Des moulins bateaux ont existé un peu partout en France sur les cours d’eau importants. Le moulin de Huningue (Haut Rhin) du fait de sa localisation à la frontière de la France et de l’Allemagne, avait des contraintes particulières dans son fonctionnement.
Il a été autorisé par ordonnance royale du 6 août 1833 à être amarré à la rive française, en aval de la prise d’eau du canal du Rhin au Rhône. Il y eu un différent entre le meunier et l’administration relatif à son emplacement exact, mais ce point n’est pas exceptionnel.
Le point essentiel est que le moulin ne devait moudre que du grain venant de France. Cette obligation, jointe certainement à des craintes concernant la contrebande, a imposé un cheminement complexe pour les grains et la farine.
Les grains à moudre devaient d’abord être présentés au bureau des douanes pour être vérifiés et pris en compte. Ils pouvaient être alors menés au moulin avec des acquits à cautions dispensés de timbre, soumis au visa des préposés de service au passage du Rhin.
Ces préposés étaient heureusement situés près du moulin.
Les farines sont ensuite ramenées à terre avec les acquits à cautions de nouveau visés par les mêmes préposés qui vérifient qu’il n’y a que de la farine dans les sacs. Elles sont ensuite portées au bureau des douanes où elles sont vérifiées à nouveau, et portées en décharge du compte ouvert, le poids de farine devant être proportionnel au poids des grains portés. Il n’est pas précisé si le meunier est suspecté d’exporter frauduleusement sa farine en Allemagne, si par malheur en transportant les sacs par bateau il en fait échapper dans le Rhin, et ne peut donc ramener tout le poids de farine.
Comme si cela ne suffisait pas, le moulin bateau pouvait être inspecté pour vérifier qu’il ne contenait pas plus de grain que celui qui était inscrit dans les comptes des douanes.
En cas d’infraction, le grain en surplus devait être saisi.
Source : archives nationales, F14 6339
Stéphane Mary
Paru dans le Monde des Moulins n°14 d’octobre 2005
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