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Les premières expériences de production de fécule de pomme de terre ont eu lieu en Alsace en 1810 et la première féculerie s’installe dans les Vosges en 1833. Cette industrie connaît un développement très rapide puisque le département compte 250 sites en 1858, 300 en 1878, mais elle va régresser tout aussi rapidement puisqu’en 1901, il ne reste plus que 75 féculeries et les dernières cessent de fonctionner dans les années 1960.(Fig 1)

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Fig 1- Localisation des féculeries du département des Vosges en 1887, [source L. Louis et P. Chevreux, op. cit. note 2]. Jean-Yves Henry © Région Lorraine – Inventaire général.

Arrivée de Bavière, la culture de la pomme de terre se développe dans les Vosges vers le milieu du XVIIe siècle, et dès 1719, le duc de Lorraine Léopold confirme la dîme sur sa culture. Ce tubercule, bien adapté aux sols pauvres, se répand rapidement sur l’ensemble du département y compris en montagne. Les féculeries s’implantent prioritairement sur le piémont vosgien au sol gréseux, où elles profitent de la force hydraulique mais surtout d’une eau de lavage d’excellente qualité. Leur développement correspond à l’essor de l’industrie textile, la fécule étant principalement utilisée pour hourdir les fils de chaîne des tissages implantés, quant à eux, sur les deux versants du massif vosgien, dès le début du XVIIIe siècle.

La production de fécule atteint son optimum dans les années 1860, avec une vente record de près de 10 000 tonnes en 1871. Sa production est aussi qualitative, puisqu’elle obtient des médailles d’or aux expositions universelles de 1867, 1878 et 1900 . Son cours est établi par les Magasins Généraux d’Épinal.
Dès 1878, la concurrence d’autres régions françaises, de l’Allemagne et de la Hollande, mais aussi celle de fécule de maïs d’importation, se fait sentir, et l’élévation des droits de douane ne suffit pas à endiguer la chute de son cours. Au lendemain de la Première Guerre Mondiale, malgré un regroupement en coopératives de producteurs de pomme de terre, les féculeries vosgiennes ne parviennent pas à soutenir la concurrence de régions plus fertiles et le processus de transformation davantage industrialisé. Aujourd’hui, le nord de la France concentre l’essentiel de la production féculière.

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Fig 2- Vue d’ensemble de la féculerie : à droite la partie réservée au stockage. Jean-Yves Henry © Région Lorraine – nventaire général

La féculerie Robert

Bien que restée artisanale, la féculerie de La Neuveville-devant-Lépanges est une des dernières à avoir fonctionné dans les Vosges. Elle est créée vers 1910 par Antoine et Albert Robert au lieu-dit Mont-la-Ville, pour remplacer les autres féculeries du village (à Clos-Faing et à Malenrupt) dont l’activité s’est arrêtée au début du XXe siècle. En 1926, elle passe à Benjamin Mercadier et cesse de fonctionner en 1968. Aujourd’hui, elle est la propriété de Jean-Louis Robert. De taille moyenne, elle a employé trois personnes dans les périodes de pleine activité. Les bâtiments se composent de deux corps disposés en T, à deux niveaux et au rez-de-chaussée partiellement enterré. (Fig 2)

Le premier corps est destiné au stockage des pommes de terre et de la fécule, tandis que le second abrite, en rez-de-chaussée, les machines d’extraction de la fécule, et au second, le calorifère et l’ensachage. L’énergie produite par une roue par le dessous alimentée par un bief sur la Vologne, abritée autrefois par une halle, était transmise par câble à l’atelier. (Fig 3)

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Fig 3- La roue hydraulique, ses deux étages d’engrenages et la poulie d’entraînement du câble. Bertrand Drapier © Région Lorraine – Inventaire général.

Le processus de fabrication de la fécule était similaire dans toutes les féculeries, il reste encore le même aujourd’hui. (Fig 4)

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Fig 4- Schéma d’implantation des machines. Jean-Yves Henry © Région Lorraine – Inventaire général.

Les pommes de terre sont pesées et stockées au 1er étage au fur et à mesure de leur récolte. En période de production, elles sont acheminées en continu par une rigole alimentée en eau jusqu’au lavage où elles sont brassées sous l’eau courante ; elles sont ensuite râpées par une râpe rotative. (Fig 5)

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Fig 5- Le tambour de la râpe pourvu de ses lames à denture très fines. Bertrand Drapier © Région Lorraine – Inventaire général

Le produit est acheminé sur un tamis vibrant arrosé. (Fig 6)

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Fig 6- Tamis vibrant séparant la pulpe du lait de fécule. Bertrand Drapier © Région Lorraine – Inventaire général

L’eau entraîne l’amidon, la pulpe de pomme de terre reste sur le tamis, c’est un déchet qui pourra être réutilisé après stockage pour faire une seconde passe produisant une fécule de seconde qualité. Le lait de fécule est alors décanté dans les « tables », plans inclinés en béton. Une fois l’eau évacuée, la fécule agglomérée est ramassée à la pelle pour être déposée dans les bacs de lavage. Additionnée d’eau, elle est brassée dans des cuves cylindriques en béton. (Fig 7)

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Fig 7- Les trois cuves de lavage de la fécule. Bertrand Drapier © Région Lorraine – Inventaire général

Après une nouvelle décantation et le retrait des impuretés, elle est acheminée au premier étage (Fig 8) où elle est disposée sur des cadres grillagés, puis mise à sécher dans le calorifère avant d’être ensachée. (Fig 9)

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Fig 8- Tête de la chaîne à godets qui achemine la fécule humide au 1er étage. Bertrand Drapier © Région Lorraine – Inventaire général

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Fig 9- Le calorifère dans lequel une centaine de cadres prennent place. Bertrand Drapier © Région Lorraine – Inventaire général

Le transport des matières entre les différents postes de travail est effectué par des chaînes à godets, des vis d’Archimède, ou dans d’autres féculeries par des pompes. La féculerie de la Neuveville-devant-Lépanges est la seule du département des Vosges à avoir conservé l’intégralité des bâtiments et machines nécessaires à l’élaboration de la fécule, seules ont disparu les fosses extérieures de stockage de la pulpe.

Jean-Yves HENRY , chercheur au Service de l’Inventaire général – Région Lorraine- Article paru dans le Monde des Moulins – N°51 – janvier 2015

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