César François Cassini de Thury (1714- 1784) élabora la carte de France (appelée carte de Cassini) où notamment, sur les cours d’eau, il répertoria toutes les usines fonctionnant à la force motrice de l’eau.
Vingt cinq ans plus tard, en 1809, il a été recensé 82 300 moulins à eau et à blé, non compris dans ce chiffre, les forges, les filatures, les scieries, les papeteries, les moulins à huile. (Archives Nationales F 20-560). Ce qui laisse supposer un total minimum de 100 000 biefs.
Dans l’ouvrage “Mise au point passes à poissons”, édité par le Conseil Supérieur de la Pêche, le chapitre, “Les obstacles à la circulation : principal facteur historique de la régression des espèces migratrices” montre, sur les cartes de France, l’évolution au fil des siècles du nombre de rivières fréquentées par les saumons atlantiques qui cohabitaient de ce fait avec un minimum de 100 000 biefs en activité.
Fin du XXème siècle, toutes ces rivières sont absentes exceptés la Loire et quelques petits cours d’eau bordant l’Atlantique.
Sachant qu’il reste de nos jours 3 500 usines (3,5 %) tournant encore avec la force motrice de l’eau, y compris dans ce chiffre 1 700 micro centrales (1,7 %), peut-on vraiment incriminer ces dernières si les cours d’eau ne sont plus fréquentés par les saumons atlantiques ?
Qui osera, en son âme et conscience, prouver le contraire ? Nous attendons la réponse.
Il faut savoir aussi qu’à ces époques on tournait sans débit réservé, sans échelle à poissons et sur certains ruisseaux, par éclusées. Et pourtant, il y avait indéniablement du poisson.
Une question : l’eau d’aujourd’hui a-t-elle la qualité de celle des cours d’eau d’autrefois ?
Michel Ussel – Article paru dans le Monde des Moulins – N°9 – juillet 2004
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