Le site des Moulins de France
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Le voyage d’automne de la Fédération nous a emmené à partir de Montauban dans le Tarn-et-Garonne, mais aussi dans le Lot et l’Aveyron. Il a été organisé par la récente association « Moulins d’ici et d’ailleurs ».

Le samedi nous a d’abord fait découvrir Saint-Antonin-Nobleval (82), village médiéval au confl uent de la Bonnette et de l’Aveyron. Une petite promenade dans le village, qui nous a permis d’apercevoir un ancien moulin dont le rouet en mauvais état est visible à travers une grille, nous a conduit jusqu’au moulin à huile Lou Truelh. Ce petit moulin à traction animale s’est arrêté en 1956 lorsque le grand gel a supprimé bon nombre de noyers. Classé monument historique en 1990, il a été racheté par la commune et restauré. Il est mis en fonctionnement quelques fois dans l’année, notamment lors de la Journée des Moulins. Le local tout en longueur contient la grande presse, le chauffoir et dans le fond la meule autrefois actionnée par un cheval. Nous n’avons pas eu le cheval pour faire tourner la meule, mais quelques participants ont pu vérifi er par euxmêmes qu’elle était facile à tourner. Le chauffoir ne comporte pas d’agitateur, il faut remuer manuellement la pâte. La pièce la plus impressionnante du moulin est incontestablement la presse à levier. Un énorme tronc de chêne horizontal placé au-dessus de la maie qui contient la pâte à presser reçoit à l’une de ses extrémités une vis en bois verticale que l’on tourne à l’aide d’un
cabestan. Cette vis permet d’abaisser le tronc et d’exercer une très forte pression par effet de levier. La maie est datée de 1933, date de son changement, mais l’ensemble de la presse est beaucoup plus ancien. Malheureusement le tronc de chêne est fendu depuis quelques années ce qui ne permet plus de presser correctement.

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Moulin de Boisse – photo S. Mary

Le car nous a ensuite emmené dans l’Aveyron à Saint-André-de-Najac, au moulin de la Planque, aussi appelé moulin du Moulinet, propriété de monsieur Rigal. Situé sur une exploitation agricole, il a continué de servir les besoins personnels du père du propriétaire après l’arrêt de l’exploitation commerciale. Son fi ls a naturellement continué à s’en servir, et sensible à ce patrimoine, le fait visiter. Il vient même de remettre en état de marche l’huilerie, qui s’était arrêtée elle aussi en 1956. Le moulin a 3 usages différents : scierie, huilerie et moulin à farine. Chaque mécanisme est actionné par un rouet horizontal. La scierie est une scie à ruban installée dans l’entredeux guerres, mais auparavant il existait une scie battante. L’huilerie comporte une meule dont la conche possède un beau rebord en bois, une presse à cliquet en fonte, et le chauffoir. Le roudet reconstruit par monsieur Rigal est en bois. Il a refait de l’huile pour la première fois l’hiver dernier. Le moulin à farine comporte une paire de meules, mais il en possédait à l’origine deux, ainsi qu’un petit roudet qui produisait de l’électricité. Nous avons vu fonctionner tous les mécanismes. Après le déjeuner, direction le Lot pour découvrir le moulin à vent du Mas de la Bosse à Promilhanes, actuellement entouré de chênes verts et d’érables, mais qui était cerné par les vignes au XIXème siècle. Il est propriété de Maria Galvagnon (fi lle de Gérard Savignac le dernier meunier) et de son mari. Il a fonctionné au
vent jusqu’en 1932, puis avec une locomobile et un moteur à gazogène. Il a fallu une douzaine d’années, de 1973 à 1984, pour sauver le moulin de la ruine qui s’annonçait et le remettre au vent. C’est un moulin typiquement quercynois : les ailes sont ici très larges, et le toit couvert de planches et non d’essentes. Quelques particularités distinguent ce moulin. Tout d’abord à quelques mètres un peu en contrebas  une petite cabane qui est l’ancien local  de la bluterie, disposition assez rare, que l’on peut retrouver à Vensac en Gironde. Ce local ne contient plus la bluterie, mais le moteur à gazogène, qui actionnait une paire de meules rajoutée au rez-de-chaussée. Ces meules sont inhabituelles, les moulins quercynois n’en ayant généralement qu’une seule paire sous le toit.

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Moulin de la Bosse – photo S. Mary

La journée s’est terminée à Laramière, avec la visite du prieuré et du moulin qui en dépendait. Le prieuré fondé en 1145, a été remanié à plusieurs reprises, notamment avec les guerres de religion puis par l’arrivée des jésuites en 1661. Les bâtiments existants très intéressants nous ont été montrés par monsieur Méry, notamment les peintures de la salle du Chapitre.

Le moulin en contrebas est certainement un des plus fascinants même s’il n’est pas en état de marche, car construit sur une perte. Situé sur le ruisseau du Rausel, il est précédé d’une petite mouline placée en contrebas d’un étang, ancienne forge transformée en moulin à farine. Une deuxième retenue existe près du moulin. D’origine très ancienne, le moulin a été transformé au XIXème siècle pour fonctionner avec une turbine et trois paires de meules. La turbine est logée au fond d’un puits d’une trentaine de mètres d’où l’eau s’évacuait en s’infi ltrant dans les diaclases du calcaire. Le moulin, qui voisine avec l’habitation du meunier, comporte 4 niveaux. Le rez-de-chaussée avec les 3 paires de meules sur un beffroi triangulaire qui pointe vers la porte. Rareté, les meules courantes sont suspendues sur des anilles à 3 points. Un étage comportait les machines annexes. Un sous-sol voûté recevait les engrenages de transmission disparus, et une pièce creusée dans le roc permet de découvrir le puits maçonné où se trouve la turbine. Celle-ci trop profonde, demeure invisible. On ne voit que les deux arbres de la turbine et de la commande. On ne peut qu’encourager la famille Pechdo à continuer les travaux pour le remettre en état.

Le dimanche, visite au moulin de Saint Géraud à Labarthe (82). C’est un petit moulin à une paire de meules actionnée par un roudet placé dans un puits, complété par un nettoyeur et une bluterie à l’étage. Un second roudet actionne une dynamo. L’actuel propriétaire, monsieur Ferru, avait racheté le moulin pour en faire sa résidence, mais a vite décidé de l’exploiter, intéressé par l’existence d’un four. Il a appris la boulangerie, et après remise en état du moulin et du four, est devenu meunier-boulanger. Il vend son pain au moulin et sur quelques marchés. Cette visite a été bien sympathique, d’autant que le moulin est complété d’un petit musée de vieux outils. Nous sommes ensuite partis vers le moulin de Brousse à Castelnau-Montratier. Ce moulin à eau à 2 paires de meules est exploité par monsieur Moles, un agriculteur qui cultive le blé et le transforme ensuite en farine. Un peu de modernisation, notamment pour l’alimentation en blé et une alarme pour prévenir du
remplissage du sac de blé, mais un moulin qui reste ancien. Une scierie est voisine, qui était autrefois actionnée par le moulin. La particularité est ici dans les roudets, qui sont enfermés dans une huche, disposition assez rare. Quand l’eau est insuffi sante, un moteur électrique prend le relais.

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Moulin de St Géraud – photo S. Mary

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Moulin de Laramière – photo S. Mary

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St Antonin-Noble-Val – photo S. Mary

Le déjeuner à Castelnau-Montratier nous a permis de voir de l’extérieur 3 moulins à vent non loin du restaurant : l’un propriété de la ville, malheureusement pris entre deux réservoirs d’eau, et les deux autres, propriétés privées, dont un sans ailes.
L’après-midi, visite de deux moulins proches qui se relayaient en cas d’absence de vent ou d’eau : moulin à vent de Boisse à Sainte Alauzie et moulin à eau de Lamothe à Cézac.

Le moulin de Boisse est le moulin typiquement quercynois : larges ailes et toit couvert de planches. Toit et engrenages sont d’origine ; on peut notamment remarquer le lit du meunier au rez-de-chaussée sous l’escalier, avec une cheminée en face et l’escalier fait de poutres engagées dans le mur. Une des poutres supportant la meule est gravée « OUERRE LOUIS 1892 ».

Le moulin de Lamothe est un petit moulin à 2 paires de meules actionnées par 2 roudets en puits. Monsieur Rochis continue à le faire fonctionner pour le besoin de ses animaux. Un petit moulin bien sympathique qui rappelle les petites exploitations d’autrefois avec quelques cochons, des poules, des lapins… La bluterie évidemment ne fonctionne plus, mais monsieur Rochis nous a montré les anciennes toiles en cuivre (les souris ne peuvent pas les manger) que beaucoup de participants n’avaient pas encore vues.

Merci à cette toute nouvelle Association qui nous a fait découvrir les richesses de leur patrimoine.

Stéphane Mary – Article paru dans le Monde des Moulins – N°23 – janvier 2008


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