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La propriété familiale, située aux pieds des remparts de Thézan-lès-Béziers et à deux pas de la mairie, comprend cinq puits, alimentés par une nappe souterraine assurant en permanence au moins cinq mètres d’eau disponible.
À l’origine, au moins deux puits étaient équipés d’une roue persane, appelée improprement noria, remontant l’eau dans des godets à l’aide d’un cheval attelé.
Suite à un héritage, le terrain a été partagé et nous avons récupéré le seul puits encore équipé d’une noria en état de fonctionnement.
Celle-ci est équipée d’un mécanisme complet permettant la remontée de l’eau à l’aide d’un animal attelé et alimente par gravité un réservoir de stockage en ciment.
Si la partie engrenages, transformant le mouvement horizontal de l’animal en mouvement vertical d’entraînement des godets, était en bon état, en revanche la chaîne de distribution était rongée par la rouille et personne n’osait la faire fonctionner.
La retraite approchait et nous avons pris alors la décision, en 2004, d’effectuer une rénovation de la maison, en commençant par celle de la véranda, que nous avons confiée au forgeron du village.
La noria était placée au fond du jardin, entre le poulailler et un jardin d’agrément planté de pieds de vigne et d’arbres fruitiers.
Quand nous avons décidé d’installer une piscine à la place du poulailler, toute l’importance du puits et de sa mise en valeur nous est apparue, et nous avons fait installer une pompe immergée au fond à côté des godets.
Il n’était alors pas question de faire fonctionner la noria, de peur de provoquer une rupture de la chaîne, de faire tomber les godets et de casser tout le dispositif de pompage.
En pratique, les petits-enfants bravaient cette interdiction et se faisaient un jeu de remplacer le cheval sur l’attelage pour y faire remonter l’eau par les godets.
Le risque d’une rupture de la chaine et de sa chute au fond du puits était à terme inévitable, avec des conséquences facilement imaginables : une pompe immergée hors d’usage et un fatras de plusieurs centaines de kilos dans cinq mètres d’eau empêchant tout puisage par la suite.

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Noria de Thézan-lès-Béziers, restaurée en 2014. Photo M. Hygounenc

À cette époque, nous ne pensions qu’à protéger la pompe fraîchement installée.
Il fallait donc prendre une décision à plusieurs options :

  • tout démonter et sécuriser le puits en conservant la pompe immergée
  • déposer la chaîne de distribution et ne conserver que la partie visible de l’extérieur
  • rénover la chaîne de distribution en partie ou dans sa totalité
  • refaire à neuf une partie afin de maintenir l’aspect décoratif, mais en se privant de l’aspect fonctionnel
  • refaire entièrement à neuf la chaîne de distribution et conserver l’aspect fonctionnel.

À partir de 2005, ont commencé les recherches d’artisans compétents et intéressés par ce type de travail :

  • par connaissances directes
  • par petites annonces
  • sur internet par des sociétés spécialisées en liaison avec les artisans.

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Montage et démontage de la chaîne à godets. Photo M. Hygounenc

Le bouche à oreilles ne nous a apporté que des désillusions : nous avons reçu des amateurs curieux, sans aucune fiabilité, et ne dépassant jamais la première visite.
Les petites annonces n’ont rien donné de sérieux.
Sur internet, un site nous a proposé des artisans intéressés, mais un seul a pris contact avec nous.
C’était un frigoriste de la région qui est venu voir la noria, a fait un devis de remplacement de la chaîne que nous avons accepté. Les travaux devaient être faits le mois suivant. Sans nouvelles de sa part pendant cinq mois, malgré de nombreux mails et messages téléphoniques, nous lui avons fait part de notre désengagement.
Des ferrailleurs ont même été intéressés, à condition qu’on leur livre la chaîne retirée par nos soins.
Nous avons trouvé des personnes se disant compétentes, prêtes à faire le travail, mais reculant sur la nécessité de devoir sortir du puits la chaîne à godets.
En 2011, nous avons fait la connaissance de Bridget Petit, présidente de l’Association Auxilium, représentant la FDMF pour l’Hérault, à qui nous avons fait part de notre projet.
Celle-ci est venue visiter la noria et nous a donné l’adresse d’une personne qui connaissait ce genre de rénovation et était susceptible de nous aider. Malheureusement, le seul conseil donné a été de contacter un serrurier près de chez nous, ce que nous avions déjà fait sans succès.

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Remplacement du bac de réception en tôle zinguée. Photo M. Hygounenc

La rencontre décisive est venue par Bénédicte Leclo, de l’Association Telkaile, lors d’une sortie à Bédarieux organisée par Auxilium et à qui nous avons exposé notre problème.
En deux mois, celle-ci a trouvé un forgeron, Monsieur Catuogno, installé sur le Larzac qui, après visite, a accepté le travail de remplacement total de la chaîne.
La fabrication des 63 ensembles : godets, attaches, goupilles, barres transversales… a été réalisée à La Vacquerie, dans son atelier, et l’installation s’est faite en deux jours aux dates prévues des 5 et 6 mai 2014.
Les godets d’origine avaient été faits en tôle zinguée, les nouveaux l’ont été en fer, en plus épais et en plus lourd.
Chaque godet a été percé d’un trou dans sa partie basse, pour que la chaîne se vide de son eau après puisage.
Le démontage a duré une journée entière.
Monsieur Catuogno avait préparé en atelier une potence qu’il a soudée sur la margelle du puits, puis il l’a équipée de deux palans à chaînes munies de crochets.
Un crochet remontait un groupe de godets et l’autre était accroché plus bas en sécurité.
Une corde avait été fixée en sécurité supplémentaire.
Aucun godet ne devait tomber au fond du puits.
Les godets ont été remontés quatre par quatre avec beaucoup de précautions, et l’opération s’est déroulée sans encombre, à notre grande satisfaction.
Le remontage a été plus rapide le lendemain, ce qui a permis au forgeron d’effectuer quelques soudures de consolidation, et surtout de remplacer la pointe de l’axe de rotation avec une pièce qu’il avait préparée en atelier.
Bénédicte Leclo a suivi toutes les opérations de démontage-remontage, et Bridget Petit nous a rejoints le deuxième jour.
Restait à remplacer le bac de réception en tôle zinguée.
Là encore, Bénédicte Leclo nous a été d’une grande utilité et nous a envoyé un zingueur, Monsieur Vigan de Saint-Pierre-de-La-Fage qui, après visite, a établi un devis que nous avons accepté et qui, par la suite, a fabriqué sur place, mi-septembre 2014, un bac de réception à l’identique mais en zinc cette fois-ci.
Nous avons pu enfin savourer une noria en état de fonctionnement, que les visiteurs des Journées des Moulins peuvent actionner, à leur grande satisfaction.

Monsieur et Madame HYGOUNENC – Article paru dans le Monde des Moulins – N°57 – juillet 2016

Catégories : Histoire

2 commentaires

Sanchez claude · 1 janvier 2022 à 21 h 01 min

J ai la même à restaurer sur narbonne.serait il possible d avoir un contact pour info sur la rechnique à utiliser ou conseil divers .merci

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