Sur le canton de la Brède, on dénombre :pour l’Eau Blanche, 12 moulins, pour le Saucats qui traverse La Brède 9 moulins et pour le Gat Mort au sud 11 moulins. Un seul moulin à vent : sous le nom de moulin de Gars et dont on peut voir la tour aux 5 routes sur le chemin qui relie La Brède à Cabanac . Beaucoup croulent sous la ruine ; quelques uns ont été détruits ; d’autres ont fait l’objet de réutilisations ; une infime minorité donne encore une image de ce qu’ils furent. Craignons qu’une prise de conscience trop tardive ne nous fasse regretter de les avoir négligés.
Infiniment moins prestigieux que le château, haut lieu du pouvoir aristocratique, ou l’église, siège du pouvoir ecclésiastique, le moulin n’en était pas moins, dans les communautés qui nous ont précédés, un centre de vie et d’activités de première importance. Si la palette de leur utilisation fut vaste , le plus fréquent et le plus évident dans la mémoire collective demeure » le moulin à farine » : étape incontournable entre le grain et le pain. Est-il utile de rappeler la place prépondérante du pain dans l’alimentation d’autrefois et la sacralisation dont il était encore l’objet dans la période de l’entre deux guerres? Dans les économies rurales traditionnelles, au niveau d’autarcie élevé, il était d’usage de stocker les grains de préférence à la farine (de conservation moins aisée) et de ne faire moudre qu’au fur et à mesure des besoins. La conjonction entre la nécessité alimentaire et le caractère précaire des voies de communication conduisirent à cet impératif: » moudre où l’on vivait ». C’est ainsi que la densité des moulins sur un territoire est un bon estimateur de sa vitalité passée. Dans notre canton, leur fréquence le long de nos trois principales rivières atteste d’une occupation et d’une activité bien loin d’être négligeable. La carte de Belleyme, établie au 18ème siècle, signale pour la plus septentrionale de ces rivières, l’Eau Blanche, 12 moulins, pour le Saucats qui traverse La Brède 9 moulins et pour le Gat Mort au sud 11 moulins. On n’oubliera pas de signaler, à côté de ces moulins à eau, l’exception, peut-être le seul moulin à vent du secteur, celui indiqué sur la carte de Belleyme sous le nom de moulin de Gars et dont on peut voir la tour aux 5 routes sur le chemin qui relie La Brède à Saint-Morillon . Tous nos moulins ont en commun d’appartenir à la même famille, celle des moulins dits » à roue horizontale » : une turbine en position horizontale sous la salle des meules. Aucun n’a utilisé la technique de la roue verticale, ces grandes roues dressées contre un mur extérieur, si fréquentes dans d’autres régions de France. A première vue très semblables les uns aux autres, aucun n’est la copie de l’autre. Si la roue horizontale est de règle, les systèmes d’implantation et d’arrivée d’eau aux turbines varient. Et les systèmes de gestion de l’eau: les retenues, les dérivations, les biefs, les réserves, les trop plein, sont tous des cas particuliers, porteurs de leur originalité. La proximité géographique primant dans le choix de l’implantation, il fallait s’adapter aux lieux et à la ressource faisant ainsi de chaque moulin une machine unique. On ne peut parler des moulins sans évoquer les matériaux utilisés pour les mécanismes : silex meulière évidemment pour les quartiers de meules mais surtout le bois dont l’utilisation était quasi-exclusive, le métal n’étant utilisé qu’avec une grande parcimonie avant le développement industriel du 19ème siècle. Presque tout dans ces machines était donc en bois : les arbres, les systèmes de transformation d’un mouvement vertical en mouvement horizontal (et vice versa), les systèmes de démultiplication et même parfois les turbines. Et à chaque fonction une essence de bois particulière: le chêne pour les arbres, le buis ou le cormier pour les systèmes d’engrenage, etc …. Comment ne pas être admiratif devant ces savoir faire de nos jours obsolètes mais témoins de tant d’ingéniosité. Qu’en est-il aujourd’hui de ces témoins du passé? Leur déclin a commencé avec l’apparition de la machine à vapeur, du moteur à explosion et du moteur électrique, les derniers ont tourné dans les années 39-45. Aujourd’hui ne bénéficiant d’aucune protection officielle et n’étant l’objet que d’un bien maigre intérêt général, ils disparaissent doucement. Autrefois lieux d’une activité et d’un va-et-vient soutenus, lieux de rencontre, de discussion et de convivialité, ils sont aujourd’hui éloignés des centres de vie. Beaucoup croulent sous la ruine ; quelques uns ont été détruits ; d’autres ont fait l’objet de réutilisations ; une infime minorité donne encore une image de ce qu’ils furent. Craignons qu’une prise de conscience trop tardive ne nous fasse regretter de les avoir négligés. ( Philippe Delpech )
Informations transmises par Eric Charpentier
0 commentaire