PRESENTATION
La « ROUTE de la SOIE », une expression qui fait rêver depuis des millénaires ! Alexandre le Grand, Marco Polo, Khiva, Boukhara, Samarqand, personnages et lieux légendaires, séduisent et attirent les voyageurs de tous horizons. Actuellement, les français se font de plus en plus nombreux à visiter l’OUZBEKISTAN, où se concentrent d’admirables monuments perses et arabes.
SAMARQAND, carrefour essentiel sur les Routes de la Soie, ancienne capitale de l’empire de Tamerlan (conquérant sanguinaire qui a dominé toute l’Asie Centrale au XIVe siècle), offre de nombreux joyaux architecturaux (mausolées, medersas, mosquées, minarets…). A 8 km de la ville, se cache un modeste moulin à eau, dernier témoin restauré d’une industrie jadis florissante sur les voies commerciales reliant la Chine, le Moyen-Orient, la Perse, l’Inde, l’Europe…
Arbre à cames du Moulin. Photo Jacques Vol.
Le mûrier, largement cultivé ici, connu pour ses feuilles qui nourrissent les vers à soie,fournit, en plus, le matériau de base à la fabrication du « papier de soie« .
HISTOIRE
En 751, les troupes chinoises envahirent la région appelée maintenant Kirghistan. Le souverain de Samarqand captura 20000 chinois et parmi eux se trouvaient de nombreux artisans connaissant la fabrication du papier. Une industrie se développa à partir du IXe siècle et devint importante dans toute la contrée. Ce papier était reconnu au IXe et Xe siècles comme le meilleur support, lisse, solide et résistant pour l’encre, pour conserver les manuscrits persans et arabes présentant les textes sacrés du Coran .Très apprécié pour sa couleur écrue, il rendait plus confortable la lecture des signes noirs calligraphiés à l’encre de Chine, en atténuant le contraste. L’activité perdura jusqu’au XIXe siècle, malgré les conflits, et se trouva déplacée à Kokand, dans l’est actuel de l’Ouzbekistan.
En 1995, une conférence de l’UNESCO se tint à Kagan (Pakistan) et décida de la préservation des monuments anciens , des activités artisanales traditionnelles et arts appliqués, dont ce mode médiéval de production de papier.Le président de l’Association « KONI GHIL MEROS »,
Zaril Muhtarov et son frère, après de fructueuses recherches dans les archives, firent revivre cette ancienne technique avec succès en reconstruisant ce moulin devenu musée, ouvert aux visiteurs, hors des sentiers battus.
Préparation des écorces de mûrier. Photo Jacques Vol.
FABRICATION
1 : taille des jeunes rameaux de l’année, aux premières gelées, de préférence.
2 : épluchage de l’écorce que l’on sèche puis fait bouillir pendant plusieurs heures.
3 : pilonnage de la pâte à papier sous forme de bouillie fibreuse à l’aide de l’énergie produite par la roue à aubes extérieure. L’eau du ruisseau Siyakh Aba anime de manière rudimentaire , 4 pilons qui reçoivent chacun l’impulsion de 2 cames.
4 : tamisage et égouttage des fibres finement mélangées à l’eau en utilisant des cadres grillagés de différentes tailles.
5 : séchage des feuilles pendant 1 jour à 1 semaine, suivant la saison.
6 : polissage des feuilles manuellement sur une table de marbre, en les frottant avec un coquillage marin ou un fragment d’agate.
PRODUCTION
• feuilles de papier brutes ou teintées avec des colorants naturels (extraits de roches, de plantes)
• calendriers, cartes postales peintes, poèmes imprimés…
• papier mâché pour marionnettes, masques, sacs…
• papier pour la restauration des documents et manuscrits anciens.
QUEL AVENIR ? (Voeux de l’Association)
« Doit-on encourager la survivance de cette activité antique à l’époque où règnent la science et l’electronique ? Oui, bien sûr ! A Samarqand, une des plus anciennes cités du monde, riche de son histoire et de sa culture, pour l’impérissable valeur de la civilisation humaine. » L’association a le projet de construire sur le site, à proximité, un autre moulin à eau qui, lui, produirait de la farine comme jadis. Le président est à la recherche de plans simplifiés et de conseils techniques. Toute aide sera la bienvenue…par internet …ou/et …en se rendant sur place…
Jacques Vol- Article paru dans le Monde des Moulins – N°51 – janvier 2015
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