.

Très classiquement, nous retrouvons à l’intérieur du moulin l’axe des ailes incliné d’environ 10°, le rouet de 40 alluchons et son frein, la grande lanterne de 17 dents, le hérisson de 136 dents, la petite lanterne de 54 dents et deux paires de meules en silex (celle de gauche est démontée). Grâce aux engrenages, la meule volante tourne 6 fois plus vite que les ailes.

Trémie, auget, babillard et cavalet assurent l’alimentation des meules en grain pour obtenir la mouture réceptionnée par l’archure avant de tomber dans la caisse farinière, mouture dont nous extrayons la farine grâce à un ancien blutoir à manivelle ou à une moderne tamiseuse électrique.

Nous terminons la visite par une mise en rotation des ailes et des meules grâce à une assistance électrique. 

En se séparant, les 47 visiteurs ont exprimé un grand intérêt pour les sujets abordés et une grande satisfaction pour la manière dont l’animation de cet évènement s’est déroulée.

 

 

L’Association Au Four et au Moulin de Montbrun-Lauragais

Dominique Rouget, présidente 

Jean-Luc Moles, trésorier

Christian Rouget, animateur