Le site des Moulins de France
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Territoire fortement touristique, les Communautés de communes du Moyen Verdon et Haut Verdon Val d’Allos, ainsi que les autres structures intercommunales du Pays Asses Verdon Vaïre Var (Alpes-de-Haute- Provence), développent une offre touristique et culturelle qualitative à destination de la population locale et des touristes internationaux. Le projet « Secrets de Fabriques » est né du travail du Service de l’Inventaire et du Patrimoine de la Région PACA, qui a débuté en 2004 sur le territoire du Pays. Les relevés ont mis en évidence la richesse du patrimoine artisanal et industriel lié aux activités économiques du territoire : le pastoralisme et l’activité drapière qui en découle, l’exploitation de la lavande, la minoterie et l’activité oléicole. Le projet tend à préserver le patrimoine matériel et immatériel, tout en veillant à sa valorisation et à sa compréhension auprès des publics, notamment le public familial. « Secrets de Fabriques » ne s’inscrit pas uniquement dans la sauvegarde de l’histoire des activités professionnelles et économiques du territoire, mais propose un questionnement autour des ressources naturelles et économiques du territoire, aujourd’hui et demain.

L’offre s’articule autour de l’aménagement de deux espaces muséographiques : la minoterie de La Mure-Argens et la distillerie de Barrême, qui devraient ouvrir leurs portes à l’été 2014. Par ailleurs, deux applications patrimoniales et touristiques concernant les draperies du Haut Verdon et les moulins d’Entrevaux sont en cours d’élaboration. La découverte des draperies, grâce aux technologies embarquées, sera disponible à partir du printempsété 2013. Les moulins d’Entrevaux pourront être explorés dans un second temps, à l’été 2015. Ces sites et parcours sont tous situés le long de la ligne des Chemins de Fer de Provence, qui relie Nice à Digne-les-Bains. C’est à la fois pratique pour la desserte des visiteurs et hautement symbolique pour la mise en réseau des sites. En lien avec ces sites et parcours, des animations, des stages d’initiation et des produits touristiques combinés seront proposés sur le territoire.

La minoterie de la Mure-Argens(1)
Durant les premières années du XXe siècle, Achille Dol acquiert une ancienne fabrique de draps de laine qui fonctionna de 1828 à 1896, pour y aménager une minoterie moderne. De 1902 à 1972, cette minoterie constituera l’unique moulin à farine de type « industriel » du territoire, même si d’autres moulins de type artisanal ont pu fonctionner en parallèle. Elle pouvait broyer jusqu’à 15 000 quintaux de blé par an. Le minotier a envisagé, en 1955, la modernisation du moulin. Il prévoyait la suppression des courroies à godets au profi t d’un système pneumatique (encore en vigueur aujourd’hui dans les minoteries actuelles). Le plan de modernisation n’a pu être mené à terme, ce qui a (entre autres) concouru à la fermeture du site. Paradoxalement, l’absence de modernisation offre la visibilité d’un moulin à repasse, et constitue ainsi sa spécifi cité et son charme.

Le bâtiment de la minoterie, tout en longueur, aligne plus de 70 m de façade. Il est couvert pour l’essentiel en longs pans de tuiles creuses. La partie située à l’est était réservée aux logements de la famille qui exploitait la minoterie. La moitié située à l’ouest abrite l’usine. Celle-ci comprend quatre niveaux. Un étage de soubassement abrite la turbine, le grand arbre de transmission, ainsi que les bases des silos à grains et à farine, et des élévateurs à godets qui montent jusqu’aux combles. À l’étage du rez-de-chaussée surélevé sont disposés les quatre broyeurs de marque G. Davério, une trieuse, une essoreuse et la commande, au moyen d’un volant, de l’arrivée de l’eau dans la turbine équipée d’un régulateur de Watt. Au premier étage, se trouvent un tarare et l’ensachage, et au deuxième, sont alignés les bluteries centrifuges, les plansichters, une fi ltreuse à air pulsé, une épointeuse et les sommets des silos.

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Les broyeurs Daverio. © Comité de Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var.

Contrairement à la minoterie de La Mure-Argens ou la distillerie de Barrême, les draperies appartiennent à des propriétaires privés. Les applications patrimoniales sont apparues comme des outils adaptés pour pallier les manques d’immersion physique dans le bâtiment : elles offrent de nouvelles possibilités d’expériences (sons, vidéos, textes, images, plan animé…). Les parcours proposés guideront les visiteurs en autonomie, pour la découverte de la richesse des moulins d’Entrevaux et de la diversité de l’héritage drapier dans tous les villages du Haut Verdon Val d’Allos : traces matérielles, paysagères, humaines, culturelles et architecturales. L’application sera téléchargeable sur Internet, gratuitement, et pour les visiteurs non munis d’appareils compatibles, les Offi ces de Tourisme du territoire et les sites du projet disposeront d’un parc de matériel disponible à la location.

Les draperies du Verdon(1)
Les nombreuses traces de l’activité drapière sur le territoire datent principalement du milieu du XIXe. André Honnorat, principal précurseur dans le département, monte la première fabrique en 1819 à St-André-les-Alpes. Les investissements concernent l’acquisition de machines à carder et à tisser, installées  dans des ateliers concentrés. Il faut attendre 1830 pour que le mouvement touche le Haut Verdon et s’amplifi e. À partir de 1837, de Colmars à Castellane, toute la vallée du Verdon développe cette industrie et les fabriques se multiplient. Plus tard, par le nombre de ses fabriques (jusqu’à six), c’est la commune de Beauvezer, dans le Haut Verdon, qui devient le centre drapier le plus puissant. Le territoire verra la fermeture de la quasi-totalité des lieux de production entre 1885 et 1895. Seule la draperie Derbez, à Beauvezer, qui fut une des plus petites, fut exploitée par les membres de la famille Trotabas jusqu’en 1968.

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Draperie Derbez dite « Petite Trotabas » à Beauvezer. © Comité de Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var.

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Intérieur d’une draperie. © Région Provence-Alpes-Côte d’Azur – Inventaire général – Marc Heller.

Les foulons étaient souvent à l’origine des fabriques de draps. De plan rectangulaire, les draperies s’élevaient sur trois ou quatre niveaux, présentaient sur leur façade principale un alignement serré de fenêtres, et étaient couvertes d’un toit à longs pans. Les canaux d’amenée et de fuite, ainsi que la chambre de la roue, étaient aménagés en sous-sol. Les différents niveaux des draperies étaient entièrement ouverts. Seules deux draperies ont conservé leurs machines. Les espaces plans qui entouraient les constructions étaient également essentiels, car indispensables pour plusieurs opérations : étendage de la laine ou des draps, passage à la rame. Plusieurs draperies ont encore leurs belles calades, plus ou moins partiellement conservées.

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Intérieur d’une draperie. © Région Provence-Alpes-Côte d’Azur – Inventaire général – Marc Heller.

Les moulins d’Entrevaux(1)
Le site est constitué de trois moulins, installés en cascade dans une zone de forte pente, en rive droite le long de la Chalvagne.

D’amont en aval, le moulin à farine est le premier à utiliser la force motrice de la Chalvagne. L’essentiel des installations se trouve donc en étage de soubassement, dans un premier vaisseau perpendiculaire au sens de la pente. Dans ce vaisseau, voûté en berceau, se trouvent le blutoir puis, au fond, dans une partie surélevée, les deux paires de meules. La première est enchâssée dans son coffrage en bois surmonté de la trémie et l’autre, sans coffrage, est encore équipée de sa pince et de sa potence. Sous chaque paire de meules se trouve encore une roue hydraulique horizontale, mise en mouvement par une chute de près de 5 m. Un moulin se trouvait déjà à cet emplacement au XVIe siècle. Mais le bâtiment qui abrite le moulin actuel, avec son lavoir accolé, ne date probablement que de la fi n du XVIIIe siècle. Il a été partiellement surélevé en 1894-1895. Les installations de bluterie moderne ont sans doute été mises en place à cette époque.

Le second bâtiment est un moulin à huile communal. Situé à quelques mètres en contrebas du moulin à farine, c’est un bâtiment plus récent, toujours utilisé par un syndicat oléicole. Il est constitué d’une pièce unique regroupant les pressoirs, la mare et la meule. Ce moulin existait déjà au moment de la réalisation du cadastre, dit napoléonien, en 1816.

Le troisième moulin est également un moulin à huile. Le bâtiment est très dégradé mais représente, de par son ancienneté, un fort intérêt patrimonial. Si les étages supérieurs sont ruinés, en revanche, la roue et sa chambre, la mare et la meule, la presse, le cabestan, le broyeur et le premier bassin de décantation restent bien visibles dans la salle voûtée du rez-de-chaussée. Le bâtiment qui abrite ce moulin existait déjà en 1816, au moment de la réalisation du cadastre dit napoléonien. Il abritait alors une forge. Ce n’est qu’en 1862 qu’il fut transformé en moulin. Il fonctionnait encore au début des années 1980, selon un témoignage oral.

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La mare et la meule du moulin communal. © Région Provence-Alpes-Côte d’Azur – Inventaire général – Géraud Buffa.

Retrouvez l’actualité et les extraits d’enquêtes orales sur le blog : http://museoa3v.wordpress.com

 (1) Les données historiques et typographiques sont largement extraites des notices du Service de l’Inventaire et du Patrimoine de la Région PACA

Article paru dans le Monde des Moulins – N°44 – avril 2013

Thomas DUBOEUF : Chef de projet pour le Comité de Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var
Tél : 09 75 30 45 43
Mail : patrimoine@pays-a3v.net

Catégories : Histoire

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