Le site des Moulins de France
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Une centaine de participants se sont réunis à Saint- Brieuc pour le voyage annuel de la FDMF. La Bretagne a été choisie afin de pouvoir admirer quelques moulins à marée, qui sont typiques de cette région aux côtes très découpées. On y trouve actuellement les seuls moulins à marée complètement restaurés en France, mais un autre viendra bientôt s’ajouter à ceux-ci, dans la Charente Maritime. Ce type de moulin utilise l’eau de la marée haute stockée derrière une digue, et utilisée à marée basse. Ces moulins peuvent être implantés dans une crique isolée du bord de mer comme à Bréhat ou à l’intérieur d’estuaires comme la Rance. Certains avaient une double alimentation en eau : l’eau de la marée, mais aussi celle d’un ruisseau qui se jette dans l’étang du moulin comme à la Vicomté-sur- Rance. Les vannes sont en général particulières, de type clapet, articulées sur des gonds. Elles s’ouvrent automatiquement sous la poussée de la marée montante, et se ferment quand la marée descend, ce qui libère le meunier de toute manoeuvre.

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Moulin du Palacret – photo S.Mary

La première visite s’est faite au moulin à vent de Craca à Plouézec, sur la route de Saint-Brieuc à Paimpol. Nous sommes passés devant le moulin tour de Saint- Quay-Portrieux, dont les ailes ont été refaites à neuf cet été. Le moulin de Craca se trouve le long du sentier des douaniers qui surplombe la baie de Paimpol d’où on peut apercevoir l’île de Bréhat. C’est un moulin de 1844 de type petit-pied (aussi appelé taille de guêpe), car le rez-de-chaussée est d’un diamètre inférieur à celui de l’étage. Arrêté en 1927, il a été racheté en 1993 par la commune. Il ne restait plus que la tour en partie écroulée et la paire de meules. Les travaux de restauration réalisés par Jean Peillet (qui a aussi restauré le moulin de Saint-Quay-Portrieux) ont pu commencer en 1995 et s’achever un an plus tard. C’est un moulin déjà de belle taille, car on trouve souvent des moulins petit-pied avec seulement un
étage, alors que celui-ci en possède deux. La paire de meules est placée au deuxième étage, la bluterie au premier. Chose curieuse, l’architecte en charge de la restauration, craignant qu’un plancher en bois ne soit pas assez solide, a imposé des planchers en béton, cachés par du bois. Ce moulin est géré par une association.
Après cette visite, le groupe a embarqué pour l’île de Bréhat où se trouve le moulin à marée de Birlot. Le climat permet de faire pousser en pleine terre lauriers roses, palmiers, mimosas, agapanthes et bien sûr les énormes
hortensias traditionnels. Cette splendide végétation, jointe au soleil, nous aurait presque fait oublier le moulin. Après dix minutes de marche, on l’a découvert construit en granit, de même que la digue. Acheté par la commune en 1990 à l’état de ruine, il a été inauguré en 2000. C’est un petit moulin presque carré, d’environ 8m de côté, couvert d’une toiture en chaume à 4 pans, avec une roue extérieure sur le pignon sud. Comme les hautes marées submergent complètement la digue, le plancher des meules est plus haut que celle-ci, et l’on y accède par un escalier monumental d’une dizaine de marches. La roue de 4m50 de diamètre et 64cm de large actionne une seule paire de meules, par un rouet et un pignon lanterne tout en bois. L’horaire de la marée nous a permis de la voir tourner. Au cours de la balade sur l’île, on est passé devant une des deux anciennes tours de moulins à vent de type petit pied. Les plus courageux sont allés jusqu’à la deuxième tour…
Revenus sur le continent, nous nous sommes dirigés vers la vallée du Jaudy jusqu’à Saint-Laurent où le maire nous a accueillis au moulin du Palacret qui vient d’être acquis par la commune. Ce moulin, est un exemple très rare de moulin à teiller le lin, autrefois courant dans les Côtes-du-Nord. D’architecture très simple et très aéré en raison des risques d’incendie, il effectuait les deux dernières opérations de préparation de la fibre de lin avant le tissage : le broyage des fibres non textiles et le teillage pour séparer les fibres textiles des autres fibres inutiles. On y trouve une broyeuse et deux types de moulins à teiller : le classique moulin flamand où le lin est traité manuellement sur la machine, et la machine moderne à turbine où le lin circule et est traité automatiquement. La filasse utilisée pour le textile ne représente que 20 à 30 % du poids du lin brut. Le moulin est complété d’une scierie. Les machines ont été conservées grâce au dernier propriétaire qui avait refusé les primes pour casser le matériel à l’arrêt de la production. Bien que nécessitant de gros travaux, on ne peut qu’encourager la commune
à sauver de la destruction ce témoignage très rare d’une activité autrefois florissante, tout en voulant ouvrir le site à la création contemporaine.
Le dîner eut lieu au Char à Bancs, moulin de la ville Geffroy à Plélo, devenu ferme-auberge à l’atmosphère pleine de charme. Le propriétaire, Mr Lamour, nous fît admirer le site, présentant la passe à poisson qu’il a construite lui-même pour un faible coût et la turbine Offberger qui produit le courant électrique du moulin. Bien que celui-ci ne possède plus que quelques pièces de mécanismes en place, on a trouvé en flânant tout autour d’assez nombreuses pièces de transmission, anciennes turbines et meules. Nous remercions ici chaleureusement notre hôte.

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Moulin de Craca – photo S.Mary

Le dimanche a été consacré aux moulins à marée de la Rance, avec d’abord une visite de la ville de Dinan, cité médiévale puis de la Maison de la Rance qui présente l’ensemble de l’écosystème du fleuve et des activités humaines qui y sont liées, notamment les 14 moulins qui existaient sur les rives de l’estuaire. La visite du moulin à marée du Prat, à la Vicomté-sur- Rance a suivi. La marée haute ne nous a pas permis de le voir fonctionner.
Plus important que celui de Bréhat, il possédait deux roues, et sur la rive se trouvait la maison du meunier avec écurie et soue à cochons. Ce moulin du XVème siècle, propriété de la commune est géré par une association. Arrêté vers 1930, il ne restait plus que des murs qui s’écroulaient. Acheté en 1994, il fallut d’abord restaurer la digue et dégager la cave du moulin où se trouvaient roue et transmissions dans plusieurs tonnes de vase. La digue fut achevée en 1996, et le moulin inauguré en juin 2002. Seule la roue intérieure qui a été reconstruite, actionne une paire de meule comme à Bréhat. Une belle collection d’outils liés aux moulins et aux céréales est présentée, notamment le traditionnel petit moulin manuel à sarrasin tout en bois et le gros moulin manuel fait à partir d’un tronc de bois où les rayons de la meule sont remplacés par des lamelles de fer fichées de chant. Une excellente vidéo montre la restauration du moulin.

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Moulin à sarrasin au moulin du Prat – photo S.Mary

Que Mr le Maire, qui nous a accueillis, soit félicité pour cette réalisation. L’usine de la Rance, construite de 1961 à 1966 est un moulin à marée moderne. Equipée de 24 groupes bulbes de 10 MW chacun, elle peut fonctionner dans les deux sens de la marée quand le coefficient est suffisant. Quand les marées sont propices, elle peut marcher 20 heures sur 24. Elle produit chaque année 600 millions de KWh, pour la consommation d’une ville de 330 000 habitants et couvre les besoins de 3 % de la Bretagne.
La journée s’est achevée par la visite du moulin à vent de Buglais à Lancieux. Arrêté en 1947, il fonctionnait alors avec un moteur à gaz pauvre. Acheté par la commune en 1973, il était encore en assez bon état.. Ce moulin tour, lui aussi restauré par Jean Peillet, est plus important que celui de Craca. Le rez-de-chaussée contient la bluterie et les transmissions aux meules par-dessous, le premier étage les deux paires de meules et le second étage le rouet et la lanterne. Ce dernier est remarquable par sa faible hauteur : il faut se déplacer plié en deux.
Chose peu courante, une meule présentée verticale, est formée de carreaux de meulière très petits et très nombreux : plus de 50 !
Tout le monde s’est séparé en exprimant sa satisfaction, remerciant en particulier Eric Drouart, Président de l’Association de Sauvegarde des Moulins de Bretagne, qui avait préparé ce voyage.

Stéphane et Solange Mary – Article paru dans le Monde des Moulins – N°7 – janvier 2004


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