Le site des Moulins de France
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L’Association « Les Amis de Saint-Julien-d’Ance » fête cette année ses 30 ans au service de la valorisation du patrimoine culturel de Saint-Julien-d’Ance.
Dans l’article paru dans le numéro 63 du Monde des Moulins de janvier 2018, vous aviez pu découvrir le Moulin d’Ancette, situé en Haute-Loire, à Saint-Julien-d’Ance. Après la présentation de son histoire et des techniques utilisées, découvrons aujourd’hui les alentours du Moulin d’Ancette et la richesse de la biodiversité qui l’environne.

Avant cela, nous sommes heureux de fêter avec vous les 30 ans de l’Association des Amis de Saint-Julien-d’Ance. En effet, depuis 1991, notre association s’emploie à mettre en valeur le patrimoine de la commune et en particulier le Moulin d’Ancette.
Depuis août 2020, Régine Triolaire a pris la présidence de l’association et, comme ses prédécesseurs, anime le réseau de bénévoles. La plupart des anciens présidents ont disparu et nous tenons à leur rendre hommage. Notre association est très attachée à la documentation de toutes les actions des bénévoles qui agissent depuis toutes ces années pour transmettre ces riches savoirs.

Photo 1- 30 ans de présidence de l’Association des Amis de Saint-Julien-d’Ance

Au-delà de son aspect architectural patrimonial, il est important de souligner que le Moulin d’Ancette est fondé en titre. Le 16 décembre 2016, l’Administration a reconnu l’ouvrage comme fondé en titre, dans la limite de sa consistance légale initiale. L’étude pour la reconnaissance du droit de ce moulin a été menée par l’historien de l’association, Michel Goguely.
Depuis le 4 août 1789, les moulins qui existaient sous l’ancien régime ont ce droit inaliénable de l’utilisation de l’eau, pour une durée illimitée. La date de la construction du premier moulin d’Ancette n’est pas connue, mais sa présence est attestée le 2 octobre 1345, dans un acte sur parchemin en peau de chèvre.

Photo 2 – Parchemin en peau de chèvre. Photo Karine Bontemps

À la valeur patrimoniale du Moulin d’Ancette s’ajoute une importante tradition halieutique. En effet, la richesse de la faune présente dans le bief qui alimente le moulin mérite d’être mise en valeur. Plus que jamais, le site du moulin est un milieu écologique à part entière.
Nos visites permettent aussi d’initier les visiteurs à la richesse écologique et culturelle des milieux aquatiques, de la faune et de la flore de notre région. Nous sommes convaincus que les propriétaires de moulin et les associations comme la nôtre doivent ajouter la dimension écologique du site. Il doit aujourd’hui être géré comme un patrimoine naturel autant que comme un site technique.
L’Ance du Nord, affluent de la Loire, est une rivière exceptionnelle en terme de qualité mais aussi en terme de biodiversité. Elle prend sa source à Saint-Anthème, à plus de
1380 mètres d’altitude, puis chemine sur plus de 80 kilomètres entre forêts et prairies, avant d’atteindre la Loire à Bas-en-Basset, à
450 mètres d’altitude. La préservation de la qualité écologique de l’Ance du Nord amont et de ses affluents a permis le maintien de populations autochtones (truites fario, ombres communs) et également de deux espèces protégées que sont l’écrevisse à pattes blanches et la mulette (ou moule perlière).
Le bief d’alimentation du moulin, d’une longueur de 1 100 mètres, permet le foisonnement de la faune ainsi que de la flore, et il subit très peu l’influence des crues. C’est un lieu de reproduction intéressant pour les poissons et pour les mulettes, grâce à son débit régulier et la qualité de son eau. Il regorge de plantes aquatiques comme la callitriche et la renoncule aquatique.

Mulette ou moule perlière (Margaritifera margaritifera)
La Grande Mulette et la Mulette perlière ont fait l’objet, en 2001, d’un plan d’action européen qui décline un ensemble de grands objectifs pour sauver ces espèces de l’extinction. Ce sont des très bons indicateurs de la qualité de l’eau, puisqu’elles sont sensibles aux pollutions.
Un inventaire des populations de moules perlières a été effectué par Gilbert Cochet, de 1998 à 2003, et publié en 2009. Depuis 2017 et jusqu’en 2021, un suivi des populations de mulettes et une surveillance de leur habitat, de la qualité de l’eau et des poissons hôtes, nécessaire à leur développement, sont menés chaque année conformément aux clauses du Contrat Territorial de l’Ance du Nord.
Ainsi, chaque année, les malacologues, spécialistes de la mulette, viennent compter les individus. D’abord, ils organisent une pêche électrique pour compter les glochidies, embryons transformés en larves de mulettes, dans les branchies des truites. En effet, pour protéger les œufs au moment de la ponte, les glochidies s’accrochent aux truites fario (Salmo trotta) ou aux saumons (Salmo salar), dans leurs branchies. Elles y grandissent quelques semaines avant de s’échapper et de s’implanter dans le fond de la rivière.

Photo 3- Glochidie sur branchie de truite. Photo Karine Bontemps

Ensuite, les malacologues comptent également les coquilles en identifiant, en fonction de leur taille, l’âge des espèces encore vivantes. À sept ans, les moules mesurent environ 5 centimètres.
Sur le site d’Ancette, les mulettes ont 80 ans en moyenne et, dans le bief, on trouve quelques jeunettes de 20 ans, tandis que les plus vieilles ont environ 90 ans. Leur durée de vie est exceptionnelle.
Autrefois, les mulettes fournissaient quantité de perles de grande qualité, utilisées comme parure sur les vêtements. La robe de Marie de Médicis était ornée de 32 000 perles. On estime que seulement une moule sur mille contient une perle. Compte tenu de l’extrême rareté actuelle de ces animaux, nous vous invitons à ne pas essayer de chercher des perles dans ces espèce protégées (article L 415-3 du Code de l’environnement).
La moule perlière ne peut pas survivre sans les truites et sans que les sédiments ne soient bien oxygénés. Elle a besoin d’une eau rapide, fraiche, transparente et avec un maximum d’oxygène. La présence et l’abondance des poissons-hôtes pendant la libération des glochidies sont donc primordiales.
La mulette se nourrit de minuscules particules, d’algues microscopiques, de grains de pollen et de tous les planctons charriés par la rivière. Elle est végétarienne.
On constate une chute du nombre de moules perlières présentes sur le territoire d’environ 30 % entre 2017 et 2019. Notre association est donc attachée à la mise en place d’actions pour préserver la biodiversité du bief. Une des actions consiste à garantir l’habitabilité de la moule dans la consolidation des berges pour assurer leur stabilité.
Sous la direction du Contrat Territorial de l’Ance du Nord, nous avons organisé un chantier de préservation des berges et de fabrication de fascines pour consolider les bords du bief. En effet, si les berges s’effondrent, cela peut entraîner la déstabilisation du peuplement rivulaire et la formation d’embâcles.

Ainsi, la stabilité de la berge est assurée par des fascines
Avec les scouts du Sacré Cœur de Lyon et de Saint-Denis-Saint-Eucher, du quartier de la Croix Rousse à Lyon, et sous la direction d’Étienne Grès du Contrat Territorial de l’Ance du Nord, nous avons réalisé deux belles fascines le long du bief d’Ancette, en utilisant les rameaux des nombreux saules du bord de l’eau.

Photo 4- Les scouts devant la fascine terminée. Photo Karine Bontemps

Voici une illustration pour vous expliquer les différentes étapes (photo 5).

Photos 5- étapes de construction d’une fascine

Nous assurons également le nettoyage des embâcles régulièrement, en particulier sur
le seuil d’entrée du bief, à la fin de l’hiver (photo 6).

Photo 6- Embâcles sur le seuil d’entrée du bief.
Photo Karine Bontemps

Le Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) du bassin versant Loire amont, qui remplace le Contrat Territorial de l’Ance du Nord, a posé un panneau pour décrire leurs actions et montrer les espèces protégées de l’Ance du Nord. Nous sommes ravis de voir ce panneau à la plage d’Ancette, à Saint-Julien-d’Ance, à côté du Moulin d’Ancette. Il explique, en particulier, comment préserver les mulettes.

Un autre grand attrait des moulins est évidemment d’ordre paysager
Nous nous régalons au bord de rivière, la présence de l’eau est une joie de tous les jours. Ainsi, le moulin ne peut être seulement habité et vécu comme un témoignage historique, mais aussi comme un agrément d’ordre paysager.
Partons à la découverte du patrimoine végétal des alentours du moulin : nous avons identifié presque une centaine d’espèces végétales sur la commune, dont un grand nombre le long de la rivière et du bief.
Les Journées du Patrimoine de Pays et des Moulins, en juin 2021, sur le thème de l’arbre de la vie et des usages, ont été une belle occasion pour identifier les arbres autour du Moulin d’Ancette, à l’aide d’un spécialiste de la nature, Charlie Braesch, animateur au Goût du Sauvage. Nous avons organisé un concours photo qui a désigné le plus bel arbre de la commune : c’est un érable sycomore, sur la plage d’Ancette. Il a été photographié par Mme Pierrette Chainel, de Saint-Georges-Lagricol.

Photo 7- Érable sycomore par Pierrette Chainel

Tout le long du bief, on peut admirer des orties (dont on fait une excellente soupe), et surtout de la reine-des-prés, l’aspirine végétale, très mellifère, qui fait la joie des papillons et des abeilles.
Le fonctionnement et les techniques des meuliers sont aussi de belles occasions pour découvrir les céréales et les fleurs qui venaient alimenter le moulin.
Après le maillage du trèfle, qui était pratiqué dans le meuleton du moulin, nous avons réalisé de l’orge perlée, de la farine de lentille, de la farine de sarrasin.
Pour l’information de nos visiteurs, nous faisons pousser autour du moulin du blé, de l’orge et du sarrasin, un régal pour les yeux.

Photo 8- Sarrasin en fleur au pied du muret.
Photo Karine Bontemps

Pour aller plus loin dans la découverte du Moulin d’Ancette et de ses trésors patrimoniaux, naturels et culturels, retrouvez-nous sur notre site
Site : https://www.bio-scene.org/saint-julien-dance
Et sur notre page Facebook
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Vous pouvez aussi bien sûr adhérer à l’association et recevoir nos lettres d’information
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Karine Bontemps, propriétaire du Moulin d’Ancette
Association Les Amis de Saint-Julien-d’Ance
Moulin d’Ancette, 43500 Saint-Julien-d’Ance
bontemps.karine@wanadoo.fr

Paru dans Le Monde des Moulins n°78 d’octobre 2021

Catégories : Environnement

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