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Rochefort – Dessin de Charles Mercereau (1822-1864) : Vue du port militaire. Collection particulière

Il semblerait que ce soit à Rochefort que, pour la première fois dans le monde, l’idée d’utiliser l’énergie d’un moulin à vent pour éviter l’envasement devant une forme de radoub ait été mise en œuvre.
Cette idée, c’est Jean-Baptiste-HUBERT qui l’a eue en 1805.

Qui est Jean-Baptiste HUBERT ?

Jean-Baptiste HUBERT est né le 1er mai 1781 à Chauny, dans l’Aisne.
Il entre à l’École Polytechnique le 20 décembre 1797, à 16 ans et demi.
Architecte naval et ingénieur de la Marine, il sert à Brest, et, à 23 ans, il se rend en Flandre et en Hollande où son attention est attirée sur l’utilité et la bonne disposition des moulins à vent. Il rejoint l’arsenal de Rochefort en 1805 où il est affecté au poste de sous-ingénieur de première classe jusqu’en 1812. Détaché à Bordeaux jusqu’en 1814, nommé ingénieur de 3e classe, il revient à Rochefort où il termine sa carrière d’ingénieur maritime, en tant que directeur des constructions navales.
Il décède le 22 septembre 1845 à Yves, petite commune située près de Rochefort.
À son arrivée dans l’arsenal de Rochefort, il constate avec surprise l’énorme dépense déployée pour nettoyer les abords du bassin de carénage, lorsqu’il s’agissait de faire entrer ou sortir un bâtiment.

Le dragage était effectué à l’aide de 56 bœufs qui tiraient de grosses pelles à bois pendant quatre à cinq mois, seulement tous les trois ans. Ceci faisait que la forme double était sous-employée.

La création du moulin à draguer fut bientôt résolue dans son imagination inventive.

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Jean-Baptiste HUBERT propose une solution originale : une drague est installée en travers du fleuve dont elle racle le fond par des mouvements continus de va-et-vient lors de marées descendantes.
Par dépêche ministérielle du 3 mars 1806, la construction d’un moulin à draguer est décidée.

L’énergie nécessaire pour faire manœuvrer la drague sera fournie par un moulin à vent de 31 m de haut.
Le surplus d’énergie est utilisé pour actionner une machine à broyer les pigments de couleurs destinés à la peinture des navires, un laminoir à plomb et un tour à métaux, puisque vingt-cinq jours d’activité par an suffisent aux besoins de l’arsenal.

Installé en 1806 à la sortie de la double forme de radoub, ce moulin devient une sorte de repère pour l’arsenal de Rochefort.

On ignore avec certitude quand le moulin a été détruit.

Depuis les années 1970, la réhabilitation de l’Arsenal de Rochefort a commencé par la remise en état de la Corderie Royale, le Jardin des Retours, la construction de L’Hermione dans les formes de radoub rendues utilisables par la mise en place des bâteaux-portes.

Mais un problème demeure, comme au XVIIIe siècle : l’envasement.

Avec ce projet, l’objectif est d’enlever la vase avec du vent.

Le projet

Pour organiser les entrées et sorties de la frégate, il faut planifier ces mouvements plusieurs mois à l’avance, afin de connaitre les disponibilités de la drague qui devra intervenir pour dévaser le devant de la forme au plus près de la date des mouvements.
Il fallait réactiver l’idée de JB. HUBERT
en envisageant le dévasement devant les deux formes de radoub existant maintenant.

Une première mesure de l’intérêt local pour cette ambition…

Lors d’une première réunion, près de la maquette d’époque au 1/10e du Moulin Hubert, l’enthousiasme de la centaine de personnes qui avaient répondu présent à l’invitation a pu être constaté.
Il en fut de même, lors de l’assemblée constitutive de l’Association du Moulin de l’Arsenal de Rochefort (AMAR) le 22 septembre 2016.
Bénéficiant de la souplesse du statut associatif, on constate qu’une vraie dynamique se crée autour de cette nouvelle aventure à Rochefort.

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L’Hermione. Collection particulière

 

La conduite des travaux

Quatre groupes de travail ont été constitués :
histoire, technique, exploitation touristique, communication-recherche de partenaires financiers.
Durant les réunions de travail de ces groupes, il a été constaté que la compétence s’alliait à l’enthousiasme.
Les recherches effectuées par le groupe histoire au Service Historique de la Défense, avec lequel une convention est signée, permettent de recueillir des informations sur le Moulin Hubert, de consulter des plans qui ont notamment permis de définir avec une assez grande précision l’emplacement du Moulin Hubert.
Des hypothèses d’emplacement étudiées au sein du groupe technique pour répondre au besoin actuel devant les deux formes de radoub, c’est celle du moulin original qui a la préférence, en le déplaçant de quelques mètres vers la Charente, pour être dans l’alignement de la forme Napoléon III.
Nous devrons ensuite définir le type et la quantité de bois à fournir.
Le troisième volet concerne le fonctionnement du bateau racleur, dont l’efficacité pour empêcher l’envasement devant les deux formes de radoub nécessitera une certaine puissance.
Le groupe histoire a pu constater qu’une drague à vapeur avait été nécessaire pour assurer le dévasement lors de la préparation du chenal d’accès à la future forme Napoléon III.
Au sein du groupe exploitation touristique, il nous paraît nécessaire de définir le modèle économique à prévoir et les installations qui devront permettre l’accueil du public, l’information sur l’histoire, la construction, le fonctionnement du moulin….
Le groupe communication et recherche de partenaires financiers navigue entre étude des mécénats potentiels et définition de logo, dossier de présentation, bulletin d’information, création d’un site internet et d’une page Facebook. Une collaboration avec les élèves du BTS communication du lycée Merleau-Ponty de Rochefort se profile à l’horizon.

Les soutiens

En fédérant les initiatives locales, l’Association devra examiner toutes les pistes de financement envisageables et donc trouver les partenaires financiers. D’ores et déjà :
La Fédération des Moulins de France participe activement au sein de l’AMAR en ayant un membre élu au sein du Conseil d’Administration et en nous ayant adressé un don financier.
La Fondation des Arts et Métiers nous apporte un soutien actif en nous offrant une aide financière et en diffusant l’existence de ce projet auprès de l’École Nationale Supérieure des Arts et Métiers (ENSAM), afin que des élèves-ingénieurs puissent participer aux travaux d’études concernant le bateau racleur.
L’entreprise Asselin, qui a grandement participé à la reconstruction de L’Hermione, est adhérente et sera associée aux travaux d’études liés à la construction du moulin.
Des contacts ont été créés avec le musée de l’École polytechnique.

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Maquette du moulin au musée. Collection particulière

Les atouts

Ce projet de reconstruction du Moulin Hubert concentre de manière remarquable beaucoup d’atouts.

1 – Il constitue un signal fortement ancré dans l’histoire particulière de Rochefort :
Conçu pour alimenter une drague, il aborde la question centrale de toute l’histoire d’un arsenal qui a fonctionné pendant 250 ans en composant avec la vase
Il témoigne de la capacité d’innovation de Rochefort, pour qui dépasser ces contraintes a fait de l’innovation une affaire de survie
Rochefort est le seul arsenal qui ait ainsi utilisé des moulins à vent.
2 – Il fait écho à des préoccupations contemporaines :
En invitant à une réflexion originale sur le dévasement par énergie éolienne qui, se faisant de façon hebdomadaire lors des marées descendantes, n’entraînera pas de perturbation dans l’écosystème de la Charente
En rendant l’emploi opérationnel des deux formes de radoub, actuellement potentiellement utilisables.

3 – Il présente des atouts en termes d’attractivité touristique :
Le moulin est un signal culminant à une trentaine de mètres, dont la silhouette visible de très loin renforcerait l’identité originale de Rochefort dans le plat pays rochefortais
C’est un objet animé, spectaculaire et bruyant, dont la manipulation est une sorte d’événement participant à l’animation de l’arsenal
C’est un objet en bois, dont le chantier de L’Hermione a montré l’attachement que lui portent nos contemporains.

C’est par l’action des groupes de travail que L’Association du Moulin de l’Arsenal de Rochefort parviendra à convaincre les collectivités, les partenaires financiers, afin d’obtenir la réussite de ce projet économique, écologique, touristique qu’est la reconstruction du Moulin de l’Arsenal de Rochefort, comme l’était le Moulin d’Hubert.
(Cf. MdM n°59 p 7 et couverture du MdM n°60)

 

Association du Moulin de l’Arsenal de Rochefort (AMAR)
Musée de la Marine 1 place de la Gallissonnière – 17 300 ROCHEFORT – Email : moulinarsenal@gmx.fr

Paru dans le Monde des Moulins N°61 – Juillet 2017

Catégories : Histoire

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