Le 17 mars 2018, une conférence-rencontre organisée par l’Association Arts Terre à Villars-les-Bois (Charente Maritime) a rassemblé quelques soixante-dix auditeurs : élus locaux, amis des moulins, agriculteurs, boulangers et de nombreux amateurs de patrimoine local et d’histoire des moulins et des minoteries, des céréales anciennes et de la fabrication de la farine à pain.
Une longue intervention, très fournie et riche en terminologie technique, agrémentée d’un diaporama, a été assurée par Alain Mazeau (Fédération des Moulins de France – FDMF). Cet ancien meunier-minotier et boulanger à Saint-Méard-de-Drône (Dordogne) a captivé l’assistance, avec parfois beaucoup d’humour, en abordant tous les procédés pour écraser le grain : des mâchoires humaines aux firmes industrielles, en passant par les moulins à sang, à eau, à vent, puis les minoteries qui ont progressivement dominé. Ce fut un voyage passionnant dans l’histoire technique de la mouture du blé et par là-même de l’homme, de la préhistoire à nos jours.
Une vidéo réalisée par le Journal virtuel Le Boutillon a ensuite présenté un moulin à eau proche, le Grand Moulin d’Aujac (Charente-Maritime) ; son propriétaire, Jacques Vol, descendant de meuniers, en a expliqué la longue restauration, du bâti de l’« usine » aux mécanismes, en passant par la roue et la meule de pierre, et son fonctionnement dans un écosystème particulier.
Puis Cédric Baron, agriculteur à Fontaine-Chalandray (Charente-Maritime), a présenté son expérience de culture biologique et de préservation des variétés anciennes de blé, en insistant sur leurs qualités nutritives et boulangères.
Un débat a suivi, avec la participation de madame et monsieur Graslin, boulangers à Saint-Hilaire-de-Villefranche (Charente-Maritime), qui se fournissent en farine biologique auprès du groupement de meuniers : Petits Moulins de France.
Ces différentes interventions ont donné à comprendre l’évolution de la meunerie et de la qualité des farines qui, avec l’industrialisation-standardisation des cultures et les marchés de la panification, perdent de leurs qualités nutritives et connaissent un excès de gluten.
Le mot de la fin est revenu à Madame Chantal Bégaud, présidente d’Arts Terre :
« Pour faire un bon pain, il faut un bon terroir, de bonnes céréales, et les savoir-faire du paysan, du meunier et du boulanger. »
Les photographies de Marcelle Pannetier (Association ADAM 17) ont, elles, apporté une vision artistique des moulins et de leur environnement, prolongeant des échanges passionnés, souvent émaillés d’histoires personnelles.
Cette rencontre aux regards croisés est appelée à se renouveler, pour continuer à transmettre un patrimoine unique valorisé par un nombre croissant d’acteurs, et pour défendre des modes de production et de consommation favorables à une bonne santé humaine.
Jacques Vol
Article paru dans le Monde des Moulins – N°67 – janvier 2019
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