Les actes de notaires sont particulièrement répétitifs. En dehors des informations généalogiques qu’ils nous transmettent, ils sont souvent assez mornes. Voici un acte notarié qui sort de l’ordinaire. Il a été écrit le 10 juin 1658 par maître André Vézian, notaire royal à Sanilhac (Ardèche). Ce document est, au sens juridique, une obligation. Il décrit par le menu l’accident survenu à Benjamin Tourvieille, happé par les ailes en mouvement d’un moulin à vent.
Benjamin est né à Vals (Ardèche) le 29 janvier 1645, fils de Jacques, meunier, et de Jeanne Dourne (également orthographié Dours), tous deux originaires de Sanilhac. Benjamin est placé en apprentissage à Villeneuve-lès-Avignon (Gard) chez Ambroise Nogier, un beau-frère de sa mère. Benjamin a 13 ans lorsqu’il est accidenté. Le texte nous dit qu’après avoir été projeté en l’air par les ailes du moulin, Benjamin est « tout brisé et rompu ». La chirurgie réparatrice n’étant pas ce qu’elle est aujourd’hui, les séquelles pour Benjamin sont graves. Il est désormais incapable de subvenir à ses besoins pour la vie. Au bout de quelques mois, Ambroise Nogier décide de ramener Benjamin dans sa famille en Ardèche. Le père de l’enfant étant déjà décédé, c’est chez Jacques Tourvieille, le frère aîné de Benjamin, que l’enfant est reconduit. Jacques n’entend pas que les choses en restent là. Il emmène Ambroise Nogier chez le notaire et lui fait signer une obligation. Aux termes de ce document, Ambroise Nogier doit supporter, à vie, la charge financière de cette « bouche devenue inutile ».
Benjamin va survivre quelques années avec son handicap. En 1670, il a 25 ans, son état devient critique ; le 24 novembre, il rédige son testament chez maitre Vézian, notaire à Sanilhac. Nous ne savons pas ce qu’il devient ensuite.
NDLR : Pour lire le texte intégral, consulter le site web : http://a.tourvieille.free.fr/v3/Accident/accident.htm
Alain Tourvieille
Article publié dans le Monde des Moulins n° 73 de juillet 2020
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