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Prédire que le progrès industriel mondial sera un jour arrêté et ramené aux anciennes méthodes primitives n’est pas une prédiction osée lorsqu’on analyse la situation.

Le charbon est le roi du monde industriel. Le règne de ce roi est limité. Tôt ou tard, les réserves de charbon seront épuisées. La commission, qui a été nommée pour étudier le problème en Angleterre, a même dit que d’ici une centaine d’années, nous verrons le dernier seau de charbon retiré des mines anglaises. Ailleurs, les ressources diminuent rapidement. L’énorme quantité de charbon nécessaire pour faire tourner les bateaux à vapeur sur les océans, ainsi que les innombrables usines dans nos villes, ont un tel impact sur les ressources que la nature ne peut fournir éternellement. Lorsque tout le charbon de la terre sera brûlé, que ferons-nous ?

L’humanité perplexe et confrontée à la perspective que ses machines industrielles cessent de tourner par absence d’énergie, sera forcée de se détourner des entrailles de la terre pour se tourner vers l’air. Dans le monde, nous avons une force qui a aidé l’humanité depuis toujours : longtemps avant la période des bateaux à vapeur ou des paquebots, les navires étaient acheminés d’un côté à l’autre par la force du vent. Le moment viendra où les navires seront à quai et désarmés, à moins que l’ingéniosité de l’homme ne remplace les stocks de charbon épuisés par un carburant tout aussi effi cace.

À ce moment là, les navires seront munis de mâts et de voiles comme autrefois durant les voyages en mer et une fois encore, les mers seront parsemées de bateaux mus par des systèmes qui sont à présent en déclin. Le jour où l’homme prendra la dernière pelletée de charbon des entrailles de la terre marquera la fi n des magnifi ques bateaux de guerre, des paquebots rapides ainsi que des torpilleurs. La marine mourra un jour, faute de feu généré dans les salles des machines. À leur place, nous verrons arriver une armée de bateaux à ailes blanches utilisant seulement la force de la voile, tout comme à l’époque de Nelson. La question de savoir quel paquebot accomplira le voyage New York / Liverpool le plus rapidement ne sera, pour les passagers, d’aucun intérêt car le voyage dépendra, comme par le passé, du vent, des capacités de l’équipage et du bateau.

À terre, les effets de la disparition du charbon se feront encore plus sentir que sur mer. Chaque édifi ce pourrait être doté de sa propre turbine disposée sur la toiture pour générer la force nécessaire pour faire  tourner les roues qui permettent aux engrenages de fonctionner, pour générer de l’électricité pour ses machines, pour pomper l’eau et faire tout ce que le charbon a fait dans les salles des machines. Des voiles pour les usines, des voiles pour les moulins ainsi que dans nos docks afi n de récupérer le souffl e qui permet de faire tourner la roue du progrès. La force du vent utilisée partout pour servir l’homme, gratuite pour tous, travaillant silencieusement avec une force incroyable pendant que l’humanité dort. Peut être que le manque de charbon sur terre sera en fait un bienfait, lorsque l’on considère les diffi cultés et les dangers de soutirer des entrailles de la terre ses ressources cachées, et comme il serait naturel et facile d’utiliser la force du vent pour faire le travail que le charbon fait actuellement.

Par Lord KELVIN*, célèbre thermodynamicien (1824-1907) (Le seul article écrit durant son séjour aux États- Unis)

*William Thomson, mieux connu sous le nom de Lord Kelvin, (Belfast, 26 juin 1824 – Largs, 17 décembre 1907) est un physicien britannique reconnu pour ses travaux en thermodynamique.

Traduction Bridget Petit, Michel Sicard – Article paru dans le Monde des Moulins – N°42 – octobre 2012

Catégories : Histoire

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