le moulin de Nieul sur l’Autise – cliché Maison de la Meunerie
Situé dans la plaine vendéenne, en bordure du Marais Mouillé, Nieul-sur-l’Autise n’est pas un village maraîchin. Historiquement pourtant, une partie du destin du Marais Poitevin s’est joué ici. Au Moyen Age, les moines de l’Abbaye de Nieul-sur-l’Autise ont contribué aux premiers grands travaux d’assèchement. Aujourd’hui encore, la commune reste intimement liée au territoire maraîchin. Comme le Lay, le Curé, la Vendée ou le Mignon, l’Autise est en effet l’une des multiples rivières qui draine le bassin versant du Marais Poitevin. Chaque hiver, lorsque les pluies se prolongent, le Marais Mouillé gonflé par les cours d’eau s’écoulant vers lui, ne parvient plus à contenir la masse liquide. Privé de leur exutoire, les rivières débordent en amont, inondant terres et communes alentour. Au coeur même du village de Nieul-sur-l’Autise, comme au moulin, l’eau se glisse chaque hiver dans les maisons. Les inondations ne durent pas. Le temps d’une ou deux marées descendantes, le Marais Mouillé se désengorge et les villages de la plaine retrouvent une situation normale.
la roue du moulin – cliché de la Maison de la Meunerie
Le Moulin de Nieul sur l’Autise abrite la Maison de la Meunerie. C’est un vieux moulin comme il en existait tant autrefois. Au début du XXéme siècle, la Vendée comptait encore sur ses terres 1900 moulins, dont huit sur la commune de Nieul-sur-l’Autise. Le développement des moteurs à vapeur à partir de la guerre de 1914 – 1918 a marqué la fin d’une époque . Les uns après les autres, les 1300 moulins à vent et les 600 moulins à eau vendéens ont arrêté de tourner. A ce jour seule une douzaine est encore en fonctionnement sur le département , soit 7 moulins à vent et 5 moulins à eau. Le moulin de Nieul-sur- l’Autise lui-même revient de loin. Longtemps abandonné, il doit son retour sur scène à André Limoges, figure locale, qui créa en 1977 l’association des Geurnivelles et a permis la restauration du moulin. Visitable depuis le début des années 80, la Maison de la Meunerie accueille plus de 12000 visiteurs par an. Depuis 1997, le moulin a même retrouvé sa fonction originelle.
Thierry, fils d’André Limoges est aujourd’hui le meunier du village. Occupé au moulin tout au long de l’année, il ne fait pas acte de présence pour le seul plaisir des touristes. L’impressionnante roue à aubes de chêne fournit toujours l’énergie nécessaire au mécanisme du moulin. Elle entraîne un ensemble d’engrenage en fonte avec denture en bois de cormier, deux paires de meules en silex, et une bluterie de type Cusson. Une chaîne à godets alimente à l’étage un boisseau de grains contenant la quantité nécessaire pour deux jours d’écrasement. A l’intérieur l’ancienne machinerie tourne en silence : 1 quintal/heure.
La découverte de la fabrication de la farine à l’ancienne n’est pas le seul intérêt de la Maison de la Meunerie.
la salle des meules – cliché Maison de la Meunerie
la rotonde – cliché Maison de la Meunerie
La visite de l’ancienne habitation du meunier, attenante au moulin, mérite tout autant d’attention. Dans les deux modestes pièces du foyer vivaient une quinzaine de personnes : le meunier et sa femme, mais aussi les grands parents paternels et une dizaine d’enfants, qui faute de place, dormaient tête bêche, à quatre par lit. La dernière partie de la visite conduit aux anciennes dépendances du moulin. Outre la boutique de produits traditionnels, on y découvre un atelier de sabotier et deux grandes ponnes de pierre dans lesquelles on faisait autrefois bouillir le linge lavé à la cendre. C’est aussi dans cette partie de la Maison de la Meunerie que l’on verra le four du boulanger. Il retrouve son usage chaque fois que des enfants viennent y fabriquer du pain en atelier découverte, ou que le moulin ouvre ses portes pour une animation : fête des vieux métiers, fête du pain, fête des moulins, ou encore la fête de la meunerie organisée tous les deux ans, et qui replonge le village entier au XIX éme siècle.
Article paru dans le Monde des Moulins – N°1 – mai 2002
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