Le site des Moulins de France
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Le tour de France continue… En 2009, comme les années précédentes (2003 en Ariège – 2004 en Savoie – 2005 en Vendée – 2006 en Midi-Toulousain – 2007 en Ile de France – 2008 en Charente) environ soixante dix amis des moulins se sont retrouvés en Haute Normandie du 24 au 26 avril pour le Congrès annuel de la FDMF. Ce compterendu concerne les visites qui ont été effectuées le samedi et le dimanche dans le cadre de ce congrès.

Notre première sortie du samedi matin nous a conduits dans le Pays de Louviers, au moulin d’Andé. Situé sur un bras de la Seine, entre Les Andelys et Rouen, ce moulin-pendant datant probablement du XIIème siècle, existe avec
certitude depuis le début du XVème siècle, « faisant blé et farine ». Victime de la construction du barrage de Poses (1874) qui a fait remonter de 1,20m le niveau de l’eau du fl euve, le moulin d’Andé s’est arrêté en 1875, comme les moulins voisins de Muids et de Connelles.

Ayant appartenu successivement à différents notables (parmi lesquels le constructeur automobile Louis Renault), il appartient maintenant à Suzanne Lipinska. Inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des Sites et Monuments Historiques
depuis 1943, le moulin d’Andé, grâce à Mme Lipinska, est devenu un centre de rencontres culturelles très actif pour la musique et le théâtre. Depuis 2004 , c’est un Centre européen de l’écriture cinématographique (en 1962, il a servi de cadre au tournage du fi lm «Jules et Jim» de François Truffaut). C’est une véritable entreprise qui emploie treize salariés à temps plein, qui abrite des concerts pratiquement tous les week-ends, des festivals tout au long de l’année, ainsi que des séminaires, des colloques, des expositions et des réceptions privées.

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Schéma du moulin-pendant – Dessin D. Jones, TIMS’82 Symposium

Le cadre des diverses manifestations culturelles a été organisé dans le moulin avec la volonté de maintenir les différentes composantes du mécanisme qui ont gardé leur place d’antan et malgré les nombreuses années d’abandon. La partie supérieure de la roue à aubes a été restaurée en 2003.
A l’entrée du moulin, une très belle maquette en bois, «chef d’oeuvre» du compagnon «Normandla- Sagesse» (Didier Hauss), nous montre les caractéristiques de ce moulin-pendant. Comme le montre aussi le dessin de David Jones, la roue à aubes peut être montée ou descendue grâce à un système de relevage avec vis et vérins. La conception du moulin est fondée sur le plancher, sorte de plate-forme à laquelle est suspendue la roue motrice et qui supporte l’ensemble du mécanisme et les meules. A l’intérieur du moulin, les meules, les vis et vérins en bois sont encore en place sur le plancher, dans la salle du moulin actuellement aménagée en salon.

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Un des cinq vérins – Photo M. Lajoie-Mazenc

Dernier survivant des moulins de ce type, le moulin d’Andé possède une incontestable valeur historique.

Toujours dans la matinée de samedi, le village de Poses, situé sur la rive gauche de la Seine au sud-est de Rouen, nous a retenus un grand moment pour visiter successivement : le musée de la batellerie, le barrage, la passe à poissons et les écluses.
La péniche Midway a été sauvée de la casse et restaurée par d’anciens mariniers bénévoles. Elle a été transformée en Musée de la Batellerie, et expose maintenant le riche patrimoine local lié au fleuve.
Construite en 1954, de type Freycinet, d’abord remorquée, puis transformée en barge poussée en 1960, péniche de commerce de 1969 à 1991, la péniche Midway a été achetée par l’Association des Anciens et Amis de la Batellerie en 1992. On peut y voir le logement du marinier et de sa famille coquettement installé, les apparaux (matériel d’ancrage), les objets usuels du batelier, des machines à vapeur, des moteurs anciens, des maquettes de bateaux de Seine ainsi que du barrage et des écluses.
Le pousseur Fauvette, lui aussi sauvé de la casse, était à l’origine un bateau-remorqueur. Construit en 1928, il a été ensuite transformé en pousseur, puis longtemps abandonné avant de tomber en ruine. Il a été racheté par la commune de Poses en 1987 et restauré par d’anciens mariniers bénévoles. Unique en son genre, il a été classé Monument Historique en 1992.

Le barrage de Poses, ouvrage à pont supérieur, long de 235 m entre les deux rives de la Seine, a été construit de 1879 à 1885. C’est le premier et le plus important des dix-neuf barrages de la Seine, destinés à réguler le débit du fl euve et à faciliter la navigation en assurant un niveau d’eau constant tout au long de l’année.

Les deux écluses installées sur la rive droite, sont des ouvrages remarquables qui marquent la limite du bief maritime : Poses est le dernier endroit sur la Seine où l’effet de la marée se fait encore sentir. Ces écluses permettent de compenser la dénivellation (près de 8 m) provoquée par la construction du barrage.
Une centrale hydroélectrique, équipée de quatre turbines verticales Kaplan, d’une puissance totale de 8 mégawatts, a été implantée en 1991 dans le prolongement du barrage, avec obligation administrative de lui adjoindre une passe à poissons, afi n d’assurer la libre circulation des espèces migratrices.

La passe à poissons, construite côté rive gauche en 1992, est donc contiguë à l’usine hydroélectrique. Il s’agit d’une passe à vingt-deux bassins successifs, par étage de 25 à 30 cm de chute. La Seine abrite une quarantaine d’espèces de poissons, mais seulement vingt-cinq utilisent cette passe à poissons. La chambre d’observation, avec parois vitrées, ouverte au public, permet d’assister au passage progressif des poissons.
Autrefois, dans la région de Poses à Amfreville, de nombreux moulins étaient installés sur la Seine : des moulins à eau à roue pendante (comme le moulin d’Andé) et des moulins fl ottants (moulins à nefs, sous les ponts de Poses et
Amfreville), tous disparus ou devenus inactifs depuis la construction du barrage.

Après le déjeuner à l’auberge du Halage de Poses, nous nous sommes rendus à Saint Ouen de Poncheuil dans l’Eure pour y visiter le moulin Amour. Ce moulin, situé au coeur de la vallée de l’Oison, est mentionné en 1411 dans les archives départementales de l’Eure. Arrêté en 1914, abandonné pendant quatre-vingt ans, restauré pendant cinq ans, il est de nouveau en activité depuis 1993 et constitue aujourd’hui un véritable écomusée de la meunerie traditionnelle. Dernier des dix-sept moulins à eau répertoriés sur l’Oison, sa roue verticale à augets serait la seule recensée dans le département.

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Le moulin Amour – Photo M. Lajoie-Mazenc

Au rez-de-chaussée, dans la grande salle d’accueil du moulin on peut voir le mécanisme d’entraînement de la meule, située au premier étage, à partir de la grande roue extérieure à augets alimentée par en dessus depuis une retenue d’eau. C’est donc au premier étage que le blé «bio» fourni par une coopérative voisine est écrasé entre les meules de pierre reconstituée, puis tamisé dans le blutoir du rez-de-chaussée pour obtenir la farine complète de type 120. Le moulin produit aussi des farines de sarrasin, de «5 céréales», d’épeautre et d’engrain (ou petit épeautre). Après passage dans la bluterie, les farines sont ensachées devant le public et vendues sur place. Au troisième étage, un trieur permettait autrefois de nettoyer le blé avant la mouture. Maintenant, avec la livraison de céréales biologiques fournies très propres, cette opération est devenue inutile.
Dans l’ensemble des salles du moulin sont présentés de nombreux panneaux explicatifs sur le mécanisme et l’histoire du moulin Amour et des moulins en général, sur la législation, les céréales, ou encore des expositions temporaires. Situé dans un grand parc, le moulin Amour offre aussi à la visite : un jardin céréalier pour visualiser la culture des céréales utilisées dans le moulin ; un sentier découverte qui permet d’observer une faune et une fl ore selon les milieux humides tels que la mare, la rivière ou encore la prairie ; un potager pédagogique conservatoire qui fait découvrir des variétés de légumes régionaux oubliés ou menacés, légumes et plantes cultivés sur un sol surélevé, associés afi n de créer un équilibre naturel contre les prédateurs et les parasites ; un jardin de plantes aromatiques et médicinales, avec une agréable présentation.

La dernière visite de ce premier jour s’est déroulée au moulin à vent de Hauville dit « moulin de pierre d’Hauville ».
Construit au XIIIème siècle au sud-est de la forêt de Brotonne, propriété de l’abbaye de Jumièges jusqu’à la Révolution, ce moulin est le dernier des cinq moulins à vent de la commune de Hauville, les quatre autres étant des moulins pivot tout en bois, tous disparus. Déjà reconstruit au XVIème siècle, puis de nouveau abandonné dans les années 1860, il appartient par héritage à Monsieur Jean Dezellus depuis 1973. Classé à l’Inventaire des Monuments Historiques en 1979, il a été restauré grâce au fi nancement du «Parc Naturel Régional de Brotonne» en 1984, (Parc Naturel Régional qui a également assuré en 1992 la construction de la «chaumière» à l’emplacement de la maison du meunier totalement disparue).
Avec sa tour ronde en pierre calcaire et noyaux de silex noir de la région liés au mortier de chaux, ce moulin est couvert d’un toit de «chaume» (en réalité, le chaume est remplacé par des roseaux). La rotation du toit au moyen du gouvernail est facilitée par la présence de rouleaux métalliques. Le mouvement des ailes à toiles est transmis à la meule par l’intermédiaire d’un couple rouetlanterne en bois et d’un hérisson en fonte-bois placé à l’étage intermédiaire. Ce mécanisme est également équipé d’un régulateur à boules. Les meules, situées au deuxième étage, sont en aggloméré de silex. Les meules d’origine, retrouvées à l’occasion des fouilles, sont exposées au pied du moulin (une paire de meules plus petites les accompagne : ces meules seraient des meules à écraser les fèves).
La chaumière, grand bâtiment de type normand situé au pied du moulin, avec son toit de roseaux, est une maison de tourisme plutôt qu’une maison de meunier. Elle comprend une salle de projection, un espace de vente, et une salle d’exposition où l’on peut voir des maquettes de moulins, un moulin à main à meules verticales non identifi é, et des panneaux d’exposition sur l’histoire des moulins.

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Le moulin de pierre d’Hauville – Photo M. Lajoie-Mazenc

Le moulin est géré et animé par l’Association des Amis du Moulin d’Hauville sous la présidence de Monsieur Dezellus. Il participe à de nombreuses manifestations, comme la fête du moulin, accueille des expositions temporaires et
il est le point de départ de randonnées pédestres. Après cette première journée bien remplie et la deuxième nuit au Best Hôtel de Bourg Achard, la journée de dimanche a débuté par la visite du moulin de la Pannevert situé à Darnétal dans la banlieue est de Rouen.

Le moulin à eau de la Pannevert, dont la présence est attestée en 1199 et confi rmée en 1525, est certainement un des plus anciens moulins du Robec, petite rivière de la Seine Maritime qui se jette dans la Seine à Rouen et alimenta fi latures et teintureries jusqu’au XIXème siècle.
Dès l’arrivée au moulin, nous sommes frappés par l’état de la grande roue par en dessous à aubes courbes. La roue par en dessous à aubes planes qui existait à l’origine a été remplacée, entre les années 1877 et 1881, par une roue à aubes courbes qui a été restaurée une première fois en 1986 par l’Association des Amis des Monuments rouennais avec la participation du Centre d’Histoire Sociale de Haute Normandie (CHS) qui réinsère des chômeurs dans le monde du travail par le biais de la restauration du patrimoine industriel. Faute de protection et d’entretien, elle est de nouveau en très mauvais état. Elle fait l’objet de toute l’attention de Sylvie Lesage, propriétaire du moulin et présidente de l’Association pour la Sauvegarde du Moulin de Pannevert, qui est à la recherche de fi nancements pour la remettre en état.
Le mécanisme intérieur actuel date du XIXème siècle et offre une particularité intéressante : le premier étage à partir de la roue verticale, multiplicateur de vitesse, est, de manière inhabituelle, entièrement en fonte et de plus comporte une petite roue qui engrène à l’intérieur de la grande avec un profi l de dents dissymétrique.
Appelé successivement moulin de Morcin, moulin de Val, moulin de Monseigneur Du Réel (1525), c’est en 1587 qu’il devient moulin de la Pannevert (du nom du faubourg où il est implanté). Il a donc souvent changé de nom, mais
aussi d’usage, selon les propriétaires et selon l’environnement économique du moment. C’est ainsi qu’avec ses deux paires de meules, il a successivement écrasé : de l’écorce de chêne pour produire du tan qui servira au traitement des peaux, du blé pour produire de la farine, des racines de garance pour produire de l’alizarine (colorant rouge), des céréales pour produire de la farine (ou peut-être simplement concasser du grain) jusque dans les années 1930. Il est encore équipé d’une paire de meules.
Juste sur l’autre rive du Robec, le moulin est complété par un «four banal», four qui a été reconstitué en 1989 à l’initiative du CHS.

La matinée de ce dimanche s’est poursuivie par une visite guidée de la ville de Rouen sous la houlette de guides conférencières de l’Offi ce de Tourisme qui ont su nous faire apprécier les trésors architecturaux de la ville (cathédrale, parlement de Normandie – Palais de justice, église et aître de Saint Maclou…) et nous ont raconté des pans de son histoire avec, bien évidemment force détails sur Jeanne d’Arc, son procès et son bûcher dont on a retrouvé la trace près de l’église moderne qui porte son nom.
Mais les moulins n’étaient pas totalement absents de cette visite avec le «Passage des anciens moulins » où se trouve encore en place ce qui devait être l’axe d’une roue hydraulique ou encore avec les représentations de moulins à eau et à vent que l’on nous a fait chercher dans les sculptures de la voûte sous l’arcade du fameux Gros-Horloge.

Pour terminer en beauté la journée et après le déjeuner au restaurant Malamute sur la Place du Vieux Marché, c’est au Musée Industriel de la Corderie Vallois que nous sommes allés. Il se trouve à Notre Dame de Bondeville, au nordouest de Rouen, dans un grand bâtiment à pans de bois construit en 1822, à l’emplacement d’un ancien moulin à papier, pour abriter une fi lature hydraulique. Cette fi lature a été transformée en corderie par Jules Vallois en 1880 et est devenue, après une restauration intégrale, «Musée en mouvement» depuis 1994.

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Les tresseuses au premier étage – Photo M. Lajoie-Mazenc

Les machines de production sont entraînées par une roue à aubes courbes à structure métallique de 5,5 m de diamètre et 3,6 m de large abritée sous un bâtiment en bois et tout un ensemble d’engrenages et de transmissions qui partent du rez-de-chaussée pour alimenter les différents niveaux. Les machines anglaises et françaises de la fi n du XIXème siècle ont fonctionné jusqu’en 1978 et permettent encore aujourd’hui de retrouver les chaînes de fabrication des cordes de coton câblées et tressées.
Il est très impressionnant d’entrer dans les salles des machines, toutes prêtes à fonctionner dans un joli bruit d’engrenages, de transmissions et de cliquetis qui traduisent bien l’ambiance de la production d’autrefois. Lors de la restauration, tout a été prévu pour les visites : câbleuse, retordeuse, rouet, pelotonneuse, bobinoir, assembleuse, métier à tresser… sont identifi és sur des présentoirs, parfois accompagnés de maquettes didactiques, et sont mis en route pour les démonstrations.
Au deuxième étage, un espace audiovisuel présente différents reportages sur l’usine, sa production, sa restauration et sa transformation en musée. Une exposition temporaire de grande ampleur y était présentée sur le travail des enfants autrefois et aujourd’hui, en France et dans le monde.

En conclusion de ce séjour particulièrement riche et convivial, il faut remercier Charles Girardeau qui n’a pas ménagé ses efforts pour l’organiser en s’appuyant sur les différents Offi ces de Tourisme de la région et il a même pensé à commander le beau temps ! Il nous a donné envie de d’aller revoir la Normandie…

Claudine et Michel Lajoie-Mazenc avec l’aide des notes de Marcelle Pannetier

Les ateliers du Congrès

Atelier 1 : Transformation d’une minoterie en usine électrique « basse tension à Saint Méard de Dronne en Dordogne

1. Inventaire de l’existant
• Droits d’eau
• Bief
• Chaussée
• Canal de Fuite
• Moteur(s) hydraulique(s)

2. Evaluation de la modifi cation
• Expertise
• Plans de déroulement des travaux, et demande d’autorisation
• Devis

3. Les démarches
• ADME (subventions éventuelles)
• Activation des droits d’eau (DRIRE)
• Etude d’impact (organisme spécialisé)
• Aval de la police de l’eau (DDE)
• Certifi cat ouvrant droit à l’obligation d’achat (préfecture)
• Dossier pour le raccordement (EDF Toulouse)
• Dossier d’ouverture des travaux (mairie)
• Contrat d’accès au réseau (ERD Toulouse)
• Convention de raccordement (ERD Toulouse)
• Acquittement des premières factures : « pose comptage, travaux annexes, ligne téléphonique, location réseau »
• Demande du contrat d’achat (EDF ingénierie Toulouse)
• Attestation sur l’honneur et production des factures : « nouvelles installations »
• Accord du rattachement au périmètre d’équilibre (délivré par ERD à fournir à EDF ingénierie)
• Signature du contrat de mise en route et des conditions particulières avec EDF le plus proche (ex : Périgueux)
• Signature du Contrat défi nitif « vingt ans à compter de la mise en route » (EDF ingénierie)
• Conditions particulières défi nissant le tarif de la rémunération, (EDF ingénierie) : exemple à six paramètres ; pointe + heures pleines hiver + heures creuses hiver + heures pleines été + heures creuses été + engagement de régularité sur 5 ans
• Elaboration des factures par vos soins, mais soumises à l’accord de (EDF ingénierie)

4. La fi nalité
• Règlement à 36 jours par la direction financière (EDF USI IDF SCR COMP)
• Réactualisation « mise à jour tarif » tous les 1er novembre, mais à votre demande

5. Les obligations
• Respect des débits réservés (1 % du module) jusqu’en 2012
• Présence d’une vanne de décharge
• Respect de la réglementation pour les mouvements de vannes (ouverture en crue 20 cm et plus sur déversoir, gel en étiage)
• Tenue et présentation à la demande d’un suivi journalier

6. L’amortissement théorique
• Sept ans et demi pour ce type d’installation en fourniture basse tension sans génie civil ni achat de turbines

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Usine électrique de la Pauze sur la Dronne. Photo A. Mazeau

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Armoire de production. Photo A. Mazeau

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Turbine Francis. Photo A. Mazeau

Caractéristiques techniques de la petite usine électrique du moulin de la Pauze
Sur la Dronne. Débit turbiné 8 m3/s, débit réservé 1 m3/s, soit 1/11 du débit total alors que jusqu’en 2012 1/40 suffi t ! Puissance installée 145 kw/h, puissance normale disponible 76 kw/h, production annuelle 380 000 +/- 10 000 kw/h. Hauteur de chute 1,85 m. Quatre turbines de type Francis à cloches installées depuis 1904, vitesse inférieure à 100 t/mn. Quatre génératrices asynchrones modernes. Multiplicateurs par courroies. Asservissement par capteurs de niveaux dans la rivière, capteurs de vitesses sur les machines, automate, pompe hydraulique et vérins, installation en 2005.
A la Pauze la production mensuelle est si faible qu’elle ne serait même pas l’ultime décimale de la production en une seconde d’un seul réacteur nucléaire, cependant un panneau photovoltaïque produit moins de courant au mois de juillet qu’à la Pauze en une heure. La différence réside dans le fait que depuis la première installation des turbines en 1904, c’est la même eau qui passe sous ce moulin, aucune contribution à l’effet de serre, aucun impact sur la qualité de l’eau autre que bénéfi que par l’oxygénation, et surtout, que si toutes les très basses chutes de France étaient équipées à l’identique, cela représenterait un peu plus d’1 Terra-Watt heure!

Conclusion
Pourquoi diaboliser nos installations qui servent l’humanité depuis l’antiquité, un moulin maison de campagne est bien plus dangereux pour l’environnement qu’un moulin qui produit, car ce sont les meuniers qui préservent le
mieux nos rivières. Aujourd’hui le génocide industriel dû à la modernité, a tué la petite industrie hydraulique : meuneries, minoteries, scieries, mailleries, corderies, feutreries, martinets, brocards, forges, décolletages etc.
Le dernier espoir de nos moulins c’est l’hydro électricité.

Alain Mazeau

Atelier 2 : Eléctricité au moulin de la Basse Marche

Situation historique
Le moulin de la Basse Marche est un bien familial depuis plusieurs générations. Il est mentionné sur la carte de Cassini, il est répertorié dans le compois féodal de 1633. Le droit d’eau est fondé en titre. L’objectif était de lui redonner une vie « utile ». Au moment de sa mise en congé vers 1938, il produisait à l’aide d’une dynamo du courant électrique pour l’éclairage du moulin et de la maison d’habitation.
Situé sur la rivière Viaur dans le département de l’Aveyron, il est en aval du barrage EDF de Pont de Salars. Les 39/40èmes du débit sont détournés par EDF pour être turbinés et renvoyés sur la vallée du Tarn ! Dans les années
1950, une indemnité dérisoire a compensé ce détournement.

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Compois de 1633 mentionnant 3 paires de meules au moulin de la BasseMarche. Photo ZL.Zerr

Restauration du génie civil
Il a été nécessaire de restaurer le génie civil : «l’escampadouïre » (vanne de décharge) et d’étancher une partie de la chaussée et du béal. Pour retrouver la hauteur de chute initiale (2m50), il a fallu désalluvionner de 1m le canal de fuite, soutenir le chemin communal qui le longeait, renforcer les murs du moulin pour fi xer la structure qui supporterait les turbines.
Tout un travail de remise en état indispensable pour envisager de produire quelques KW d’électricité.

Objectif
Ce n’est pas l’objectif économique qui pouvait justifi er l’investissement car l’électricité produite ne permet un retour d’investissent que d’une vingtaine d’années !
La revente à EDF s’est exclue d’elle-même par la complexité et le coût du branchement et la qualité du courant exigée.

Matériel
Le choix a donc été de produire du courant pour le chauffage qui se contente d’une installation basique, simple et rustique.

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Turbine et génératrice Zenith de 1,2 kw. Photo ZL.Zerr

Pour s’adapter au mieux au débit variable du Viaur, nous avons repris l’idée de plusieurs roudets. Le moulin comportait quatre roudets : suivant les besoins et le débit on utilisait un, deux, trois, quatre roudets. C’est dans cet esprit
que le choix s’est porté sur trois petites turbines de 1KW chacune, (2m50 de chute brute pour un débit de 70 l/s) marque Zénith disponibles sur internet pour un prix raisonnable. C’est un matériel rustique fabriqué en Chine mais pas très bien fi ni et avec des indications d’installation très approximatives !
Nous avons choisi, n’étant pas spécialistes, de faire appel à un artisan turbinier. Il a repris le profi lage de la turbine pour augmenter son effi cacité et a réalisé la huche d’amenée avec grille et vanne et l’aspirateur de sortie. Les photos montrent les différents éléments.

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La chausée du moulin de la Basse Marche. Photo ZL.Zerr

Lors de la mise en eau, nous avons constaté qu’un tourbillon se formait et que la turbine aspirait de l’air, ce qui diminuait son rendement, produisait du bruit, des vibrations. Nous avons donc disposé des palets en tôle pour casser le tourbillon. Il y a des améliorations à faire notamment pour fi xer la génératrice car le tube protecteur d’origine de l’arbre est mal solidarisé et la génératrice a tendance à pivoter.

Production
Le système produit un courant alternatif 220 volts à 50 hertz si les paramètres sont bien calés.
Une résistance évacue le surplus et permet de réguler l’ensemble.
L’hiver dernier, la première turbine a été couplée à un radiateur électrique et a tempéré une pièce de 80 m3.
Un deuxième ensemble est prévu pour l’hiver prochain.

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Travaux de restauration du génie civil avant la mise en place de la turbine. Photo ZL.Zerr

Conclusion
Le moulin de La Basse Marche a retrouvé sa voix et murmure comme avant. Par magie, il transforme l’énergie de l’eau qui passe sans cesse, en électricité (renouvelable) pour notre confort.

Jean-Louis ZERR

Atelier 3 : Le moulin de la Fée à Saint Lyphart

En 2002, le moulin de la Fée situé à Saint Lyphart, devient « prototype aérogénérateur » avec les partenariats d’EDF, de l’ADEME, la Région des Pays de Loire et le Conseil Général de Loire Atlantique. Cet ancien moulin à farine produit de l’énergie électrique dans le réseau EDF. Depuis 2008, un dépôt de brevet défi nitif est en cours avec les homologations nécessaires pour reproduire le prototype dans toute la France.

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Un contrat commercial a été signé en juin 2008 entre EDF et la Société Prototype Moulin de la Fée.
Un groupement d’entreprises a vu le jour pour la reproduction avec EDF en qualité d’entité responsable.
La grande innovation, c’est l’automatisation totale du moulin, ce qui lui permet de fonctionner en permanence par tous les temps et sans l’intervention humaine. Pour cela il aura fallu deux années d’étude et sept années de réalisation avec trois versions et toutes les mises au point nécessaires (environ 15.000 heures).

Les deux diffi cultés majeures sont :
1. La conception d’une mécanique spécifi que pouvant concilier le fonctionnement des structures anciennes et modernes ainsi que le passage à l’informatique de l’automate. C’est un mélange de deux siècles de technique dans le respect de l’esthétique traditionnelle.
2. La sécurité absolue doit être assurée en permanence, quelles que soient les conditions météo ou anomalies techniques.

Pour la reproduction du prototype moulin de la Fée, l’objectif principal est de réhabiliter cent à cent-vingt moulins.
C’est la conjugaison intéressante de trois thèmes :
1. Production d’énergie verte renouvelable
2. Sauvegarde et réhabilitation du vieux patrimoine
3. Aspect pédagogique avec développement durable et touristique.

Enfi n, pour atteindre cet objectif, un partenariat est en cours d’élaboration entre la Fédération des Moulins de France et le Prototype Moulin de la Fée. L’idée a été retenue suite à mon intervention au Congrès de Rouen. Après la visite de Yves Ruel en 2002-2003, puis des contacts établis par son successeur, Madame Dominique Charpentier, lors de sa visite sur site en début d’année, Alain Eyquem, fraîchement élu à la présidence reprend le fl ambeau
avec le même état d’esprit.
J’en profi te pour les remercier vivement.

Concrètement, la reproduction n°1 sera inaugurée fi n septembre. Il s’agit du Grand Moulin des Places à Saint Mars du Désert en Loire Atlantique.

En conclusion, c’est une belle aventure qui commence où chaque adhérent peut s’impliquer de près ou de loin dans les projets futurs. Pour moi, c’est l’aboutissement de 15.000 heures de recherches, de réalisations, ainsi que la concrétisation d’un vieux rêve de dix ans.

Michel Mortier

Article paru dans le Monde des Moulins – N°30 – octobre 2009


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