Le site des Moulins de France
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Les saints patrons sont nombreux et varient selon les régions, les pays, les traditions et les sources consultées. En regardant le calendrier, nous pourrions remarquer qu’il y a au moins un à trois protecteurs des meuniers pour chaque mois de l’année, avec au moins cinq en novembre et sept en juillet : nous ne pouvons pas les citer tous, d’autant plus que la liste n’est pas close !

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Bois gravé du XVe siècle, Saint-Martin patron de la confrérie des meuniers du Bazacle. Musée du Vieux Toulouse – Photo DR.

Dans son ouvrage « Le Moulin et le Meunier » (Tome II : Une symbolique sociale /p 110 à 118), Claude Rivals note que seul l’un d’entre eux a été meunier (saint Winnoc – ou Winoc – de Bergues, Prince breton, fêté le 6 novembre). Il distingue :
1. Quelques patrons incertains : Anne / Antoine (Italie du Nord) / Barbe (moulins à vent) / Blaise de Sébaste (moulins à vent d’Allemagne) / Eugène de Tolède / Monique de Tagaste (moulins à eau) / Nicolas (en Champagne) / Ours de Loches (Cahors)
2. Les saints qui ont subi le supplice de la meule : Calixte (Pape) / Christine de Bolsène / Crépin / Florian / Halvard / Jean Népomucène / Quirin / Vérène de Zursach
3. Les saints « voisins », qui sont à la fois patrons de plusieurs métiers auxquels se « raccrochent » les meuniers : Christophe (patron des portefaix, des forts des halles, des déchargeurs de blé, et par extension des meuniers) / Honoré (patron des boulangers, pâtissiers et des meuniers) / Jacques (moulins foulons) / Jean (en Hollande, pour meuniers et tordeurs d’huile) / Léger (patron des carriers, meuliers, rhabilleurs de meules et meuniers)
4. Les « grands patrons », les plus vénérés, dont la popularité varie d’un pays ou d’une région à l’autre.
Catherine d’Alexandrie (25 novembre) :
seule femme parmi ces grands patrons, elle protège tous les métiers qui utilisent une roue : les meuniers d’abord, mais aussi potiers et tourneurs, rémouleurs, fileuses, couturières, plombiers, généalogistes, ainsi que les filles à marier (les « catherinettes », à 25 ans)…
Clément (Pape, martyr) (23 novembre) : patron des marbriers, des marins et bateliers, des meuniers (moulins à eau) et des tordeurs d’huile
Victor de Marseille (21 juillet) : patron des meuniers, des marins, des ébénistes et des victimes de tortures
Vincent de Saragosse ou de Valence
(22 janvier) : patron du Portugal, patron des meuniers mais aussi des vignerons, des vinaigriers, des navigateurs…
Martin de Tours (11 novembre) : peut-être le plus populaire de tous, célèbre pour avoir donné la moitié de son manteau à un mendiant
Si le 11 novembre correspond à l’anniversaire de l’Armistice de 1918, c’est aussi le jour de la fête de Saint-Martin. Il semble que ce soit la tradition populaire qui en ait fait un patron des meuniers.

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Carte postale Éditions Charlemagne – Photo DR.

« Sa fête, le 11 novembre, commémore ses obsèques et marque le commencement de l’hiver ;
on goûte le vin nouveau dit de la Saint-Martin ;
on mange l’oie de la Saint-Martin ; on allume des feux de joie, c’est un jour de grande foire, et le moment de l’embauche des valets de ferme, du paiement des fermages et des loyers. Les patronages de Martin sont nombreux : soldats, cavaliers, tailleurs, fourreurs, drapiers, mendiants, cabaretiers, moissons…) mais on chercherait en vain dans ses « vies »
la raison claire de son patronage des meuniers. » (Claude Rivals)

« Ce moine, marcheur infatigable entre la Hongrie, l’Italie, la Suisse, l’Allemagne et la France, appartient bien à toute l’Europe. Célébré et aimé de tous, Martin est devenu symbole du  » partage citoyen » européen. » (Serge Grandais)
Saint Martin, défenseur de la monarchie avec Saint Denis et Saint Louis, est particulièrement le patron de la ville de Tours, des meuniers d’Évreux, de Pont-Audemer (Eure), de Neuville (Sarthe), de l’hospice Comtesse de Lille (Nord) et bien d’autres. Mais aussi, il était considéré comme le patron des meuniers du Bazacle de Toulouse (cf. encadré), et il est encore fêté régulièrement.

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Statuette de St Martin au Moulin de Neuville – Photo J-P. Sivadier

Le BAZACLE de TOULOUSE
L’activité meunière du Bazacle s’est développée à partir du XIIe siècle, jusqu’à la fin du XIXe siècle, où l’on compte une quarantaine de paires de meules.

La « Société des Moulins du Bazacle » est la plus ancienne société capitaliste du monde
(cf Germain SICARD : MdM n° 3 p 4 – n°51 p 30 – n°55 p 28).

En 1888, le site est reconverti en usine hydro-électrique, avec la création de la Société Toulousaine d’Électricité (STE), pour produire de l’électricité utilisée pour l’éclairage de la ville de Toulouse.

Depuis 1946, le Bazacle est propriété d’Électricité de France (EDF). Une partie des locaux est devenue « l’Espace Bazacle », où sont organisées diverses expositions tout au long de l’année, dans un cadre qui a quand même préservé les machineries anciennes ouvertes aussi à la visite.

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Bénédiction du pain par le Père Georges Passerat – Photo Michel LAJOIE-MAZENC

Saint Martin : patron des meuniers du Bazacle
« Sant Marti : la festa dels moliniers del Bazacle »
Aux XVIIIe – XIXe siècles, à la « Sant Marti »,
pour honorer leur saint patron qui avait partagé son manteau avec un pauvre, les meuniers du Bazacle faisaient une grande fête et ils offraient le pain à tous les pauvres de la cité.
De nos jours, plus de meuniers au Bazacle, mais à Toulouse, le souvenir de la traditionnelle fête des meuniers persiste toujours.
C’est ainsi que chaque année, le 11 novembre (ou le dimanche le plus proche de cette date), pour la Saint-Martin, en l’église Saint-Pierre des Chartreux (21 Rue Valade à Toulouse), une messe en occitan est célébrée par le Père Georges Passerat (« Jordi » en occitan), qui renouvelle chaque fois anecdotes et culture occitane lors d’une homélie toujours captivante, même pour ceux qui ne pratiquent pas la langue occitane.
Les thèmes de l’homélie sont variés et peuvent aller par exemple de l’exhortation à goûter les joies simples de la vie (2011 / cf. encadré), à des variations autour d’un conte comme « Le Diable et Saint Martin », conte occitan où Saint Martin se fait dépouiller par le Diable à cause de sa bonté légendaire. (2015 / « Contes de la Vieille France » par J. Quercy, mis en occitan par Juli Cubaynes)

Extrait de l’homélie de Jordi PASSERAT
11 novembre 2011, traduit de l’occitan par Alban Cazals

« … Il ne faut pas mépriser les joies simples de la vie : c’est ce qui se disait autrefois dans les assemblées des confréries. Elles se répandaient en procession dans l’église le jour de la fête de leur Saint Patron, sans doute pour le bénir ou pour demander la pluie. Mais après, elles s’adonnaient à la joie en dansant, en mangeant, en partageant le pain, en appréciant aussi la qualité du travail, le don merveilleux de cette eau de la Garonne qui faisait tourner les roues des moulins… et en demandant dans leur prière que Dieu les préserve du péril, du malheur qui effraie tous les meuniers : l’inondation terrible qui emporte tout et charrie la mort.»…
Georges PASSERAT
Docteur en Théologie – Maître es Jeux floraux, Président du Collège d’Occitanie.

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Le  groupe du Poutou  comprend aussi  des enfants – Photo Michel LAJOIE-MAZENC

La célébration est animée par le groupe folklorique « Le Poutou de Toulouse » (cf encadré), en costume traditionnel : entrée en procession, avec présentation du pain à l’anis, chants de la messe en occitan bien sûr, avec participation de l’assemblée. À la sortie de la messe, le pain béni est offert à tous (excellent pain à l’anis), reprenant ainsi symboliquement le geste de distribution du pain aux pauvres pratiqué autrefois. Suivent alors démonstration et initiation aux danses du Languedoc dans une ambiance fraternelle et conviviale. Selon les années, cette dernière partie de la fête a lieu au Bazacle, tout près de l’église St-Pierre des Chartreux, avec déplacement en procession et en musique, ou dans le vaste vestibule devant l’entrée de l’église.

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Les musiciens du Poutou de Toulouse – Photo Michel LAJOIE-MAZENC

Le POUTOU de TOULOUSE
Le groupe des « Poutounets » compte actuellement une soixantaine de membres : des
musiciens, des danseurs adultes, enfants et adolescents. Les danses sont interprétées au son de l’accordéon, du violon, de la cornemuse, du hautbois, de la clarinette, de la flûte et de la vielle.

« Depuis sa création en 1956, « LE POUTOU de TOULOUSE » a recherché les différentes possibilités permettant de conserver les traditions du patrimoine toulousain. En célébrant la Saint-Martin, symbole du partage, l’église Saint-Pierre des Chartreux a été choisie pour sa proximité avec les anciens moulins du Bazacle, dont tout le monde connaît l’historique en relation avec le pain.
Nous avons, dans cette optique, créé la danse de
« LA MEUNIÈRE » sur un air traditionnel, ‘’la gigue’’, afin de pouvoir à notre manière célébrer et honorer le partage du pain en montrant le travail des MOLINIERS (meuniers) en costume de l’époque 1810-1890.

Les danses et les chants traditionnels ont pratiquement tous une relation avec les métiers et il nous appartient de les faire connaître en respectant au plus près leur authenticité. »

Claude SARRAIL, président du « POUTOU de TOULOUSE

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Le Poutou de Toulouse en action – Photo Michel LAJOIE-MAZENC

De nombreux proverbes évoquent les saints patrons parmi lesquels celui-ci rattaché à Saint Martin et au moulin :
A sant Marti, béu ton vin e laissa anar l’aiga al mouli
(À la Saint-Martin, bois ton vin et laisse l’eau aller au moulin)
Bientôt le mois de novembre : vous pouvez rejoindre le Poutou de Toulouse pour célébrer la Saint-Martin à l’église Saint-Pierre des Chartreux !

Principales sources de documentation
« Le Moulin et le Meunier » (Tome II : Une symbolique sociale) par Claude Rivals- Ed. Empreintes – 2000
« Lettre Martinienne » – Bulletin d’Information du Centre Culturel Européen St Martin de Tours – Novembre 2006
« Les Saints protecteurs des moulins et autres figures tutélaires » par Jean-Claude Gaillard – Ed. Amarco – 2009

Claudine et Michel LAJOIE-MAZENC – ARAM du Midi Toulousain
Paru dans le Monde des Moulins n°58 – Octobre 2016

Catégories : Histoire

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