Italie : Des moulins en Sicile, au printemps 2017

Les vents de l’amitié m’ont emportée sur un voilier vers la côte ouest de la Sicile. À trop regarder les détails du bâti, situé en bord de mer, je finis par distinguer, tel un mirage, une silhouette de moulin à vent ; trois seraient encore en état de fonctionnement, précise Le Routard ; mais c’est une multitude de tonnelles fatiguées qui veillent sur les salines d’Ettore, au nord de Marsala. Je pêche vite quelques renseignements avant que le soleil plonge : certains géraient l’eau des parcs, d’autres broyaient le sel ; ma boite à photos cristallise un tas de sel emmitouflé dans sa couverture de tuiles, l’eau rose parsemée de fleurs, des résistants narcissiques flanqués d’un bateau et d’un reflet, images inhabituelles vite englouties par la nuit qui tombe.
Heureusement, le jour se lève pour nous offrir une balade dans le passé, à Ségeste, entre Trapani et Palerme ; nous flânons dans un site grandiose où des plantes aux noms mystérieux colorent le minéral, où des pierres nous parlent d’un temple dorique inachevé, de 500 ans av. JC, d’un théâtre de 4000 places de 300 av. JC, d’une cité fondée par les Elymes, avant les Carthaginois, les Grecs, les Romains, les Vandales, les tremblements de terre, les guerres ; des murs subsistent : est-ce celui de la première mosquée de Sicile du XIIe siècle ? Est-ce celui du château édifié par un seigneur chrétien du XIIIe siècle ? Est-ce celui qui entourait la ville ? Mais que raconte cette meule emprisonnée dans ces ruines endormies ? De quand date-t-elle ?

Voilà encore un voyage qui ajoute des questions à notre savoir accumulé et qui saura alimenter les conversations de réponses possibles.

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