Dès janvier 2005, leMonde des Moulins (n° 11 p 6-8) publiait un article démontrant pour la première fois que la plupart des meules du Sud-Ouest provenaient de la région de Bergerac, en particulier du plateau de Bord.
Une micro paléontologue du CNRS, Yvette Tambareau, au laboratoire de Géologie de l’Université de Toulouse, mettait en évidence les minuscules fructifi cations d’une algue verte, un charophyte, indicateur précis de l’âge des dépôts lacustres tertiaires dans les meules du moulin de Saint-Lys en Haute- Garonne (Monde des Moulins n° 15 p 10-12). L’analyse en coupes minces montre que ces fossiles, aux
formes caractéristiques, se retrouvent dans les meulières de l’oligocène inférieur (environ – 30 millions d’années) des Bassins du Périgord et de La Ferté-sous-Jouarre. Ils sont absents des rares meulières du Damien, des Petites Pyrénées (environ – 60 millions d’années), dont ont été extraites très peu de meules, quatre sur près de 1500 moulins référencés en Haute-Garonne dans l’enquête de 1809. Dans cette enquête, l’origine indiquée était parfois Bergerac, la Dordogne, Bordeaux et divers ports de la Garonne où le silex n’existe pas, mais où passaient les gabarres.
L’analyse pétrographique de la meule de St-Lys par M. Médard Thiry, de l’école des Mines de Paris, démontre qu’elle est cristallographiquement différente des meulières du Bassin Parisien (Monde des Moulins n° 15 p 10-12). Il n’est pas surprenant, vu l’éloignement de ces carrières, qu’elles soient peu ou pas représentées dans le Sud-Ouest.
Ne pourrait-on pas réhabiliter une des carrières du plateau de Bord, pour retrouver les gestes des meuliers auxquels des géologues spécialisés pourraient apporter leur compétence, sur un site exceptionnel et si
longtemps oublié ?
Michel Sicard – Article paru dans le Monde des Moulins – N°44 – avril 2013
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