Le site des Moulins de France
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Plusieurs solutions, conformes à la Loi, listées dans l’Article 214-17 du Code de l’Environnement, sont applicables pour rétablir la Continuité Écologique.
Elles n’ont pas toutes les mêmes effets sur les éléments environnementaux. En absence d’études scientifiques sérieuses, le bon sens permet d’en estimer les avantages et inconvénients.

IMPACTS DES SOLUTIONS DE RESTAURATION DE LA CONTINUITE

Éléments affectés Effets des arasements ou effacements des ouvrages de retenue d’eau Effets de la gestion des vannes
Bâtiments Risques, selon la nature du sol de fondation, de déstabilisation ou destruction par fissurations et tassements différentiels dus à l’assèchement des sols et création de crevasses au niveau des fondations.
Destruction totale et irrémédiable des bâtiments construits sur pieux de bois.
Impact financier majeur, non compensé, pour les propriétaires.
Pas d’effet négatif en raison du maintien de l’humidité des couches de terrains au niveau des fondations.
Berges et murets Affaissements des berges meubles et destruction des murets par assèchement des fondations. Pas d’effet négatif en raison du maintien de l’humidité des terrains constitutifs des berges.
Ripisylve Mortalité importante en raison de l’assèchement des racines. Conservation de la ripisylve qui garde intactes ses conditions hygrométriques de vie.
Longueurs d’assecs Les assecs se généralisent lors d’effacements et s’étendent sur toutes les zones concernées par les arasements. Réduit les longueurs d’assecs et conserve de nombreuses réserves d’eau réparties sur la longueur du cours d’eau, en périodes sèches.
Durée des assecs Les période d’assecs débutent plus tôt et se maintiennent jusqu’au retour des pluies d’automne ou d’hiver. Permet de maintenir de l’eau souvent pendant toute l’année.
Flore aquatique
Microflore
Détruite par les réductions de niveaux et les assecs. La flore aquatique est sauvegardée par la présence d’eau toute l’année ou une majeure partie de l’année.
Poissons sédentaires Danger de disparition en raison de la suppression de leurs refuges dans les retenues d’eau pendant la période sèche.
Disparition accélérée par la disparition de nourriture pour les individus qui auraient survécu, les insectes disparaissant aussi en raison des assecs.
Sauvegarde des zones refuges d’où survie mieux préservée des espèces sédentaires.
Insectes aquatiques Disparition des petits organismes aquatiques (larves et adultes, aliments de la plupart des espèces de poissons). Conservation des petits organismes aquatiques qui survivent dans l’eau conservée derrière les retenues.
Cette disposition permet de conserver une source d’alimentation des poissons (sédentaires comme migrateurs).
Migration des sédentaires Étend les zones d’habitat. (Uniquement tant qu’il reste de l’eau dedans)
(En théorie, car la colonisation s’effectue quand-même de fait, ne serait-ce que par la dévalaison).
Permet les déplacements, lors des ouvertures des vannes, entre habitats cloisonnés sauvegardés par l’existence des retenues.
Poissons migrateurs
Migration
Remontée plus facile…
Puis disparition en raison des assecs plus nombreux et plus longs en dimensions et en durée.
Remontée et dévalaison assurées par les ouvertures régulières des vannages, qui peuvent être modulées en périodes de migration.
Épidémies Favorise les épidémies en favorisant les déplacements. Retarde les transmissions des épidémies en freinant les déplacements.
Espèces protégées par Natura 2000 La disparition de la ripisylve détruit leur habitat et les fait disparaître.
Les effets sont les mêmes sur la faune et la flore des zones humides asséchées parallèlement aux rivières.
(Lorsque l’étude d’impact préalable n’a pas été correctement conduite).
Sauvegarde des espèces protégées qui restent dans leur habitat sauvegardé (Voir Natura 2000).
Nappes phréatiques Les nappes phréatiques n’étant alimentées que par l’infiltration des eaux de surface : réduction importante de leur alimentation par réduction des surfaces d’infiltration et réduction de la pression.
L’évolution climatique annoncée rend prédominant ce critère au moment où l’alimentation des nappes est déjà critique dans les conditions actuelles.
Alimentation maintenue par conservation de la surface d’échange et maintien de la pression sur la zone d’infiltration.
Zones humides Disparition par réduction ou disparition de leur alimentation.
La réduction des zones humides accentue encore la perte d’alimentation des nappes phréatiques.
Conservation de l’infiltration alimentant les zones humides dépendantes des retenues.
Maintien associé de l’alimentation des nappes phréatiques.
Réchauffement de l’eau La quantité de chaleur reçue est proportionnelle à sa surface exposée.
à surface égale, l’eau courante absorbe autant de chaleur que l’eau stagnante.
Si, pour la même surface, le volume d’eau est plus faible, le réchauffement est plus rapide.
Par-contre, le débit définit la masse d’eau en mouvement, et, en fonction de son importance, à surface identique, réduit l’échauffement.
La présence de retenues ne modifie pas le débit d’une rivière.
La fraîcheur de l’eau courante est donc toute relative et illusoire.
À l’étiage l’échauffement est notable, par le transfert de chaleur des terrains contigus.
Lorsque le débit devient nul, l’eau est perdue, l’assec est immédiat et beaucoup plus préjudiciable !
Une retenue d’eau régulée par surverse évacue le débit de sa rivière par les couches supérieures, chaudes, et conserve l’eau fraîche en profondeur en raison de la stratification des couches d’eau en fonction de leur température. (Comparable au chauffe-eau : l’eau chaude est en haut, l’eau fraîche en partie basse ne se mélange pas à l’eau chaude du haut).
La retenue permet aux espèces sensibles de trouver de l’eau fraîche en profondeur et d’y survivre. La différence de températures est particulièrement sensible dans les lacs, mais existe également dans les retenues d’eau moins profondes.
Lorsqu’en période d’étiage le débit de la rivière devient nul, la retenue maintient encore une zone de survie pour les espèces aquatiques.
Autoépuration Pas de développement, dans l’eau courante, de lentilles et autres végétaux se nourrissant des nitrates.
Pas d‘auto-épuration : rejet direct des polluants vers la mer et développement des algues envahissantes sur les côtes.
Réduction des teneurs en nitrates et engrais par absorption par les lentilles et végétaux aquatiques s’en nourrissant. Réduction des rejets en mer : réduction des algues envahissant les côtes.
L’enlèvement périodique des lentilles d’eau sur les retenues, en période de développement, permet d’extraire une partie de la pollution par les engrais et de retrouver la vie aquatique nécessitant de la lumière.
Inondations Impossibilité de contrôle des débits. Augmentation des vitesses de transfert des masses d’eau vers l’aval augmentant la dangerosité des inondations en bas de bassins.
Phénomène majeur mettant en danger les habitats et les populations humaines,
ce phénomène est occulté par la mise en avant d’une volonté de minimiser ou supprimer un risque local d’inondation en amont immédiat ou à l’aplomb d’un seuil arasé ou dérasé.
Capacité de régulation des débits et de temporisation par ouverture et fermeture des pelles aux moments opportuns. D’où capacité de limiter les effets des inondations en bas des bassins (zones de fortes densités de population).
Retarder l’écoulement des eaux amenées par les pluies violentes de 24 à 48 heures entre les têtes de bassin et les estuaires, et allonger leur durée d’écoulement, permet de réduire sensiblement les hausses de niveaux et l’énergie destructrice des cours d’eau en crue à l’aval des bassins.
Transport sédimentaire Semble favorable, mais les rivières de plaine n’ont pas les mêmes besoins que celles de montagne.
Elles charrient des éléments à dominante fine alors que c’est le transport des graviers que l’on veut favoriser.
Les retenues en amont des seuils de moulins, actifs ou inactifs, une fois comblées par des sédiments accumulés, n’empêchent pas le transport suffisant des sédiments. Ne pas confondre piégeage et transit.
Les pelles ouvertes sont transparentes aux mouvements de sédiments et assurent totalement les besoins en transport des sédiments dans la très grande majorité des cas.
Potentiel de production des moulins Dans tous les cas : destruction totale du potentiel producteur.
La perte de puissance est très importante dès que le niveau amont diminue, même légèrement. Tout arasement signe la fin du potentiel de production d’un moulin.
Conserve en totalité le potentiel de production d’énergie des moulins :
– Hydroélectricité
– Tourisme
– Productions traditionnelles (l’énergie ne s’utilise pas que par le biais
de l’électricité !).
Patrimoine meunier Destruction totale du patrimoine meunier multiséculaire. Conservation du patrimoine.
Amélioration de la qualité de l’eau Sans effets directs.
Ces solutions ont cependant des effets pervers rarement étudiés de relargage de polluants après vidange des sédiments de la retenue.
Légers effets du fait de l’amélioration de la capacité d’autoépuration l’été.
Le stockage dans la retenue de sédiments éventuellement déjà pollués, ou capables de capturer certains polluants véhiculés par l’eau, qui participe à l’épuration, n’est pas compromis par la manœuvre des pelles.

 

Au Moulin de St Médard avant restauration des vannes. Photo Lionel Barré

Au Moulin de St Médard après restauration des vannes. Photo Lionel Barré

Il semble bien que la gestion des vannages, conservés ou restaurés y apparaisse particulièrement intéressante.
Cette solution mériterait d’être proposée, particulièrement en présence de vannages en bon état ou facilement restaurables, voire neufs.
Les coûts, qui ne peuvent ici être pris en compte en raison de la multiplicité des cas, seraient vraisemblablement souvent en faveur de la gestion et mériteraient d’être pris en compte dans tous les cas lors des décisions d’attribution de subventions.

Lionel Barré
barre.l24@wanadoo.fr

Article paru dans Le Monde des Moulins N°70 – octobre 2019

Catégories : Législation

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