Je suis propriétaire d’un moulin que j’habite avec beaucoup de plaisir depuis 17 ans. Lorsque nous l’avons acheté avec mon épouse, il était quasiment en ruine, abandonné depuis un demi-siècle au milieu d’un hectare de ronces, d’orties et d’arbustes sauvages
entremêlés. Le bief était complètement envasé.
Tout jeune, j’ai fait un rêve prémonitoire: je fabriquais de l’électricité avec de l’eau. J’ignorais alors le processus de l’hydroélectricité. Lorsque nous avons visité ce moulin j’ai eu “le coup de foudre” : il y avait une turbine. C’est ce qui m’a décidé à l’achat. Avec beaucoup de patience, d’obstination, de travail et aussi d’argent, nous en avons fait notre habitation, un petit paradis sur la terre.
Lorsque cela a été fait, j’ai songé à réaliser mon vieux rêve. La turbine a été démontée et restaurée. Cela n’a pas été simple, il a fallu reconstituer les directrices inutilisables du fait de la rouille, refaire les paliers, les arbres, l’étanchéité, etc.
Enfin j’ai acheté un moteur électrique d’occasion et j’ai réalisé un accouplement par poulies et courroies. J’ai complété cela par un automatisme rudimentaire.
Au final, la puissance disponible est au maximum de 2,5 kW. Cela peut paraître très faible, mais j’ai réalisé mon rêve. Il faut dire que mon moulin est sur un petit ruisseau, dispose d’une faible chute (2,5m) et d’une petite turbine. Néanmoins avec cette faible puissance, la production annuelle couvre la moitié des besoins domestiques, chauffage compris. Bien sûr, .je me suis posé le problème de la légalité de cette installation. Mon moulin est “fondé en titre”, je n’ai donc pas besoin d’autorisation préfectorale.
Je me suis vite rendu compte que la simplicité de mon installation présentait des inconvénients qui rendaient son exploitation aléatoire.
Par ailleurs mes nombreux contacts parmi les amis des moulins m’ont convaincu de la nécessité de généraliser ce type d’équipement. En effet, un grand nombre de propriétaires de moulins souhaitent les valoriser par la production d’énergie électrique. Un certain nombre sont équipés de turbines désaffectées qui peuvent être remises en service à peu de frais. Les compétences mécaniques existent localement. Il n’en est pas de même en ce qui concerne la partie électrique et l’automatisme.
Je me suis donc attaché à la conception d’un système performant, fiable, économique, facile à installer et à maintenir, d’une utilisation extrêmement simple sans connaissance particulière.
Conception générale
Ce système est basé sur l’utilisation d’un coffret électronique comportant une batterie d’accumulateurs étanche, sans entretien et munie de son chargeur. Cette batterie alimente en permanence la totalité du système qui se trouve ainsi à l’abri des coupures du réseau. La commande du vannage se fait à l’aide d’un moteur à courant continu, ce qui permet de remplacer économiquement et plus simplement le traditionnel système de vérin, contrepoids et groupe hydraulique. La fiabilité de l’installation, notamment en cas
de survitesse due à une coupure secteur, repose sur la sûreté de ce dispositif.
C’est pourquoi le système a été fiabilisé de telle sorte que la fermeture soit garantie, même en cas de défaut batterie (vieillissement, panne de chargeur). D’autres innovations qu’il serait fastidieux d’énumérer ici ont été apportées. L’ensemble se présente sous forme modulaire facile à installer et à maintenir :
Un coffret électronique pour l’automatisme.
Un coffret électrotechnique conforme aux prescriptions EDF.
Un moto-réducteur accouplé à un vérin mécanique (vis, engrenages) de commande du vannage.
Un capteur de vitesse de la génératrice.
Un capteur de niveau amont.
Divers accessoires sont prévus: commande à distance, sécurité d’innondation, alarme sur défaut. Le coffret électrotechnique de base est dimensionné pour une puissance de l5kW soit la très grande majorité des besoins des petits moulins. Ce coffret peut sans inconvénient être dimensionné pour des puissances supérieures. II est également possible de piloter des turbines déjà dotées de vérins hydrauliques, voire de roues verticales ou horizontales équipées de vannes motorisées.
Cet équipement répond parfaitement aux critères que je m’étais fixés. Il fonctionne sans incident depuis plus de 2 ans. Je l’ai conçu d’une manière professionnelle, ce n’est pas un “bricolage” comme j’ai eu l’occasion d’en voir trop souvent.
Commercialisation
J’en ai confié la fabrication et la commercialisation à une entreprise qui peut le proposer pour une somme relativement modique(l) soit sous forme de modules prêts à poser, soit installés, mais dans ce cas uniquement dans le Sud Ouest.
Investissement et amortissement
Pour une puissance de l0 kW, l’investissement initial doit être amorti en moins de 5 ans par la revente de l’énergie excédentaire à EDF .
Satisfaction et motivation
Au-delà de cet aspect financier, on ne peut pas mesurer la satisfaction de “se faire plaisir” en produisant sa propre énergie. Cette démarche s’inscrit également dans le développement des énergies renouvelables.
Conclusions :Je crois que cet équipement répond à un véritable manque. Je l’ai conçu pour répondre à l’attente de nombreux propriétaires de petits moulins. Je suis à la disposition de ces derniers pour les renseigner et les conseillers gracieusement dans leurs
projets.
Les moulins, un patrimoine en danger! La production d’électricité est une des pistes qui peut contribuer d’une manière significative à la sauvegarde de ce précieux patrimoine.
Michel PIERRE – Article paru dans le Monde des Moulins – N°4 – avril 2003
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