Auteur : Bernard Peyrol, Joseph Gourgaud
La faux moderne est une des clés de la révolution agricole du début du XIXème siècle. Quasi monopole des ouvriers métallurgistes autrichiens de Styrie, elle fut introduite en France à l’occasion des campagnes napoléoniennes. Des ouvriers styriens ont été faits prisonniers et ont transmis leur savoir-faire aux artisans français. Nans-sous-Sainte-Anne (Doubs), Le Saut-du-Tarn (Tarn), Saint- Clair-sur-Galaure (Isère) et… Pont-Salomon (Haute-Loire) ont été les principaux foyers de fabrication de cet instrument central de l’économie pastorale. Ces deux derniers sites sont longtemps restés les seuls à fabriquer des faux, au martinet, mu par une roue hydraulique, jusqu’à une date récente. Pont-Salomon a la chance de conserver des machines en place. Malheureusement, leur état physique est critique, la municipalité ne prenant pas les mesures de sauvegarde et de valorisation qui s’imposent de façon urgente.
Pont-Salomon est un village industriel de Haute-Loire situé aux confi ns du département de la Loire, à seulement 7 km de Firminy, aux portes du bassin industriel stéphanois. La présence du torrent de la Sumène favorisa l’activité de moulins à grain et de moulins à papier spécialisés dans le cartonnage. En 1842, la soif d’énergie gratuite est pressante, et les industriels métallurgistes stéphanois, spécialisés dans la fabrication de faux et d’outillage, achètent les vieux moulins et les transforment en usines métallurgiques, équipées de roues hydrauliques, mettant en jeu des martinets. C’est le début d’une longue aventure, sous la direction de patrons de légende : Massenet, Jackson-frères, Dorian et Holtzer.
Ce village de Pont-Salomon est protégé par une bonne fée : Joseph Gourgaud. Cet enseignant travaille depuis plus de 25 ans à la sauvegarde de ce patrimoine exceptionnel. Pour cela, il est devenu historien, fi xant cette aventure unique, pour nous permettre de la transmettre. En 1995, avec Pascal Chambon, il édite une petite publication de 115 pages, maintenant épuisée, intitulée » Les hommes de la faux « . Une petite recension dans » Massif-Central Magazine » m’alerta sur le sujet. Ce travail est le plus accompli sur le plan historique et technique. Il annonce celui, magnifi que, que nous vous présentons.
Joseph Gourgaud et son ami photographe Bernard Peyrol nous apportent un beau livre sur cette aventure singulière, où l’eau, le fer et le charbon se mêlent étroitement. Bernard Peyrol a immortalisé le solide platineur Manuel Almeida, dernier ouvrier spécialisé dans ce métier en France, avant qu’il ne prenne sa retraite. Quel bel hommage à tous ceux qui l’ont précédé. Thierry Experton, entrepreneur, a révélé au lecteur les magnifi ques photos prises dans son usine, les ateliers de l’Alliance, il y a 100 ans. De magnifi ques photos intérieures de martinets au travail permettent de mieux cerner la beauté et la dureté du travail des ouvriers. Un bel hommage à un métier totalement disparu. Un livre rare à placer dans sa bibliothèque molinologique.
Editeur : Editions Jeanne d’Arc
Tarif : 26 €
Nombre de pages : 132
Date de publication : 30/11/2011
ISBN : 2362620131
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