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La grande famille des blés (Triticum pour les botanistes) a évolué beaucoup et vite. En quelques dizaines de milliers d’années une petite graminée sauvage d’origine orientale est devenue la céréale noble dont nous remplissons nos greniers et alimentons nos moulins. Cela s’est fait sous deux influences combinées :
– l’évolution naturelle (darwinienne)
– la sélection due à l’homme, à la recherche d’un produit de bon rendement, facile à transporter, à stocker, à conditionner. Cette domestication  s’est accompagnée d’une migration vers l’ouest au long des deux rives fertiles de la Méditerranée.
Le tableau ci-joint montre de gauche à droite la première de ces deux forces évolutives, et de haut en bas la seconde.

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Evolution des diverses espèces de blés

Au début donc, une petite herbe du Proche Orient (Triticum boeoticum) dont l’épi se disloque à maturité et dont les grains sont enveloppés d’une balle protectrice résistante, gages d’une bonne adaptation naturelle au milieu. (ph 1).
Première étape de la domestication : l’engrain, dont l’épi est plus solide et le grain toujours vêtu. Très rustique mais peu productive, cette espèce n’est plus guère cultivée.

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Ph 1 : Tricitum boeoticum (syn. aegilopoides). photo R.Ecochard

Ces deux espèces ont un génome unique formé de 7 paires de chromosomes. Mais voilà que l’évolution naturelle leur adjoint un deuxième puis un troisième génome, assez semblables au premier, provenant d’hybridations spontanées avec des graminées sauvages voisines. Ainsi l’engrain devient amidonnier lequel donne naissance à l’épeautre (ph 2), céréales encore assez rustiques qui s’accommodent de terres maigres et de climats ingrats. On les produit encore surtout l’épeautre, dans
plusieurs régions d’Europe, même en France, dans des conditions de culture traditionnelles.

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Ph 2 : Epeautre (triticum spelta). photo R. Ecochard

A l’étape suivante, la sélection de plus en plus raisonnée débarrasse le grain de sa balle adhérente, permet un épi tout à fait solide et accroît notablement le rendement. L’amidonnier (ou plutôt son cousin originaire de Perse) devient blé dur (ph 3), tandis que l’épeautre, après plusieurs étapes, devient notre blé tendre ou froment (ph 4). Ce sont les deux espèces de céréales les plus largement répandues, les plus cosmopolites et les plus productives. 

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Ph 3 : Blé dur (triticum durum). photo R. Ecochard

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Ph 4 : Blé tendre (triticum vulgare). photo R. Ecochard

En complément de cet ensemble, les botanistes connaissent quelques autres espèces de Triticum que les généticiens savent ranger dans l’une ou l’autre des cases du tableau. Elles n’intéressent pas le meunier. Par contre il faut citer ici le fameux blé miracle ou blé des Pharaons. De quoi s’agit-il ? Simplement une variante de blé dur que les petits paysans égyptiens glanent devant leur porte pour en vendre (très cher) quelques grains aux touristes assez naïfs pour croire que ces grains ont été trouvés dans les Pyramides !

Ajoutons enfin que les sélectionneurs ont voulu compléter par eux-mêmes l’évolution des blés rappelée dans les lignes précédentes. Ils se sont adressés pour cela à un génome voisin, un quatrième, assez semblable aux trois premiers, celui du seigle cultivé et ils ont fabriqué deux nouvelles céréales, en ajoutant ce génome soit au blé dur, soit au blé tendre : ce sont les blésseigles ou triticales qui ont ainsi 21 ou même 28 paires de chromosomes. Ces nouvelles céréales qui tendent à combiner les qualités de leur deux géniteurs, productivité et rusticité, sont déjà cultivées dans plusieurs pays d’Europe sur une échelle non négligeable.

René Ecochard, Professeur émérite de Génétique Végétale à l’Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie de Toulouse – Article paru dans le Monde des Moulins – N°12 – avril 2005

Catégories : Histoire

3 commentaires

Fortuné · 29 juin 2022 à 17 h 00 min

L’origine du blé est africaine. Il n’y a pas de honte à le reconnaître; la vérité est têtu. Tout part de l’Égypte vous le saviez très bien. Même les livres bibliques expliquent clairement le sujet. Bien que wikipédia n’a pas assez d’informations sur le sujet,mais la sainte Bible reste le véritable document qui nous montre.

SEIGNEURET René · 5 avril 2020 à 17 h 30 min

Article très intéressant sur l’évolution de cette plante que nous appelons aujourd’hui le blé. Au sujet du blé des pharaons, je me souviens dans les années 1950, avoir semé ce blé barbu qui m’avait été donné par une revue « Le Paysan » dont le siège était à Cognac. A l’époque bien sûr on nous disait qu’il venait d’une découverte en Egypte. C’était un blé dont l’épi était multiple, à l’époque j’avais 13-14 ans j’étais tout fier de mon semis. Mais les choses en sont restées Là. Merci pour votre article.

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