Un déplacement dans les Pyrénées-Orientales fut l’occasion de découvrir des moulins à eau nichés au fond de vallées escarpées, moulins parfois restaurés, mais souvent en attente de valorisation. Ce fut l’occasion de rencontrer quelques passionnés du patrimoine qui consacrent une partie de leur temps à la promotion des moulins, tels que Pierre Mené, notre fidèle adhérent et correspondant dans ce département, l’Association Garrotxes-Conflent et le moulin foulon d’ Ayguatébia, la commune de Sansa, propriétaire du Moulin d’el Magre, les propriétaires du Moulin d’En Menoune…« El Moli d’En Menoune », commune de Serdinya-Joncet (Pierre Mené)
« Deux étages d’habitation, un rez-de-chaussée qui comporte toute la « machinerie » avec ses cinq [paires de] meules en granit. Certaines pourraient reprendre du service mais les autres, usées par les frottements, servent ici de « toiles de fond » et forment une partie du dallage. Le canal d’alimentation du moulin prend l’eau à la « rasclause1 » de Joncet. Une chute jusqu’au pied du moulin amène une pression de l’eau qui actionnait les godets en bec de flûte de la roue. Le trop-plein partait par un déversoir.
Cependant, l’ennemi de son environnement paysager est certainement ce vilain pont qui semble écraser le moulin de toute sa masse. Servitude oblige, dès le début du siècle, il
a permis d’enjamber le ravin de Bail Marsane et de désenclaver ainsi la Cerdane et le
Capcir.
Ce terme d’ « En Menoune » vient du fait que, dans le passé, toutes les personnes avaient un surnom, un sobriquet ou un pseudonyme. Or, ce surnom « Menoune » était donné à la famille Baills que l’on retrouve dans les registres de l’état civil. On peut suivre les descendances dans la corporation des meuniers jusqu’en 1922 où Thérèse Baills est la dernière à être concessionnaire ou permissionnaire du moulin, dont l’usine hydraulique avait une puissance de chute de 10 Kw. Elle restera propriétaire du Moulin d’En Menoune jusqu’en 1922.». (Pierre Mené)
Le Moulin d’El Magre, commune de Sansa
Propriété de la commune, il fut réhabilité en 2011 (voir MDM 39). Après la remise en état de la charpente et des murs, il est désormais sauvé et ouvert à la visite sur un sentier de randonnée. Il est toujours en projet de remise en fonctionnement. Nous avons eu le plaisir d’être accueillis sur le site par un passionné des moulins.
Le Moulin de Sansa a une typologie de construction appelée couramment pyrénéenne, caractérisée par l’absence, ou presque, d’écluse ou de chaussée pour le captage des eaux de la rivière vers le canal d’amenée, ainsi que par l’absence de réservoir, en raison de la disponibilité de l’eau en ce milieu montagnard. Le canal d’amenée, creusé dans le sol, achemine les eaux jusqu’à quelques mètres du moulin. Là, elles passent dans un canal en bois, un tronc évidé, disposé avec une inclinaison de 30 à 40° environ. Les eaux tombent directement sur les deux rouets horizontaux, sur lesquels s’exerce leur force, perpendiculairement à l’arbre de rotation ou arbre.
Le Moulin foulon d’Ayguatébia
La réhabilitation de ce moulin drapier, au cœur d’un lieu magique, mérite le détour. C’est la persévérance d’un groupe de passionnés qui a permis la restauration du site en 2001. L’association Garrotxes-Conflent, adhérente à la FDMF, le gère avec assiduité. Nous avons eu le plaisir d’être reçus par des membres de l’association et de découvrir, in situ, cet étonnant ouvrage. Les écouter nous conter cette aventure fut un fort moment. Une rencontre que l’on n’oubliera pas…
L’article page 12 de ce même numéro 72 du Monde Des Moulins nous permet de découvrir ce moulin et son histoire.
1. Rasclause : resclosa en catalan, détournement de la rivière pour alimenter en eau un canal
Alain Eyquem
Paru dans le Monde des Moulins n°72 d’avril 2020
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