Il y a quelques mois, les membres de l’Association Départementale des Amis des Moulins de Charente-Maritime (ADAM 17) furent appelés afin de démonter et de déplacer un petit moulin de campagne.
Le propriétaire, M. Jean-Claude Barbraud, était bien en peine pour son petit moulin, et quelle n’a pas été la surprise pour l’équipe de l’Association en découvrant ce dit moulin !
Il s’agit d’un petit moulin dont la mécanique ressemble étrangement à celle d’un moulin à eau. Le montage de ce moulin est effectué sur un châssis entièrement en bois et il est équipé de meules en carreaux de granit scellés au plâtre : ces meules sont cerclées et mesurent 1 m de diamètre. La mise en marche est effectuée par un moteur électrique très ancien (environ 1920) avec démarrage progressif par rhéostat. Voici donc son histoire.
Sur une commune de Charente-Maritime, Bercloux, 358 habitants, située à proximité de l’ancienne voie romaine d’Aulnay de Saintonge à Saintes, plus précisément à environ 2 km de Brizambourg et 7 km de St Hilairede- Villefranche, habite un couple charmant et accueillant, Mme et M. Barbraud, propriétaires de ce moulin de campagne.
Après quelques recherches, il semblerait que les usines de la Ferté-sous-Jouarre auraient, en plus de la fabrication de meules, assemblé des accessoires de meunerie et notamment construit ces petits moulins de campagne entraînés par un moteur électrique, dans les années 1920-1925.
Il y a quelques dizaines d’années, ceux qui ne pouvaient posséder un véritable moulin à eau ou à vent, l’investissement étant très lourd, avaient la possibilité d’acquérir un de ces petits moulins et de l’installer à leur domicile. Je cite donc l’histoire familiale de ce petit moulin, rapportée par Monsieur Barbraud :
« Mon grand-père, Maurice Barbraud, était meunier, en location chez M. Rateau, propriétaire d’un moulin à eau à Courcoury (communesituée à côté de Saintes). En 1930, le propriétaire de ce moulin décide de vendre. Mon grand-père, n’ayant pas les moyens d’acheter, quitte donc les lieux pour venir s’installer à Bercloux, d’où était native ma grand-mère Noémie. Rapidement, il trouve un moulin qu’il achète à Pons, en 1936, dans une laiterie qui faisait de la farine d’orge pour un élevage de porcs. Ce moulin était équipé d’un moteur électrique (cela peut paraître curieux, mais en 1936, certaines communes de Charente- Maritime avaient déjà accès à l’énergie électrique). Mon grand-père utilisait ce moulin pour produire de la farine servant à l’élevage de porcs, car à cette époque, toutes les familles en possédaient au moins un. Puis vint la Seconde Guerre mondiale, les restrictions, les privations et, pour l’anecdote, des guetteurs étaient postés à différents endroits de la commune, pendant que ce petit moulin produisait de la farine de blé et permettait de nourrir toutes les familles de la commune, car le bon pain était rare. »
Le propriétaire actuel ayant fait appel aux compétences de notre Association ADAM 17 pour le démontage et le transfert de ce petit moulin sur le lieu où ils habitent, cela nous a permis de découvrir son histoire, et il nous a assuré qu’il ouvrirait le moulin à la visite, notamment pour les Journées Européennes des Moulins. Peut-être serez-vous heureux, lors d’une de ces prochaines journées, de rencontrer un homme passionnant et passionné de patrimoine.
Jean-Michel NÉZEREAU – ADAM 17
Article paru dans le Monde des Moulins n°49 de juillet 2014
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