Du 21 au 24 avril 2016, la Fédération Des Moulins de France rassemblait, dans le département de l’Hérault, plus de cent personnes lors de son congrès annuel.
L’Association Auxilium, Moulins de l’Hérault, en charge de l’organisation, a reçu le soutien de la Commune de Rosis, la ville de Lamalou- les-Bains, la Commune de Villemagne, le Parc Naturel Régional du Haut-Languedoc, l’Association Demain la Terre ! (M. Oustrain), l’Association Pierres sèches (Madame Claude Froidevaux), l’Association du Moulin de Saint-Pierre-de-La-Fage (Monsieur Libessart), l’Association Patrimoine et Mémoire de Nostre Pais (Michel Bordenave ), les Amis de Villeneuvette (Monsieur Bouteloup), la Société Archéologique et Historique des Hauts Cantons de l’Hérault, Monsieur et Madame Thierry Jam (Moulin des Laures), Monsieur Guilhem Beugnon (Centre de Ressources Développement Durable de Vailhan), Monsieur et Madame Leconte (Moulin de Roquemengarde), Monsieur et Madame Hygounenc (Noria de Thézan), l’Office de Tourisme de Lamalou, la Société Archéologique et Historique des Hauts Cantons de l’Hérault (Monsieur Scanzi, Monsieur Bivolas), la Confrérie des Chevaliers de St-Saturnin « Académie du pain artisanal », Monsieur Azéma, Marc Meurisse.
Ce congrès était honoré de la présence de Monsieur Tarcis Henegouwen, secrétaire général de la TIMS et de son épouse et également du nouveau représentant de la TIMS en France, Jean-Pierre Azéma.
Pour se mettre en jambe dès le jeudi matin, en option : les moulins de Cabrières et de Neffiès
Neffiès : le Moulin de Julien
Le village de Neffiès a compté sur son territoire pas moins de six moulins à eau qui fonctionnaient tous de manière semblable. Chaque moulin était équipé d’un vaste et long réservoir, appelé bassin de charge ou « resclause », alimenté par l’eau d’un ruisseau capté en amont. Lorsque le bassin était plein, le moulin utilisait alors la force de l’eau pour faire tourner rouets et meules actives et produire ainsi la farine. Ce concept technique, particulièrement bien adapté aux contraintes climatiques et hydro-géologiques de la région, a été utilisé dans tout le midi de la France. Le site a fait l’objet d’une restauration de la part de la commune de Neffiès, il y a quelques années. Il donne une idée précise et assez pédagogique du fonctionnement de ce type d’ouvrage. Intervenant : monsieur Beugnon.
Neffiès (Hérault) – Moulin de Julien (1696) et pont sur le ruisseau de Vaillelle. – Fagairolles 34 – Travail personnel sur wikipédia
Cabrières : la Meunerie de Tibéret
Meunerie de Tibéret à Cabrières : Dès 1174, dans les cartulaires des abbayes d’Aniane et de Gellone, il est question de l’église Sainte-Marie de Tibéret mais aussi sur les cartes de Cassini. La charte de 1184 indique qu’il y avait, en
ces lieux, à la fin du XIIe siècle, un établissement des templiers relativement important, qui avait à sa tête un prieur. Le prieuré de Tibéret était rattaché à la commanderie principale de Sainte-Eulalie-de-Cernon (Aveyron). De cet ensemble de vestiges subsistent, au pied d’une source, les ruines d’une église, d’une meunerie et de trois moulins. Accueil par Monsieur l’adjoint au maire de Cabrières.
à consulter : http://crpe-vailhan.org/documents/sentiers/tiberet.pdf
Guilhem Beugnon accueille le groupe devant la réserve d’eau qui alimente les moulins en contre-bas – Cliché B. Petit
Descente vers les moulins – Cliché B. Petit
Pour ouvrir le séjour
Les merveilles de Dame Nature, avec le Cirque de Mourèze, pendant que le second car se faisait conter l’histoire de la Manufacture Royale de Villeneuvette et de son village.
Le Cirque de Mourèze
Site inscrit depuis 1941, le Cirque de Mourèze méritait le détour.
Figures d’érosion dans le Cirque dolomitique de Mourèze. Hugo Soria Licence: fr:GFDL Hugo Soria wikepédia
La Manufacture Royale de Villeneuvette
Manufacture Royale de Villeneuvette – Photo DR
Manufacture Royale de Villeneuvette – Photo DR
Manufacture Royale de Villeneuvette – Cliché JPH Azéma
Pour clôturer cette première journée : une conférence à quatre mains : Les Moulins de l’Hérault au fil des siècles.
Dans la magnifique salle Ulysse de Lamalou, après l’accueil chaleureux de Monsieur Philippe Tailland, Maire de Lamalou, en présence de nombreux élus, Jean-Pierre Azéma (docteur en géographie, diplômé de l’université Paris IV-Sorbonne-CNAM, chercheur associé au Laboratoire Framespa CNRS/UMR 5136 Toulouse le Mirail II, consultant expert spécialiste du Patrimoine Industriel et des moulins, de l’histoire des rivières et de l’énergie, représentant de la TIMS pour la France), avait invité Madame Françoise Lombardi-Peissel, originaire de l’Aude, historienne de l’Art. En 1985, sous la direction du professeur Jacques Bousquet, elle a soutenu une maîtrise devant l’Université Paul Valéry de Montpellier, intitulée « Les moulins fortifiés de l’Hérault et de l’Aude ».
Jean-Pierre Azema et Françoise Lombardi-Peissel – Photo DR
Le public – Photo B. Petit
M.le maire de Lamalou accueille la conférence – Photo Cazenave
Du Lac de Salagou et son village abandonné au Moulin à vent de Saint-Pierre de la Fage, en passant par Gignac (le barrage de la Meuse et son installation hydroélectrique) et les moulins fortifiés de Roquemengarde et des Laures
Le Lac du Salagou
Le projet de barrage fut lancé dans les années 1950, dans le but de créer une réserve d’eau qui favoriserait une diversification des cultures, comprenant le développement d’une production fruitière, la viticulture devenant surproductive. Secondairement, le barrage a pour but de régulariser les crues de l’Hérault. Les travaux débutèrent en 1964 pour se prolonger jusqu’au début de 1969. Le lac a noyé une partie des communes de Clermont-l’Hérault à l’est, Liausson au sud, Octon à l’ouest, et Celles au nord.
Alors qu’on pouvait penser, en 1968, qu’il faudrait des années pour que la cuvette de l’Escandorgue se remplisse, un seul très gros orage la combla à moitié, en mars 1969. D’autres précipitations remplirent presque totalement la cuvette en quelques mois, donnant raison aux calculs des ingénieurs.
Le Lac du Salagou – Photo B. Petit
Le Lac du Salagou – Photo Cazenave
Le Lac du Salagou sert aussi aux Canadairs de la Sécurité Civile pour se ravitailler en eau.
Le Moulin de Saint-Pierre-de-La-Fage
Il se situe au Nord du département de l’Hérault, sur la route touristique des Causses du Larzac et de la Vallée de l’Hérault, non loin du Cirque de Navacelles. Édifié à 620 m d’altitude, il domine la Forêt Domaniale de Parlatges. Ce
moulin, recensé en ruine dès 1830, a été restauré en 2005 sous l’impulsion de la municipalité.
Le moulin à vent de Saint Pierre de la Fage – Photo B. Petit
Il se trouve être un des rares moulins d’autrefois réhabilités du Plateau du Larzac. Ce fut la quatorzième réalisation de M. Garibal, charpentier-amoulageur, et de son équipe. Il fonctionne par des moyens traditionnels et produit de la farine à l’ancienne.
Les moulins fortifiés de Roquemengarde et des Laures
Moulin de Roquemengarde – Photo Cazenave
Moulin des Laures : sa noria – Photo Cazenave
La Meuse de Gignac et son barrage hydroélectrique
La Commune de Gignac est marquée par une histoire singulière de plus de 160 ans, relative à son alimentation en eau potable et en électricité.
Le lieu-dit « la Meuse » est un site communal qui comprend une ancienne usine et un barrage hydroélectriques. Il est entouré d’espaces présentant des attraits multiples pour des activités éducatives ou de loisirs, avec en particulier
la possibilité d’accéder au bord du fleuve, en amont et en aval du barrage.
Si le barrage actuel a été construit dans les années 1980, les premiers aménagements datent des années 1850. La plupart des machines d’origine ont été laissées en place, ce qui permet d’avoir un aperçu de l’évolution des techniques sur plus d’un siècle.
Le verdunisateur. « Système d’auto-Javellisation Imperceptible » pour désinfecter l’eau, installé en 1930 – Photo Cazenave
Roue renvoi d’angle en bois avec, en arrière plan, le frein sur la roue qui entraîne la courroie – Photo Cazenave
Pompe foulante de l’entreprise toulousaine « Veuve Désirée Bonnet », installée en 1903 – Photo Cazenave
Le barrage de la Meuse, un des principaux ouvrages au fil de l’eau sur le fleuve Hérault, est géré par Gignac Énergie. Cette Entreprise Locale de Distribution (ELD) assure la distribution de l’électricité, de l’eau et de l’assainissement
sur la Commune de Gignac.
L’ancienne usine abrite encore ses machines de production d’électricité et de pompage de l’eau.
Depuis 2015, la Commune de Gignac a confié à « Demain la Terre ! » l’animation et la valorisation de cet espace, propice à aborder de nombreuses thématiques : l’électricité et les énergies renouvelables, la ressource en eau, la biodiversité, le fonctionnement de la rivière, les risques d’inondation, la géologie. Daniel Oustain et son collègue animateur nous ont guidés sur les deux sites.
Pas de moulins si nous n’avons pas de meules !
La carrière de la Veyrasse
Une découverte de Monsieur Bivolas après la visite du village de Villemagne-l’Argentière.
Monsieur Luc Salles, maire de Villemagnel’Argentière, nous a accueillis au petit matin pour une présentation de la carrière de meules par M. Scanzi, président de la Société Archéologique et Historique des Hauts Cantons de l’Hérault. Une visite du village, trop rapide hélas, nous menait successivement de la porte fortifiée à la tour de Mirande, en passant au pied des églises Saint-Grégoire et Saint-Majan et enfin à l’Hôtel des Monnaies dont la restauration vient d’être terminée.
Carrière de La Veyrasse – Photo Cazenave
Marc Meurisse géologue passionné et passionnant capte l’attention des participants – Photo Cazenave
Le nom de l’Argentière vient de l’exploitation de mines de plomb argentifère qui faisaient la richesse de l’abbaye ainsi que celle des vicomtes de Narbonne et Béziers.
La carrière est située sur le village voisin, à Taussac-la-Billière.
L’Assemblée Générale aux champs : Cap sur Rosis, un village composé de 22 hameaux administrés par Jacques Mendès, maire plein d’enthousiasme et de chaleur.
L’accueil
Accueil par le maire de Rosis et par le vice-président du Parc du Haut Languedoc, Francis Cros – Photo P. Suilhard
La surprise
Monsieur le Maire de Rosis aime à faire plaisir et à honorer ses visiteurs. Il avait convié la Confrérie des Chevaliers de Saint-Saturnin de Cazouls-lès-Béziers – Académie du Pain Artisanal du Languedoc Roussillon. Le but de cette confrérie est de défendre et promouvoir le pain artisanal, représenter le village de Cazouls-lès-Béziers, préserver le bien-vivre local, faire en sorte que les produits régionaux gardent une place d’honneur pour les familles et la restauration, sauvegarder les traditions, rassembler les êtres par un lien fraternel. La devise : « Qui n’aime point le Pain, le Vin, « la Bonne Soupe », les Femmes (ou les Hommes suivant le sexe), ni les Chants, restera un sot toute sa vie durant. » (D’après Martin Luther, Théologien, Eisleben 1483-1546).
Les adobés – Photo Patrick Suilhard
Tout cela ne parle-t-il pas à chacun de nous ? Jacques Mendès, maire de Rosis, a organisé une cérémonie où quelques-uns se sont engagés à respecter les buts et la devise de cette confrérie : Francis Cros, (vice-président du Parc Régional), Alain Eyquem (président de la Fédération Des Moulins de France), Tarcis Henegouwen (secrétaire général de la TIMS), Bridget Petit (présidente d’Auxilium, Moulins de l’Hérault et secrétaire de Moulin d’Oc), Dominique Charpentier (vice-présidente de la FDMF et présidente de Moleriae) : ils ont été promus chevaliers d’honneur de la Confrérie des Chevaliers de Saint-Saturnin, Académie du Pain Artisanal du Languedoc Roussillon. (http://chevalier.stsaturnin.free.fr/)
Visite du Moulin-de-la-Fage – Photo Cazenave
L’Assemblée Générale
Elle fut qualifiée de champêtre par notre président. Comme toujours, un grand moment pour faire le point sur l’année qui s’est écoulée et l’élection des conseillers d’administration par tiers. À noter le renforcement du Conseil d’Administration par l’entrée de trois nouveaux membres : Colette Véron, Jean-François Plaze et Jean-Claude Grégory.
Signature du Moratoire par Francis Cros et Jacques Mendès – Photo Cazenave
L’assistance lors de l’AG presque studieuse – Photo B.Petit
Dimanche, c’est la clôture du congrès
Les moulins à vent de Faugères et ses carabelles
Restauré à l’identique, le Moulin de Faugères fonctionne comme autrefois. Le Syndicat d’Initiative vous accueille et propose des visites guidées du moulin à grain. Au-dessus de la tour d’accueil, une table d’orientation, gravée dans la pierre, offre une vue panoramique de 360°. Le sentier botanique, partant du parking jusqu’aux moulins, illustre les plantes aromatiques et médicinales sauvages.
Autre particularité locale, de nombreuses « carabelles » ou « capitelles », anciens abris en pierres sèches, ont été restaurées par l’association « Pierres Sèches ». http://pierreseche.esy.es/ – contact : pierres.vie@gmail.com
Les moulins de Faugères – Photo Cazenave
Une belle carabelle – Photo Cazenave
Mme Claude FROIDEVAUX nous accueille pour la visite des carabelles et les savoir-faire autour des murs en pierre sèche – Photo Cazenave
Thésan et sa noria
La noria de Thézan-les-Béziers – Photo Cazenave
Roquebrun et son projet autour des moulins à huile, à grain et à foulon
Leur architecture massive et la construction robuste laissent penser qu’ils ont été bâtis au milieu du Moyen-Âge (entre le XIIe et le XIVe siècle), époque dont sont issus la plupart des moulins à eau encore visibles dans notre région. Abandonnés au fil du temps, ils se dressent toujours sur les berges de l’Orb, au pied du vieux village, et font l’objet d’une étude de nouvelle vie dans le cadre de l’Association Moulins d’Oc. Le moulin à huile possède toujours son mécanisme et sert de salle d’accueil.
Moulin à grain et à foulon – Photo Cazenave
Le moulin à huile fait office de salle à manger le temps du piquenique
– Photo Cazenave
Un très bon congrès aux multiples visites sportives et rencontres, qui doit sa réussite à la mutualisation des connaissances, des savoirfaire, des ressources, émanant de différentes associations, collectivités, et organismes publics,
que nous remercions chaleureusement pour leur soutien et leur présence.
Un grand bravo aux différents prestataires, jusqu’à l’hôtellerie et la restauration.
Dominique Charpentier – Article paru dans le Monde des Moulins – N°57 – juillet 2016
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