Le site des Moulins de France
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Parler des moulins à huile sans parler de l’arbre à huile serait mal venu.
Le noyer, dit “l’arbre de Perse”, est de la famille des juglandacées (du latin jovis glans, les grecs ont désigné la noix sous le nom de “gland de Jupiter”).
Le noyer a été transporté de Perse jusqu’en Europe au Moyen Age par les rois; il était probablement originaire d’une région qui s’étend sur l’Asie Mineure, l’Iran et le sud de la péninsule Balkanique.
Il vit de trois à quatre siècles et à des altitudes très surprenantes comme en Suisse, alors que chez nous il est très fragile au gel. Les terrains dans lesquels il pousse sont variés : argilo-calcaire, sableux, calcaire ou pierreux. Mais on le trouve souvent autour des vallées aux alluvions très riches ; c’est là qu’il se plaît le mieux. Entre le 44ème et le 46ème degré de latitude nord, il trouve des conditions climatiques très favorables. Un noyer de variété originale commence à produire à partir de 15 ans, tandis que greffé, il commence à partir de 6 ans. Jusqu’au début du 19ème siècle on pensait que le noyer ne pouvait pas se greffer. Il paraît que le frêne serait un bon porte-greffe.

un arbre magique, mythique, maléfique, bénéfique

Le noyer peut servir de bornage des terrains. On le trouve souvent dans les cimetières.
L’huile de noix servait de combustible dans les lanternes des morts.
De nos grands-parents : “ne reste pas à l’ombre du noyer, tu vas attraper du mal !” ; souvent dans les campagnes, on entendait ça. Dormir sous un noyer donne la fièvre ou mal de tête. La solution pour profiter de son ombrage sans danger est de lui casser une branche, ou de lancer une pierre contre son tronc !…
“A la Madeleine (22 juillet) la noix est pleine, à la St Laurent (10 août) on fouille dedans”
La noix fruit de Dieu : la croix du Christ était en noyer.
La noix à trois “cuisses” (dont la coque de bois est composée de trois parties au lieu de deux) porte bonheur, à condition de ne pas la perdre.
Les croix de St Jean façonnées en feuilles de noyer protègent les animaux, les biens, la santé des hommes. Des bouquets de feuilles de noyer cueillies la veille de la St Jean protègent des maladies. En médecine, elles rentrent dans de nombreuses préparations ; elles combattent les brûlures, les coupures, les dartres, les douleurs, les hémorroïdes, les saignements de nez, le diabète, l’anémie, l’asthénie. Les feuilles de noyer récoltées à la St Jean sont toniques, astringentes, dépuratives ; elles stimulent le foie, favorisent la circulation du sang, agissent sur le tonus musculaire. Les feuilles de noyer éloignent les abeilles, les fourmis, les mouches ; glissées sous la litière des chiens ou des chats, elles font fuir les puces.

noyer

Le noyer attire plus la foudre que les autres arbres.
L’analogie de forme entre le cerneau et le cerveau est supposée guérir les maux de tête à qui mange des noix.
Les cerneaux activent la pousse des cheveux et des sourcils. Il faut que la partie capillaire soit humectée quotidiennement avec une décoction à base de cerneaux mâchés et des gouttes de sulfate de quinine.

noyer2

L’arbre, le fruit

Le noyer est recherché pour les qualités exceptionnelles de son bois, en raison de sa dureté, de sa densité, de sa souplesse et du poli qu’il acquiert avec le temps. Nommé “l’acajou d’Europe”, il est utilisé du tronc aux racines : en ébénisterie par les sculpteurs, les armuriers (crosses de fusils) et aussi plus récemment en automobile (caisses de voitures) et en aéronautique (hélices d’avions). De ce fait il acquiert une très grande valeur marchande. En 1919, un noyer de taille exceptionnelle (5,3 mètres de circonférence) a été vendu 2 591 Euros. Mais ces noyers géants se sont raréfiés au cours du siècle dernier. Le noyer est très sensible aux fortes gelées.
Le noyer est une espèce monoïque (les fleurs mâles et femelles sont portées séparément sur le même arbre). La pollinisation est anémophile (sans intervention des insectes).
En France, le bas Limousin, la Dordogne, le Querçy et le Dauphiné fournissent la noix de table. Ce fruit est traditionnellement consommé soit frais, séché, ou sous forme d’huile (bien que cette dernière ait été notablement réduite depuis la production d’huiles végétales d’origine tropicale).
La noix trouve aussi sa place en confiserie, en boulangerie et entre dans la composition des fromages. Les peintres utilisent l’huile de noix parce qu’elle ne fige pas.
Le noyer est l’arbre à huile par exellence grâce auquel on s’éclairait et on faisait la cuisine. Les lampes à huile (les calelhs) remplaçaient avantageusement les brandons de résine.

Patrick AGARD – Article paru dans le Monde des Moulins – N°1 – mai 2002

Catégories : Technique

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